Report des élections / Révision constitutionnelle au Togo: Des responsables de l’opposition et de la société civile vent debout contre le texte

Mme Brigitte Adjamagbo Johnson

« On reporte à nouveau les élections à une date qu’on ne connaît pas. Vous ne trouvez pas que ça fait quand même bizarre dans le camp de ceux qui nous gouvernent ? C’est quelque chose d’inacceptable », condamne Me Paul Dodji Apevon à la tête des Forces démocratiques de la République (FDR, opposition) interrogé jeudi matin sur Rfi.

« Cette fois-ci, ce coup d’Etat constitutionnel ne passera pas », renchérit Nathaniel Olympio, président du Parti des Togolais, joint au téléphone par l’Agence Savoir News.

Des responsables de l’opposition et de la société civile n’entendent pas baisser les bras, face à la révision constitutionnelle.

Le 25 mars, les députés togolais ont adopté une nouvelle constitution qui fait basculer le Togo dans un régime parlementaire, donnant plein pouvoir au Parlement d’élire désormais le président de la République. Sur les 91 députés, 89 ont approuvé ce texte. Un seul l’a rejeté et une abstention enregistrée.

Selon la nouvelle constitution, « le président de la République est élu sans débat par le Parlement réuni en congrès pour un mandat unique de 6 ans ».

La nouvelle constitution prévoit aussi un poste de « président du conseil des ministres ». Ce dernier est « le chef du parti ou le chef de file de la coalition de partis majoritaire à l’issue des élections législatives. Le président du conseil des ministres est désigné pour un mandat de 6 ans.

Vendredi dernier, le chef de l’Etat togolais Faure Gnassingbé a demandé à l’Assemblée nationale de procéder à deuxième lecture du texte. Ainsi, mercredi, le gouvernement a reporté ces élections pour permettre au bureau de l’Assemblée nationale de « disposer de quelques jours pour engager de larges consultations avec toutes les parties prenantes de la vie nationale ».

« Le Président de la République, attentif à l’intérêt manifesté par les populations à l’endroit de cette importante réforme, et dans un esprit d’ouverture et de dialogue constructif, a encouragé les députés à rester à l’écoute de tous les acteurs concernés, en vue de tenir compte de toutes les contributions tendant à enrichir notre Constitution », indique un communiqué de la présidence togolaise.

« On reprogramme à nouveau les élections qu’on a reporté la veille de l’ouverture de la campagne électorale. Ce qui est un signe de mépris pour les candidats qui se sont préparés et qui ont engagé des frais énormes. En fait, c’est une fuite en avant », a critiqué Mme Brigitte Adjamagbo-Johnson, coordinatrice de la Dynamique pour la majorité du peuple (DMP, regroupement de partis de l’opposition et de la société civile).

Pour un autre groupe de partis politiques et de la société civile dont l’Alliance nationale pour le changement (ANC), « il n’est pas possible de suspendre la campagne électorale et de reporter les élections, le corps électoral ayant été convoqué par un décret ».

Ils demandent aux candidats de « poursuivre la campagne électorale » et appellent les populations à une « grande manifestation les 11, 12 et 13 avril ».

Ce jeudi, Gilbert Bawara, cadre de l’Union pour la République (UNIR, parti au pouvoir) et ministre de la fonction publique, est intervenu sur Radio Victoire Fm et Rfi où il a donné des précisions sur le report de ces élections et la révision constitutionnelle. FIN

Junior AUREL