Agri-Environnement-Santé : « Pour quelques bananes de plus, le scandale du chlordécone », documentaire projeté jeudi à Lomé

Vue partielle de l'assistance, lors de la projection du documentaire à Lomé

La 17ème édition de +films alimenterre+, l’une des composantes de la +Campagne Alimenterre+, a démarré jeudi soir à Lomé à travers la projection du documentaire intitulée « Pour quelques bananes de plus, le scandale du chlordécone », suivie de débats et de dégustation de pains et de mets locaux.

Ce documentaire de 53 mn projeté pour la première fois en 2019, a été réalisé par Bernard Crutzen. La pollution au chlordécone, insecticide utilisé dans la production de bananes aux Antilles, est rendue accessible par ce documentaire.

Le +Festival Alimeterre+ est une initiative de l’Ong OADEL (Organisation pour l’Alimentation et le Développement Local) en collaboration avec INADES-Formation sous l’appui du Comité Français de Solidarité Internationale (CFSI) et Pain pour le Monde.

Elle vise à promouvoir les mets locaux et soutenir l’agriculture familiale togolaise.

Le Festival de +films alimenterre+ est une série de projections-débats, événement organisé chaque année par OADEL, afin d’éduquer la population et d’éveiller sa conscience sur les enjeux alimentaires.

Le film projeté met l’accent sur une substance dénommée +chlordécone+ qui est chimique et dangereuse pour l’organisme. Aux Antilles, tout le monde connaît cette substance, car 9 personnes sur 10 l’ont dans le sang. C’est un perturbateur endocrinien qui fait de la Martinique la championne du monde des cancers de la prostate. A cause de lui, le nombre de prématurés ne cesse d’augmenter.

Il a contaminé un tiers des terres agricoles, les tubercules, la viande, les œufs. Il a pollué les sources et les rivières, touché les poissons et les fruits de mer. Inventé en Amérique, on a perdu sa trace en Europe et personne ne semble pressé de la retrouver. C’est un pesticide toxique et persistant dont on ne se débarrassera pas avant plusieurs siècles. Ainsi, pour quelques bananes de plus, il a tout contaminé… jusqu’à la politique.

Eveiller la conscience

« A travers ce film, nous voulons éveiller la conscience des uns et des autres, des différents acteurs (producteurs, transformateurs, consommateurs, commerçants) sur les dangers liés à l’utilisation de certaines substances que nous qualifions de +pesticides+. L’aspect que nous voulons toucher à travers cette projection, c’est de promouvoir aujourd’hui l’agriculture biologique, l’utilisation des substances organiques ou des pesticides biologiques », a expliqué Jacques Assih (Chargé de programmes éducation à la nutrition et au droit à l’alimentation de OADEL).

Vue partielle de l’assistance, lors de la projection du documentaire…..

« Nous voulons interpeller les uns et les autres sur ce que nous mangeons, savoir quoi utiliser. Nous devons manger pour vivre et non pour tomber malade et se retrouver dans un lit d’hôpital », a-t-il souligné.

Ce chlordécone a été utilisé dans les Antilles françaises, car autorisé de façon légale au vu et au su de tout le monde. Cette projection de film, qui a ému la centaine de participants, a été suivie d’un long débat.

« Le pesticide dont on nous à parler à travers cette projection de film est une molécule spécifique dénommée +Chlordécone+ qui a été interdite dans le monde en 2019.  Mais, le Togo a interdit ce produit depuis 2004 et pas seulement ce produit mais aussi la famille de ce produit (les organochlorés). Aujourd’hui, le travail se fait pour que ce produit ne se retrouve pas chez nous. Le danger lié aux pesticides est une affaire pour nous tous. Personne n’est épargné : le consommateur, le producteur, les services d’encadrement, l’environnement etc…. Il faut que les producteurs prennent la bonne décision, qu’ils utilisent les produits qui sont homologués dans les normes prescrites afin de sauver beaucoup de vies », a conseillé Etonam Kokou Nyaku (Chef session phyto-pharmacien à la Direction des végétaux).

Rappelons que le +Festival Alimenterre+ est un événement organisé chaque année par le CFSI et relayé au Togo par l’OADEL, pour réfléchir et mettre les mots sur les enjeux agricoles et alimentaires dans le monde, autour du thème : « Notre avenir se joue dans nos assiettes ». FIN

Bernadette AYIBE/Rédaction