Togo: La crise du coronavirus met l’économie sous tension (Banque mondiale)

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La crise du coronavirus a mis l’économie togolaise «sous tension», selon la conclusion de la première édition du rapport sur la situation économique au Togo publiée ce mardi par la Banque mondiale.

La crise provoquée par la pandémie mondiale de coronavirus a eu des répercussions importantes sur l’économie togolaise et pourrait faire baisser la croissance de 5,3 % en 2019 à 1 % en 2020.

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Au début de la crise sanitaire provoquée par la pandémie de coronavirus (COVID-19), le grand boulevard de Deckon à Lomé a perdu de sa superbe. Ce quartier d’affaires de la capitale a chèrement payé le couvre-feu instauré quelque temps par le gouvernement pour lutter contre la propagation du virus. Dès 19 heures, bars, maquis, magasins et supermarchés baissaient leur rideau, donnant des allures d’artère fantôme à ce coin traditionnellement connu pour ses soirées animées.

« D’habitude, nous faisions l’essentiel de notre chiffre d’affaires le soir et la nuit », confie Marc, gérant d’un maquis sur le boulevard. « Le couvre-feu a donc créé donc un manque à gagner énorme ».

Des tendances à la baisse

Les commerçants ne sont pas les seuls affectés par cette situation. Toute l’économie togolaise est paralysée, comme l’atteste le premier rapport de la Banque mondiale sur la situation économique du Togo publié aujourd’hui.

Intitulé « Dynamiser l’investissement privé pour plus de croissance et d’emplois », le rapport revoit à la baisse les projections de croissance du Togo en 2020, du fait de l’impact de la COVID-19.

« On constate une baisse de la production et des ventes dans de nombreux secteurs, en particulier ceux dans lesquels le travail à distance n’est pas possible, comme la fabrication, le commerce de détail, la construction et le tourisme », a souligné Urbain Thierry Yogo (économiste principal de la Banque mondiale pour le Togo et coauteur du rapport).

« Environ 62 % des emplois sont touchés, 49 % dans le secteur des services et 13 % dans le secteur industriel. Le nombre d’employés dans les espaces de vente au détail et de loisirs a diminué de 30 % et la présence au travail a diminué de 12 % par rapport aux niveaux antérieurs à la pandémie de Covid-19 », a-t-il ajouté.

Les petites et moyennes entreprises ont été particulièrement touchées. Selon le rapport, elles sont 41 % dans le secteur agricole et agro-industriel à avoir enregistré une baisse de leurs ventes de l’ordre de 75 à 100 %. De même que 33 % des entreprises du secteur du tourisme, 36 % de la branche fabrication et 35 % des entreprises de transport et logistique.

« L’analyse de l’impact de la pandémie de COVID-19 sur l’économie togolaise repose sur deux scénarios : un scénario optimiste de courte durée de la crise sanitaire et un scénario alternatif, plus probable, dans lequel la crise s’étendrait au-delà de neuf mois. La croissance en 2020 pourrait alors chuter à 1 % dans le meilleur des cas et le déficit budgétaire se situerait à 5,7 % du PIB », a expliqué M. Yogo.

Le rapport préconise au gouvernement d’apporter un soutien budgétaire de grande ampleur aux ménages les plus vulnérables et aux entreprises afin de stimuler la relance économique.

Booster l’investissement privé et accélérer les réformes

Le développement du secteur privé est entravé principalement par une fiscalité élevée et des difficultés d’accès au financement. De nombreuses entreprises togolaises considèrent le poids de la fiscalité comme un frein au développement du secteur privé. Cette perception reflète une forte concentration des recettes sur un faible nombre d’instruments fiscaux et sur un nombre limité de contribuables. Malgré la montée en flèche au cours des années récentes du recours à l’emprunt bancaire pour financer les investissements, 51,3 % des entreprises finançaient toujours leurs investissements sur fonds propres en 2018.

Le rapport recommande d’accélérer les mesures destinées à accroître l’investissement privé et à lever les obstacles au développement du secteur privé. D’autant que le plan national de développement mise sur une augmentation annuelle de l’investissement privé de l’ordre de 17 % entre 2018 et 2022 alors qu’il n’a augmenté que de 11 % par an entre 2010 et 2018.

Il est également essentiel de poursuivre les efforts d’amélioration de la qualité des infrastructures et des services dans les secteurs de l’énergie et des télécommunications.

Le potentiel de l’économie numérique sous-exploité

Le rapport consacre un chapitre spécial à l’enjeu de l’économie numérique au Togo. Le pays possède une population urbaine jeune (60 % de la population a moins de 25 ans) qui a de plus en plus recours aux nouvelles technologies, avec un taux d’adoption mobile de 36,8 % et un écosystème d’innovation naissant. Mais le potentiel économique du numérique est sous-exploité alors qu’il pourrait contribuer à dynamiser le secteur privé et booster la croissance économique du Togo.

Pour tirer pleinement parti du potentiel de l’économie numérique, le rapport propose un ensemble de mesures : (i) renforcer la formation à l’entreprenariat et l’accompagnement des startups, (ii) créer des marchés pour les entrepreneurs du numérique, (iii) faciliter l’expansion des entreprises du numérique en Afrique de l’Ouest, (iv) combler l’écart de financement de prédémarrage pour les startups numériques, (v) poursuivre les réformes politiques et réglementaires et (vi) développer les infrastructures et les plateformes numériques indispensables à la réduction du coût d’accès dans le secteur.

Selon Mme Hawa Cissé Wagué (représentante résidente de la Banque mondiale pour le Togo), «le gouvernement et le secteur privé peuvent servir de catalyseurs à la croissance des entreprises numériques et faciliter le développement d’une économie togolaise plus compétitive et plus prospère».

Avec 189 États membres, des collaborateurs issus de plus de 170 pays et plus de 130 antennes à travers le monde, le Groupe de la Banque mondiale est un partenariat sans équivalent : cinq institutions œuvrant de concert à la recherche de solutions durables pour réduire la pauvreté et favoriser le partage de la prospérité dans les pays en développement. FIN

Savoir News avec la Banque mondiale