Togo/Agriculture: Très faible financement bancaire, le MIFA ne baisse pas les bras

Aristide Agbossoumonde

Malgré son importance dans le tissu économique et les multiples actions menées par le gouvernement, le secteur agricole est fortement sous-financé par les banques.

En 2019, seulement 0,2% du total des crédits bancaires a été accordé à ce secteur. Et pourtant, le secteur agricole emploie 38% de la population active et contribue à 23% à la richesse totale créée dans le pays.

« L’effort fait par les banques, demeure toujours insuffisant, par rapport aux besoins énormes du secteur agricole. On évoque toujours les problèmes de garantie et d’informations », a souligné Kossi Tenou (Directeur national de la BCEAO).

Une rencontre initiée récemment par les ministères de l’agriculture et de l’économie et des finances, a permis de déblayer le terrain.

«Je crois que cette réunion a été importante pour informer les banques de toutes les dispositions qui sont prises par l’État pour garantir le financement bancaire au secteur agricole. Il y a un certain nombre de mesures qui sont prises par le MIFA (Mécanisme incitatif de financement agricole) et l’État », a-t-il souligné.

Des efforts depuis la mise en place du MIFA SA

Des efforts considérables ont été enregistrés depuis la mise en place de Mécanisme Incitatif de Financement Agricole (MIFA S.A.).

Selon les chiffres, les crédits accordés au secteur agricole ont représenté 4,6% du total des prêts mis en place par les banques en 2019.

Résultats encourageant, mais  cela demeure très insuffisant par rapport aux besoins de financement du secteur agricole.

« En 2019, nous avons réussi du niveau du MIFA à faciliter le financement du secteur à hauteur de 8 milliards de F.CFA. Mais pour cette année 2020, les ambitions sont grandes. Notre objectif, c’est d’atteindre un financement de 50 milliards de F.CFA. A ce jour, nous avons un portefeuille qui s’élève à 26 milliards de F.CFA », a indiqué Aristide Agbossoumonde (Directeur général/MIFA SA).

« Le MIFA même est une garantie, puis que nous travaillons déjà sur un certain nombre de contraintes que ces banques rencontrent dans ce secteur agricole. Les banques ont parlé de non-professionnalisation des producteurs. Le MIFA travaille sur le terrain pour organiser ces producteurs en coopératives, leur donne des formations et les assiste au respect des itinéraires techniques. Donc, c’est une réponse précise à ces préoccupations», a-t-il précisé.

Les banques ont soulevé d’autres contraintes liées à une méconnaissance du secteur agricole et ont sollicité une formation au profit de leur personnel pour une meilleure connaissance de ce secteur.

« Le MIFA apporte également une assistance technique aux banques, puisque nous travaillons avec elles dans l’évaluation et l’analyse des dossiers et dans le suivi pour qu’elles aient l’expérience », a ajouté M.Agbossoumonde.

15 milliards de F.CFA pour le plan de riposte d’urgence du secteur agricole

Face la pandémie liée au coronavirus, le gouvernement a mis en place un plan de riposte d’urgence du secteur agricole.

Pour ce plan, a dévoilé Directeur général/MIFA SA, il faut mobiliser 15 milliards de F.CFA.

« Les échanges avec les banques ont permis d’avoir leurs observations et leurs commentaires qui nous permettront de mettre en place, un certain nombre de dispositifs pour financer ce plan de riposte », s’est-il réjoui.

« En finançant ce plan, nous assurons la sécurité alimentaire, nous assurons le financement d’un certain nombre de cultures de rente comme le coton et le soja qui auront une incidence sur l’économie nationale », a-t-il souligné.

En rappel, le MIFA a été lancé en juin 2018 par le chef de l’État togolais Faure Gnassingbé. À travers ce Mécanisme, le gouvernement togolais entend accroître les prêts bancaires de 5% aux producteurs agricoles et réduire le taux d’intérêts des crédits de 15%  à 7,5% à l’horizon 2027.

Ce mécanisme révolutionnaire de financement du secteur agricole fondé sur le partage de risques a reçu l’adhésion des partenaires techniques et financiers qui se sont engagés à le soutenir dans sa mise en œuvre. FIN

Edem Etonam EKUE