Tata Yawo AMETOENYENOU: « Si le secteur de la transformation agroalimentaire est soutenue véritablement, le Togo peut aller de l’avant en dépendant moins des produits importés, souvent bas de gamme »

Lomé et les villes de l’intérieur du pays ont vibré en octobre dernier au rythme de la 4eme édition du Festival de films « ALIMENTERRE. Ensuite les deux premières semaines du mois de novembre ont été, marqués par la 3ème Foire ALIMENTERRE. Tous ces évènements sont des initiatives de l’ONG OADEL (Organisation d’Appui à la Démocratie et au Développement Local). Pourquoi un Festival de Films ALIMENTERRE et une Foire ALIMENTERRE? L’Agence Savoir News s’est rapprochée Tata Yawo AMETOENYENOU, le Coordinateur des Programmes de l’ONG OADEL.

Savoir News: Le 4eme Festival de films « ALIMENTERRE » s’est déroulé en octobre dernier dans plusieurs villes du pays, avec des projections de films. Pourquoi un Festival de films « ALIMENTERRE »?

Tata Yawo AMETOENYENOU:

On ne peut pas comprendre que dans un pays où 2/3 de la richesse nationale proviennent de l’agriculture, et où 70% de la population est agricole et vit du travail de la terre, que les paysans de ce pays soient des laissés pour compte et végètent dans la pauvreté alors que ce sont eux qui nourrissent la population. Si on veut faire du droit à l’alimentation et à la nutrition une réalité pour chaque togolais où qu’il se trouve, si l’on veut atteindre le premier objectif du millénaire pour le développement qui est de réduire de moitié en 2015, le nombre de personne souffrant de la faim et de la pauvreté, il est urgent d’interroger notre mode de production et de consommation alimentaire. C’est pour cela que nous organisons le festival de films ALIMENTERRE qui a pour objectifs :

 De donner les moyens au public de s’informer et se forger une opinion éclairée sur les enjeux économiques, politiques sociaux et environnementaux permettant un accès à une alimentation saine et suffisante pour tous:

 D’inciter à une réappropriation de la question alimentaire par les citoyens et redonner à l’alimentation sa juste valeur, en reconsidérant le travail des agriculteurs

 De proposer des pistes d’action concrètes individuelles et collectives, pour soutenir un système alimentaire plus équitable et plus respectueux de l’environnement.

Au final il s’agit de faire prendre conscience, dans le contexte togolais, qu’il faut privilégier la consommation des produits locaux.

Savoir News: Avez-vous vraiment le sentiment que les Togolais ont bien cerné le bien-fondé de ce Festival? Quelles leçons pouvez-vous retenir de cette 4e édition?

Tata Yawo AMETOENYENOU: Oui les Togolais comprennent le bien-fondé de ce Festival et participent aux débats en donnant leurs impressions et points de vue sur les thèmes abordés dans les films projetés et font des propositions par rapport à l’agriculture et l’alimentation togolaises pour que celles-ci permettent aux togolais de vaincre la pauvreté, surtout celle rurale. Et souvent les débats sont très vivants. Beaucoup pour ne pas dire tous, encouragent OADEL à étendre ses actions sur toute l’étendue du territoire notamment dans les campagnes. Ils soulèvent également la nécessité de traduire les films dans les langues locales pour permettre à un large public surtout en milieu rural de mieux cerner le message véhiculé. Il y a aussi la nécessité souvent évoquée de réaliser des films sur les réalités togolaises.

Cette année, il y a eu 16 projections de films dans 7 villages et 8 villes de 7 préfectures (Tône, Lacs, Vo, Yoto, Zio, Avé et Golfe) en plus de Lomé. Au total, 2 654 personnes ont assisté aux projections. Selon nos statistiques, 100% des spectateurs sont satisfaits des choix des films et 96% ont apprécié les séances de projections. 100% des participants ont plébiscité le buffet des produits locaux qui ont lieu à la fin des projections à Lomé. De plus, 92% des spectateurs ont déclaré que les séances ont accru leur motivation à agir en faveur de la consommation des produits locaux. Ces chiffres montrent à suffisance que le festival du film ALIMENTERRE est un bon outil d’éducation et cet événement doit se pérenniser et s’élargir.

Savoir News: Après ce Festival, un autre évènement aura lieu du 31 octobre au 11 novembre à LAVISTA PARK au bord du Lac de Bè: la 3ème Foire ALIMENTERRE. Quelle a été la particularité de cette édition?

Tata Yawo AMETOENYENOU: La particularité de cette troisième foire ALIMENTERRE, c’est d’abord le cadre. Tous les exposants et les visiteurs ont apprécié favorablement le cadre et ont été heureux de découvrir qu’un tel espace agréable existe à Bè. Ensuite il y a le nombre élevé des exposants, 25 en tout, comparativement à l’année dernière (13). Ces exposants sont venus des cinq régions du Togo. La grande particularité, c’est la présence de produits alimentaires nouveaux fabriqués par les Togolais: la farine de maïs en sachet, dépélliculée ou non, et fortifiée ou non avec des vitamines et sels minéraux. Il ya eu aussi les pains à base de farines de maïs et aussi à base de farine d’igname. Autant de produits qui montrent que si le secteur de la transformation agroalimentaire est soutenue véritablement, le Togo peut aller de l’avant en dépendant moins des produits importés, souvent bas de gamme.

Enfin soulignons la présence cette année, du Corps de la Paix. C’est leur première participation à la foire ALIMENTERRE et ils sont venus avec quatre groupements qui ont exposés des produits de leur terroir, qui d’ailleurs se sont bien vendus.

Nous ne pouvons pas ne pas finir sans parler du buffet 100% local qui a eu lieu à la veille de la clôture de la foire avec l’orchestre Sassamasso. Au total 360 personnes ont assisté à ce buffet et ont dégusté des plats gastronomiques et des boissons tous tirés de l’art culinaire traditionnel togolais. Nous donnons rendez-vous aux consommateurs pour 2013.

Savoir News: Avez-vous le sentiment d’avoir atteint les résultats escomptés?

Tata Yawo AMETOENYENOU: Oui bien sûr. Mais ce n’est pas seulement un sentiment. Vu le nombre de coup de fils que nous eu après la foire et des personnes qui sont passé au bureau de notre association pour acheter, demander des informations sur les produits, nous avons alors la conviction que nous sommes sur la bonne voie. Il y a même des gens qui souhaitent ouvrir eux-mêmes des dépôts de vente des produits locaux dans leur quartier. Pour nous c’est encourageant. Mais nous avons aussi conscience que tout n’est pas parfait dans l’organisation et nous nous engageons à apporter des améliorations pour les prochaines éditions. FIN

Propos recueillis par Junior AUREL

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