Acte 3 de la Rentrée diplomatique : La géopolitique et l’autonomie stratégique de l’Afrique au cœur des échanges

Robert Dussey, lors de son intervention...

La troisième édition de la « Rentrée Diplomatique », grand rendez-vous d’échanges et de partage avec le corps diplomatique togolais, s’est déroulée ce mercredi 3 septembre 2025 à Lomé, a constaté une journaliste de l’Agence Savoir News.

Cette rencontre, marquée par une conférence inaugurale animée par l’Honorable Abderaman Koulamallah, ancien ministre des affaires étrangères du Tchad, Sénateur et Président du Groupe Parlementaires « Les Refondateurs », a été axée sur le thème :  » Nouvelles rivalités géopolitiques et autonomie stratégique de l’Afrique ».

Vue partielle de l’assistance

Un parterre de diplomates, représentants des institutions et organisations internationales accréditées auprès de la République togolaise dont celles du Système des Nations Unies, maires, universitaires ainsi que des jeunes diplomates recrus du ministère des affaires étrangères, ont pris part à cette rencontre présidée par le Prof Robert Dussey, ministre des affaires étrangères, de l’intégration régionale et des togolais de l’extérieur.

Dans son intervention à l’ouverture de cette rentrée diplomatique, le ministre des affaires étrangères a déclaré que « L’Afrique qui continue d’être au cœur des convoitises et des rivalités internationales, doit elle aussi s’affirmer et s’autoproclamer comme un continent de l’avenir ». Elle doit garder le cap et s’armer de courage.

« Notre diplomatie continuera de porter la voix du Togo et celle de l’Afrique, de faire valoir et prévaloir les réalités togolaises et africaines sur la scène internationale », a-t-il précisé.

Selon lui, « l’engagement de la diplomatie togolaise est de toujours œuvrer pour les causes africaines et également défendre les intérêts africains ».

« Face aux bouleversements du monde en cours, l’Afrique doit se positionner en actrice qui compte pour elle-même et suivant ses propres intérêts d’où le choix de notre thème. Quand il s’agit de l’Afrique qui doit se prendre en charge, de l’Afrique qui doit s’affirmer, de l’Afrique qui doit s’autodéterminer, vous connaissez assez la position de la diplomatie togolaise. Le monde aujourd’hui, caractérisé par des bouleversements profonds et une résurgence des rivalités géopolitiques, oblige l’Afrique à se mettre en capacité d’interagir de façon autonome avec les différents acteurs », a souligné le chef de la diplomatie togolaise.

« Conscient de cet enjeu et travaillant au service d’une Afrique debout et définissant elle-même les termes de ses rapports avec le reste du monde et jouissant d’une autonomie d’action dans un environnement international de forte rivalité, la diplomatie togolaise a inscrit au rang de ses priorités, la question de l’autonomie stratégique de l’Afrique », a ajouté M.Dussey.

Dans son exposé, l’Honorable Abderaman Koulamallah a présenté sa vision globale de cette Afrique qui doit renaître et surtout lutter contre les freins à son développement.

« Ce qu’on peut retenir le plus c’est l’idée que j’ai lancé pour le pacte de Lomé qui est un pacte contraignant et qui permet aux pays africains de s’inscrire dans l’agenda 2063 et aussi dans le programme de la ZLECAF, qui devient un relai du pacte de Lomé et va regrouper presque tous les pays africains pour qu’il puisse mettre en place un cadre contraignant qui permet d’investir à partir du PIB des pays africains pour mettre en place des programmes très rapides en matière agricole, en matière de recherche avec l’intelligence artificielle adaptée à l’agriculture et aux recherches scientifiques afin que l’agenda 2063 de l’Union Africaine ne soit pas simplement un agenda protocolaire mais qu’on mette en place quelque chose de précis pour permettre à ce que le Togo devienne la plateforme pour lancer une économie intégrée à tous les pays africains », a-t-il confié.

Ce dernier a surtout mis l’accent sur les défis internes à l’Afrique surtout en matière de lutte contre la corruption, d’implication de la jeunesse, de lutte contre les enrichissements illicites, de l’organisation des élections et de la capacité d’écoute des populations africaines.

« Les conflits entre les pays africains ne permettent pas un développement régional rapide. Nous devons résoudre nos problèmes sur le continent. Il est vraiment un peu surprenant que ce soit les Etats Unis qui permettent d’engager un dialogue réel entre la RDC et le Rwanda. Ce geste doit revenir à l’Union Africaine, aux dirigeants africains parce que si nous ne réglons pas nos affaires sur notre continent, comment pouvons-nous faire une intégration africaine réelle ? Il faut aussi que nous mettions en place une démocratie réelle dans nos pays pour que l’expression libre du suffrage universel soit la force la plus élaborée dans nos pays. Aucun pays ne s’est développé sans que la démocratie réelle ne soit installée. Aucun développement économique ne peut se faire en 2025 sans une démocratie réelle, sans qu’on écoute la voix de la jeunesse », a-t-il relevé. FIN

Chrystelle MENSAH