Sécurité/Sûreté maritimes : Ouverture à Lomé du 7ème symposium des chefs d’Etat-major des marines du Golfe de Guinée

Photo de famille, après l'ouverture des travaux

Le 7ème symposium des chefs d’Etat-major des marines du Golfe de Guinée s’est ouvert ce mercredi à Lomé, rencontre de deux jours qui permettra aux participants de faire notamment le « point des avancées réalisées en matière de sécurité et de sûreté maritimes », a constaté l’Agence Savoir News.

Les travaux de cette rencontre ont été ouverts par Stanislas Baba (Conseiller pour la mer du président de la République), en présence du ministre togolais de la sécurité, le Colonel Calixte Madjoulba et du chef d’Etat-major de la marine française, l’Amiral Nicolas Vaujour.

Placée sous le thème « Etats et partenaires du Golfe de Guinée, protégeons nos espaces maritimes pour le développement de l’économie bleue », cette rencontre se tient, après à la 3è réunion du sous-comité des chefs d’Etat-major de la marine de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cédéao).

La table d’honneur, à l’ouverture du symposium

Il est également prévu jeudi, une démonstration de l’exercice maritime « Grand African Nemo 2023 » au Port autonome de Lomé.

« La coopération dans le domaine de la sécurité maritime constitue un élément essentiel du partenariat qu’entretiennent les pays riverains du golfe de Guinée entre eux et avec leurs partenaires extérieurs », a souligné le conseiller pour la mer du président togolais.

« S’il est vrai que l’insécurité maritime sape considérablement les efforts des marines et des garde-côtes des Etats africains qui œuvrent inlassablement au développement de l’économie bleue africaine, il faut également reconnaître que la situation à l’insécurité ne saurait être de l’apanage des seules marines (…) La mutualisation des moyens à l’échelle locale et la coopération avec les organismes régionaux et internationaux, est le gage du succès des opérations que les marins entreprennent au quotidien parfois au péril de leurs vies pour garantir un climat sécuritaire apaisé en mer », a précisé Stanislas Baba.

Une ‘meilleure coordination stratégique’

« Il convient de rappeler que face à la montée de l’extrémisme violent venu du Sahel et qui impacte les Etats côtiers, il est plus que jamais nécessaire pour les Etats du golfe de Guinée, d’œuvrer à la protection des espaces maritimes. Pour y parvenir, une meilleure coordination stratégique et opérationnelle est indispensable », a-t-il martelé.  

Vue partielle des participants

Ainsi, a poursuivi M.Baba, ce symposium est un « formidable cadre d’échanges et de partage d’expérience ».

« Il permettra, à travers les riches thématiques retenues pour les panels, de faire le point des avancées réalisées en matière de sécurité et de sûreté maritimes, mais aussi d’analyser avec lucidité, les fragilités capacitaires des mécanismes mis en place pour lutter efficacement contre la criminalité maritime transnationale », a-t-il ajouté.

Depuis 2014, les 11 Etats côtiers de la sous-région ouest africaine ont élaboré des plans stratégiques dont le cadre général reste la Stratégie maritime intégrée de la Cédéao (SMIC) pour répondre efficacement aux attaques en mer. Ces stratégies ont conduit à la création de centres multinationaux de coordination maritime de la zone E à Cotonou (Bénin), de la zone F à Accra (Ghana) et de la zone G à Praia (Cap-Vert), ainsi que le centre régional de sécurité maritime à Abidjan (Côte d’Ivoire).

Toute cette architecture a permis de gagner des batailles dans la lutte contre la criminalité en mer.

De 2018 à 2022, les attaques en mer ont baissé considérablement, passant de 68 à 15. Au premier trimestre 2023, il n’a été signalé que 3 incidents, chiffres avancés dimanche dernier par Kokou Edem Tengue (ministre de l’économie maritime, de la pêche et de la protection côtière) à l’ouverture de la 3è réunion du sous-comité des chefs d’Etat-major de la marine de la Cédéao.

Vue partielle des participants

« Aujourd’hui, une nation toute seule ne peut pas faire face à l’insécurité maritime. Chaque nation peut apporter un moyen, chaque nation peut apporter une information, chaque nation peut apporter une compétence particulière. Et c’est en partageant notre capacité d’analyse de la situation, en échangeant les informations que nous nous arrivons à proposer à l’ensemble des pays du golfe de Guinée, à la fois une analyse commune, à la fois des moyens partagés pour résoudre les problèmes (piraterie, pêche illégale etc…) », a expliqué le chef d’Etat-major de la marine française.

« La marine française, de concert avec les pays européens, participe à la construction de l’architecture de la sécurité maritime dans le golfe de Guinée », a précisé l’Amiral Nicolas Vaujour.

Une zone très riche

Plus de 80% des marchandises passent par la mer, avec une augmentation relevée du tonnage des navires ces dernières années, ainsi qu’un accroissement de la puissance des moteurs et le développement des moyens de géolocalisation.

« Le Golfe de Guinée est une zone de passage obligé pour tous les navires qui transitent par l’Atlantique. Il y a beaucoup d’activités qui s’opèrent dans le Golfe de Guinée, c’est une zone très riche. Et là où il y a la richesse, il y a le brigandage, l’insécurité etc… », a fait savoir le capitaine de frégate Atatoum Babate (chef d’état-major de la marine togolaise).

Vue partielle des participants

Et les menaces, a-t-il poursuivi, sont désormais « transnationales » : « Les brigands se jouent les frontières maritimes, raison pour laquelle, il faut pour réfléchir ensemble, agir ensemble et coordonner les efforts pour mettre hors d’état de nuire, ces brigands qui menacent le développement maritime ».

« Durant ce symposium, nous allons réfléchir autour de trois thèmes dans deux panels. Les conférences seront axées sur l’architecture de Yaoundé, la mutualisation des capacités et l’état sécuritaire de Guinée et les mécanismes de protection de la libre navigation. La boucle sera bouclée demain par une démonstration en mer, de la lutte contre la piraterie maritime. Nous allons étaler les techniques que nous utilisons pour défendre les navires en mer », a détaillé le chef d’état-major de la marine togolaise.

Notons que le Togo a mené beaucoup d’efforts fournis ces dernières années dans la lutte contre la piraterie, en témoignent les multiples initiatives du gouvernement.

Le pays a tenu un sommet en octobre 2016, avec à la clé, l’adoption de la Charte de Lomé qui donne la nouvelle architecture africaine de sûreté et sécurité maritime et les modalités pour développer l’économie bleue du continent.

Le Togo a également jugé, et la première fois, des pirates arrêtés, suite à une attaque en mer, dans les eaux togolaises en 2019. Neuf pirates avaient été condamnés à des peines allant de 12 à 20 ans d’emprisonnement par la Cour d’appel de Lomé. FIN

Junior AUREL