Le collectif des syndicats de la santé a qualifié ce lundi d’acte « ignoble », la vente illicite de médicaments orchestrée par un réseau mafieux au Centre Universitaire Hospitalier (CHU) de Kara, localité située à environ 420 km au nord de Lomé.
Ce réseau a été démantelé grâce à des investigations menées par l’Observatoire pour la Promotion de la Santé en Afrique (OPS-Afrique).
Le problème que dénonce le collectif des syndicats de la santé a commencé lorsqu’un patient a été admis au CHU-Kara pour morsure de serpent.
Le médecin chargé du traitement a prescrit un sérum antivenimeux à ses parents. Le produit en question est dénommé « Inoserp » et les parents se sont pointés à la pharmacie de cette structure qui ne disposait pas de ce sérum.
Ils se sont de suite rendus dans une autre pharmacie en ville où ils découvrent que les deux flacons prescrits coûtent 137.750 F.CFA. Alors que la famille du patient passait par tous les moyens pour trouver la somme appropriée afin de payer le médicament en question, le médecin soignant leur a proposé le même produit à 60.000 F.CFA la boîte (contenant deux flacons). Ils ont immédiatement payé le produit.
Une heure plus tard, après l’analyse de sang, le médecin soignant leur prescrit de nouveau le même produit à 60.000 F.CFA. Le malade n’étant pas rétabli, le médecin a prescrit encore pour la troisième fois le même produit pour le lendemain, ce qui lui a permis de soutirer une somme de 180.000 F.CFA à la famille en deux jours. Le troisième jour, le fameux médecin a encore proposé six flacons pour une réduction de 60.000 F.CFA.
« Après nos premières investigations et sur la base des éléments de preuves qui nous ont été apportés et les échanges directs avec les concernés, il y a eu transactions financières entre les accompagnants et certains personnels soignants. Nous condamnons cette situation parce que par nature, nous n’avions pas le droit de procéder à des transactions financières avec les accompagnants. Nous ne sommes pas des intermédiaires commerciaux », a dénoncé Dr. Gilbert Tsolenyanu (Secrétaire général du SYNPHOT).
Ce dernier a invité ses collègues soignants à exercer leur profession en tenant compte de leurs cahiers de charges.
« Le manque de produits dans les pharmacies hospitalières qui fait que les accompagnants sont obligés de sortir pour aller les chercher en ville ou ailleurs explique aussi ces genres de comportements. Ce médicament – sur le principe – devrait être disponible à l’hôpital en cas de morsure de serpent », a précisé Dr Tsolenyanu.
Face à ces manquements graves, le collectif des syndicats de la santé (au total 7 syndicats) demande l’évaluation externe de la démarche de contractualisation qui présente d’énormes insuffisances.
Ces syndicats ont annoncé l’organisation d’une Assemblée générale synchronisée les jours à venir sur l’ensemble du pays, afin de sensibiliser leurs camarades. FIN
Bernadette AYIBE