L’Afrique rejoint le club des grandes économies du G20, une victoire pour Modi

Narendra Modi

Le G20 a intégré officiellement samedi l’Union africaine (UA), un signal fort pour l’Afrique et une victoire diplomatique pour l’Inde qui s’affiche comme leader des « pays du Sud ».

C’est l’une des premières annonces concrètes à sortir de la réunion ce week-end à Delhi des dirigeants de ce club des plus grandes économies mondiales, avec un important projet d’infrastructures au Moyen-Orient pour lequel un accord doit être signé en marge du G20.

« Cette adhésion pour laquelle nous nous sommes mobilisés offrira un cadre propice pour amplifier le plaidoyer en faveur du continent et pour son efficace contribution à relever les défis mondiaux », s’est félicité le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, dans un message sur le réseau social X (ex-Twitter).

Etablie à Addis Abeba, capitale de l’Ethiopie, l’UA compte 55 membres (dont six suspendus), totalisant trois mille milliards de dollars de PIB.

Le continent n’était jusque-là représenté au G20 que par un seul Etat, l’Afrique du Sud, dont le président Cyril Ramaphosa s’est dit « ravi » de la place offerte à l’UA.

La présidence du Nigeria, également invitée à la réunion de Delhi, a aussi adressé sur X ses « félicitations » à l’Union africaine.

« En tant que continent, nous nous réjouissons de faire davantage avancer nos aspirations sur la scène mondiale, en utilisant la plateforme du G20. »

L’Inde a affiché sa volonté d’être, pendant sa présidence du G20, le porte-voix pour « les besoins des pays du Sud » dans un monde divisé.

Son Premier ministre Narendra Modi, qui a porté l’initiative, redore ainsi son blason à l’étranger, avant de briguer probablement un nouveau mandat aux élections nationales l’an prochain.

M. Modi a aussi saisi l’occasion du sommet de New Delhi pour s’afficher avec la plaque de son pays identifié comme « Bharat », soit le plus fort signal à ce jour d’un potentiel changement du nom anglais hérité du passé colonial « India ».

– Projet majeur au Moyen-Orient –

Selon des sources américaines et européennes, un accord de principe doit également être signé lors du G20 entre les Etats-Unis, l’Arabie saoudite – représentée par le prince héritier Mohammed ben Salmane – les Emirats arabes unis, l’UE et d’autres partenaires du G20 en vue d’un grand projet de transport maritime et ferroviaire traversant le Moyen-Orient pour relier l’Inde à l’Europe.

Ce projet est susceptible de répondre aux Nouvelles routes de la soie de la Chine, dont le président Xi Jinping est absent à New Delhi, tout comme son homologue russe Vladimir Poutine.

L’annonce intervient également au moment où le président américain Joe Biden travaille à une éventuelle normalisation des relations entre Israël (qui pourrait éventuellement rejoindre le projet à terme) et l’Arabie saoudite, dans la foulée de celles avec les Emirats arabes unis, Bahreïn et le Maroc.

Il « a un potentiel énorme », et c’est « le résultat de mois de diplomatie prudente », a précisé le conseiller adjoint américain à la sécurité nationale Jon Finer.

Les pays du G20 risquent de peiner davantage à trouver un consensus sur les questions géopolitiques, notamment l’attitude à avoir face à la Russie, ou le climat.

Des sujets pourtant lourds de conséquences pour les pays en développement, en première ligne face aux événements météorologiques extrêmes liés au changement climatique, comme face à l’insécurité alimentaire que nourrit la guerre en Ukraine en pesant sur les prix des céréales.

« Les économies en développement sont les premières touchées par le changement climatique, alors qu’elles sont les moins responsables de cette crise », a rappelé le président sud-africain Ramaphosa.

– « Urgence climatique » –

Le brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a rappelé de son côté au G20 l' »urgence climatique sans précédent » à laquelle le monde est confronté du fait d’un « manque d’engagement en faveur de l’environnement », citant en exemple les inondations dans son pays.

Le climat et notamment l’abandon progressif des combustibles fossiles fait partie, avec l’attitude à avoir face à Moscou après l’invasion de l’Ukraine, des sujets sur lesquels les membres du G20 peinent à trouver une position commune.

L’absence d’engagements solides sur le climat notamment serait un échec « potentiellement catastrophique » pour le G20, qui représente 85% du PIB mondial responsables de 80% des émissions de gaz à effet de serre, avait déjà averti Amnesty International jeudi.

A fortiori au lendemain d’un rappel à l’ordre avec un rapport sous l’égide de l’ONU Climat appelant à faire « beaucoup plus, maintenant, sur tous les fronts » pour affronter la crise climatique.

Plus tôt cette semaine, à Nairobi, les participants au premier sommet africain sur le climat ont aussi appelé la communauté internationale à les aider à faire fructifier le potentiel du continent dans la lutte contre le réchauffement climatique, via des investissements et une réforme du système financier international.

SOURCE : AFP