Sénégal : Un opposant en garde à vue pour avoir mis en doute les intentions de Macky Sall

Birame Souleye Diop

Un opposant sénégalais est en garde à vue jeudi après avoir publiquement mis en doute le retrait du président Macky Sall, qui a annoncé lundi qu’il ne briguerait pas un troisième mandat en 2024, a indiqué son avocat à l’AFP.

Birame Souleye Diop, président du groupe parlementaire de la coalition de l’opposition Yewwi Askan Wi et cadre du Pastef, le parti d’Ousmane Sonko, le plus farouche adversaire du président, a été arrêté mercredi après avoir mis en garde contre un possible revirement du chef de l’État.

« J’avertis les prochains candidats de l’APR (le parti présidentiel): Évitez de manger chez lui, évitez de boire son eau, il est capable de vous empoisonner et de dire : comme nous n’avons plus de candidat, je reviens. Et de le faire à la Ouattara. Prenez garde », avait-il déclaré mardi lors d’une conférence de presse, avant de présenter ses excuses.

Le président ivoirien Alassane Ouattara avait choisi Amadou Gon Coulibaly pour lui succéder, mais la mort de ce dernier, des suites de problèmes cardiaques alors qu’il avait 61 ans, avait poussé M. Ouattara à se représenter à la présidentielle de 2020 alors qu’il avait annoncé ne pas vouloir briguer de troisième mandat.

M. Diop est poursuivi pour « diffamation commise par un membre de l’Assemblée nationale contre un chef d’État étranger de nature à saper les relations diplomatiques de l’État » et « discrédit sur une institution de la République », a indiqué son avocat, Me Moussa Sarr.

« Il est toujours en garde à vue à la sûreté urbaine du commissariat central de Dakar », a-t-il précisé.

La décision du président Macky Sall de ne pas se représenter, a décrispé un climat politique très lourd au Sénégal. La condamnation à deux ans de prison de l’opposant Sonko a provoqué les plus graves troubles au Sénégal depuis des années, faisant 16 morts officiellement, une trentaine selon l’opposition. M. Sonko crie au complot du pouvoir pour l’écarter de l’élection présidentielle de février 2024 et son parti estime à plus de 300 le nombre de « détenus politiques ». Le pouvoir réfute les deux accusations.

SOURCE : AFP