Présidentielle/ Bataille autour du fichier électoral : « Tentative de manipulation et de mystification » (Gilbert Bawara)

« Il y a eu une tentative de manipulation et de mystification. On a cherché un peu à créer la confusion et le doute dans la tête des togolais, de l’opinion nationale et internationale, concernant la qualité du fichier électoral », a déclaré vendredi soir Gilbert Bawara lors de l’émission « Au cœur de la Nation » sur la Télévision nationale.

« Ceci avec sans doute, l’objectif de décrédibiliser et discréditer le processus électoral », a affirmé le ministre de l’administration territoriale, seul invité sur le plateau face au journaliste Franck Missité.

Les togolais ont assisté ces dernières semaines à une véritable bataille autour du fichier électoral. Premier à déclencher la +guerre+ : l’opposant Alberto Olympio, président du Parti des Togolais.

Première personnalité à annoncer en fanfare sa candidature à la présidentielle, ce dernier n’a finalement pas déposé son dossier, estimant que le fichier électoral est vérolé.

Sit-in devant la Commission électorale nationale indépendante (Céni), recours devant la Cour constitutionnelle : M.Olympio n’a pas baissé les bras. Tout récemment, le président du Parti des Togolais a animé une conférence, affirmant que l’actuel fichier comporterait entre 600 et 900 milles doublons.
Il est soutenu par les autres candidats de l’opposition dont le chef de file de l’opposition Jean Pierre Fabre pour qui, le fichier comporterait de « graves anomalies ».

« J’aurai aimé que l’on nous expliquât ce qu’on entend par +doublons +: En réalité, c’est un terme qui recouvre beaucoup de complexité et de situation », a indiqué Gilbert Bawara.

Pour mieux se faire comprendre, le ministre a étayé ses arguments de deux exemples pour « édifier les téléspectateurs ».

« Premier exemple : Vous allez vous faire enrôler sur un kit. La carte sort et vous constatez que votre nom a été écorché. Et séance tenante, vous demandez à l’opérateur de corriger, afin de vous donner une nouvelle carte. La carte déjà imprimée est déchirée. Si l’opérateur de saisie n’est pas vigilant et n’efface pas le premier enregistrement des données qu’il a effectuées avec une faute, vous êtes enregistrés deux fois dans la base de données. Mais en revanche, vous êtes détenteur d’une seule carte.

Un autre exemple : Nous sommes ici dans un centre d’enrôlement. On nous enrôle et puis à Adidogomé, un kit tombe en panne. On vient prendre notre kit pour enrôler les gens à Adidogomé. En ne faisant pas attention de reconditionner le kit, on aura à Adidogomé, éventuellement, des électeurs qui détiennent des cartes avec les mêmes numéros que nos cartes d’électeurs. Est-ce que nous qui avons été enrôlés ici, détenons deux cartes ? Chacun de nous détient une seule carte et chacun de nous est inscrit une seule fois sur la liste électorale. A Adidogomé, les gens détiennent une seule carte et ils sont inscrits une seule fois sur les listes électorales. Mais, en revanche, les références dans la base de données comportent deux personnes avec une carte. Ça également, ce sont des doublons », a longuement expliqué le ministre.

Selon lui, ceux qui parlent de doublons doivent donner des explications en « détails ».

« Je pourrai multiplier les exemples. Je pourrai même prendre le cas de la révision des listes. Sur la base de l’ensemble des opérations, il y a eu plus de 900 milles personnes (je n’ai pas les chiffres précis). Sur les 900 milles, environ 600 milles ont obtenu soit un duplicata ou le transfert de leur inscription. Donc, ils étaient déjà dans la base de données depuis 2013 et cette année, il y a eu des corrections. A première vue, ce sont des doublons.
Parce que si on ne traite pas bien le fichier, ils sont considérés comme des doublons. Je dis tout simplement que le mot doublon recouvre une variété de situations que, si on n’explique pas, on crée la confusion », a t-il martelé.

S’agissant des électeurs fictifs, le ministre a poursuivi sa démonstration : « comment passe-t-on d’un électeurs fictif à un votant fictif ? Du fait que nous avons un vote manuel et non un vote électronique, il n’y a pas un lien intrinsèque entre la base de données et le vote. Le vote est fondé sur deux aspects : la détention de la carte d’électeurs et l’inscription sur la liste électorale. Ce qui signifie que même si vous figuriez deux fois dans la base de données, ça n’induit pas la possibilité de voter deux fois ».

M.Bawara a abordé plusieurs autres sujets notamment la plainte portée par Jean Pierre Fabre contre la société ZETES, la mission des experts de l’OIF, les grèves à répétition de la STT, la mission « technique » de l’Union européenne, les rumeurs sur un éventuel report du scrutin présidentiel et sa récente tournée citoyenne à travers certaines localités du pays.

Vraiment une plainte de M.Fabre contre la Société ZETES ?

Le candidat du Combat pour l’Alternance Politique (CAP 2015) à la présidentielle a indiqué avoir porté plainte à Bruxelles contre la société Belge Zétes, pour « faux en informatique et usage de faux ». Cette société est chargée des opérations de révision des listes électorales.

« Au moment où nous sommes en train de parler, la société ZETES n’a été saisie d’aucune plainte à Bruxelles. Il y a eu un communiqué de deux avocats alléguant du dépôt d’une plainte », a-t-il indiqué.

« Jusqu’au moment où nous parlons, je crois que la société concernée ou celle qui est appelée à se défendre, n’a été saisie par aucun juge d’instruction qu’il y aurait eu une plainte quelconque », a précisé M.Bawara.

Les experts de l’OIF ont-ils achevé leur mission?

« Le travail est pratiquement achevé », a dévoilé le ministre, dénonçant des « spéculations » concernant l’objectif et le but de la mission des experts de l’OIF.

Le but de cette mission selon lui, n’est pas de faire un audit du fichier électoral.

« L’OIF est arrivée au moment où les listes provisoires étaient affichées à travers le territoire national. Ces experts de l’OIF accompagnés des experts des candidats travaillent actuellement avec la Céni et avec ZETES pour examiner les différents recours et s’assurer que toutes les réclamations et contestations sont prises en compte pour améliorer la qualité du fichier électoral. Si examinant le fichier électoral, les experts de l’OIF et ceux des partis politiques et des candidats détectent des doublons, ils peuvent corriger cela ».

« La mission n’a pas pour but de donner un quitus au gouvernement togolais et à la Céni pour aller de l’avant dans l’organisation et la tenue de l’élection présidentielle. Cette mission pourrait déboucher sur la préconisation de mesures, de dispositions concrètes et pratiques dans les bureaux de vote pour contrôler de manière rigoureuse, les votants, les cartes d’électeurs et les inscriptions sur les listes électorales. Voilà un peu l’objectif de la mission de l’OIF », a-t-il poursuivi.

Des experts de l’UE, persona non grata

Les deux experts de l’Union européenne arrivés à Lomé pour une mission « technique » ont été rappelés, les autorités togolaises ayant de doute sur leur « qualité ». L’un serait déjà membre d’une mission en 2013, laquelle mission aurait mis son rapport à la disposition des médias, alors que le document était destiné aux plus hautes autorités togolaises.

« Je ne crois pas non plus que l’Union européenne n’est pas consciente que cet expert avait mal agi en 2013. Donc, conséquence en a été tirée, les deux experts ont été rappelés. Ces deux experts n’avaient aucun rôle auprès de la Céni, ils n’avaient aucun rôle auprès du processus électoral (…) », a relevé M.Bawara.

Le scrutin encore reporté?

« Au moment où nous parlons, tout est fin prêt, afin que nous puissions aller à l’élection présidentielle le 25 avril », a souligné le ministre, sans détour.

Rappelons que cinq candidats dont le président sortant Faure Gnassingbé (en route pour un troisième mandat) et M.Fabre sont en lice pour ce scrutin à un tour. La campagne va s’ouvrir le 10 avril et prendra fin le 23 avril. FIN

Edem Etonam EKUE

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