Une « dizaine » de soldats tués dans une attaque jihadiste en Côte d’Ivoire

Photo@Archives

Une attaque jihadiste en Côte d’Ivoire, la première depuis les attentats de Grand Bassam en 2016, a coûté la vie à une « dizaine » de soldats ivoiriens dans la nuit de mercredi à jeudi à Kafolo, dans le nord-est du pays, à la frontière du Burkina Faso.

L’attaque qui a visé une base militaire a fait au moins une « dizaine de victimes » selon des sources concordantes. Une source sécuritaire ivoirienne a fait état de « 12 morts dont 11 militaires et un gendarme » et de « 6 blessés et 2 disparus » avec un assaillant tué et un blessé.

Une autre source ivoirienne a évoqué « 9 morts » alors que de son côté, une source burkinabé a fait état de « 10 militaires et un gendarme tué, et de deux autres portés disparus », ainsi que « d’un assaillant neutralisé ».

« Il y a eu des tirs de fusils vers le fleuve. On a entendu des bruits de voitures de militaires qui traversent en vitesse le village. On a peur. Les tirs de fusils durent depuis tôt ce matin. Et ça continue encore », a affirmé au téléphone un habitant de Kafolo sous couvert de l’anonymat.

« On est cachés dans les maisons avec nos familles. Les militaires nous ont interdit de sortir. Tout est fermé », a-t-il ajouté soulignant que les habitants sont habituellement dans les champs pour la culture du coton et de l’arachide dans cette zone aride.

Selon une source burkinabè, l’attaque a été « menée vers 03H00 du matin (locales et GMT) par plusieurs dizaines d’individus armés, certainement des éléments du JNIM (en français: Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, GSIM) qui ont pied dans la zone ».

C’est la première attaque jihadiste sur le sol ivoirien depuis l’attentat de Grand Bassam en 2016 (19 morts) qui avait ciblé des terrasses d’hôtels de la station balnéaire.

Cette fois-ci, le modus operandi est totalement différent : il s’agit d’une attaque contre un poste armée-gendarmerie située à la frontière et non contre des civils.

L’attaque s’est produite dans « la même zone que l’opération antijihadiste » menée conjointement par les armées ivoirienne et burkinabè en mai, selon les sources ivoirienne et burkinabè.

– « coup de pied dans la fourmilière » –

Baptisée « Comoé » du nom du fleuve qui coule entre les deux pays, l’opération qui visait à déloger des jihadistes dans le secteur avait conduit à la mort de huit jihadistes présumés, l’arrestation de 38 suspects et la destruction d’une base, sans perte pour les forces ivoirienne ou burkinabè, selon l’armée ivoirienne.

Selon plusieurs sources sécuritaires, l’attaque « est certainement une réponse » à cette opération qui a privé les « éléments (jihadists) opérant au Burkina de zone de repli ». « Il y a eu un coup de pied dans la fourmilière.

Jusqu’ici, ils (jihadistes) étaient tranquilles dans cette zone ».

Selon une source proche de la présidence ivoirienne, l’attaque devait être au centre des discussions du Conseil national de sécurité prévu jeudi et qui avait initialement comme ordre du jour la pandémie de coronavirus.

La présence de jihadistes au nord du parc national de la Comoé avait été repérée depuis plus d’un an. Selon des sources sécuritaires, il s’agissait de combattants opérant au Burkina, qui venaient chercher refuge du côté ivoirien de la frontière.

Plusieurs attaques jihadistes ont eu lieu près de la frontière, côté burkinabè, jamais côté ivoirien jusque là.

Le Burkina fait face à des attaques jihadistes qui ont fait près de 1.000 morts depuis 2015.

L’attaque de jeudi en Côte d’Ivoire montre que la menace jihadiste descend vers les pays du Golfe de Guinée, après s’être étendue au Sahel.

La zone frontalière ainsi que la zone nord-est de la Côte d’Ivoire sont déconseillées aux voyageurs par le ministère français des Affaires étrangères depuis 2019.

Deux Français avaient été enlevés au nord du Bénin en mai 2019 alors que les zones du nord du Ghana et du Togo sont sous haute surveillance.

Les violences jihadistes, souvent entremêlées à des violences intercommunautaires, se sont soldées par 4.000 morts au Mali, au Niger et au Burkina Faso en 2019, selon l’ONU.

SOURCE : AFP