Togo/lutte antitabac : La mise en œuvre des dispositions légales, une nécessité

Leonce Sessou, ACTA
Léonce Sessou, secrétaire exécutif de l'ACTA

Le tabac nuit gravement à la santé et l’Etat a le devoir de protéger les populations contre ce fléau qui affecte également les non-fumeurs. Dans une interview, Léonce Sessou (Secrétaire Exécutif de l’Alliance pour le Contrôle du Tabac en Afrique /ACTA) invite le gouvernement à la mise en œuvre des dispositions légales pour une meilleure protection des populations. Lisez plutôt.

M. Sessou, vous êtes le Secrétaire exécutif de l’ACTA, un réseau d’OSC, qui intervient entre autres, dans le plaidoyer politique pour l’adoption et la mise en œuvre de politiques solides de lutte antitabac. Dites-nous, comment se positionne le Togo dans cette lutte ?

Léonce Sessou : Le Togo a une position mitigée. Mais quoi qu’on dise, le pays a fait des efforts en signant et en ratifiant la Convention cadre de l’OMS pour la lutte antitabac. C’est un premier pas qui montre la volonté de l’Etat à mettre en avant, la sauvegarde de la santé de sa population. C’est ce que l’OMS souhaite ; et nous aussi en tant qu’organisation de la société civile. C’est déjà un bon pas, un bon début.

L’Etat a aussi commencé par domestiquer cette convention à travers la prise d’une loi et des décrets pour sa mise en œuvre.

Quels sont les défis ?

Pour le Togo, le défi est celui de la mise en œuvre de ces dispositions légales qui, non seulement sont là et qui peinent encore à être effectivement mise en œuvre; mais méritent aussi d’être améliorées. Quoi qu’on dise aujourd’hui, la loi antitabac du Togo est là, mais on a connu des évolutions en matière de lutte antitabac qui méritent que cette loi soit amendée, actualisée.

Par exemple

L’une des dispositions nécessaires aujourd’hui à intégrer dans une législation, c’est par exemple les avertissements sur les paquets. Au Togo, les avertissements sont en langues locales et en français, mais sous forme de texte. Mais la Convention recommande que les Etats parties puissent aller au-delà des textes pour ajouter des images car, les images parlent mieux que les textes. Alors on demande aujourd’hui que nos autorités puissent être sensibles à ces aspects et les intégrer.

Ce qui fait aussi que la loi mérite d’être actualisée, c’est qu’il y a de nouveaux produits. Il y a d’autres produits qui ne sont pas directement couverts et qui viennent aujourd’hui sur le marché et il faut parvenir à les prendre en compte. Par exemple le phénomène de la Chicha.

Il faut noter que l’industrie du tabac déploie plusieurs tactiques créatives et évolutives pour influencer les politiques et la législation en matière de lutte antitabac au plan régional.

Qu’en est-il des non fumeurs qui subissent l’effet du tabac ?

Le tabac est une épidémie mondiale qui occasionne la mort de 8 millions de personnes chaque année. Et parmi ces 8 millions de personnes, il y a plus d’un million de non-fumeurs. Ils ne fument pas. Mais, parce qu’il y a des gens qui fument ou font usage du tabac à côté d’eux, ils finissent par en mourir.

Quand on crée un environnement dans un hôtel ou dans un restaurant pour les fumeurs, on a l’impression que ça n’affecte pas. Mais non ! Ça affecte. Tout doucement, ça va affecter les autres. C’est pourquoi on parle d’un environnement 100% sans fumée. Un environnement total sans fumée, c’est ce qui est souhaitable. Voilà quelques dispositions qui méritent d’être intégrées dans la loi.

Quelle est la frange de la population togolaise la plus exposée ?

La frange la plus exposée, c’est la jeunesse. Les jeunes et les femmes. Ce sont des couches plus vulnérables par ignorance. Certains vont à l’initiation par suivisme. Pour d’autres, c’est comme un amusement, passe-temps. Donc ils y vont, pensant que ça déstresse. Mais la cigarette ne peut pas déstresser, au contraire! Ça augmente le stress, ça fait monter la tension et ça crée plusieurs autres problèmes de santé. Mais des jeunes en deviennent si dépendants qu’ils n’arrivent plus s’en passer. Et à petit coup, ils détruisent leur organisme; de la tête aux pieds. Nous avons constaté que les plus jeunes commencent par s’initier. A partir de  14 à 15ans déjà, il y a des jeunes qui sont dans le tabagisme.

L’Etat doit contrôler ça. La cigarette n’est pas un produit qu’on doit trouver dans un supermarché comme l’eau, des œufs du gâteau ou des biscuits. Mais ce que nous voyons aujourd’hui, c’est que des gens sont capables de la vendre dans les boutiques, les supermarchés. Les gens sont capables de vendre les produits du tabac comme les autres produits, ce qui n’est pas tolérable. FIN

Propos recueillis par Ambroisine Mêmèdé