Togo/Crise : La CENI reprend en trombe ses activités (PAPIER D’ANGLE)

Les membres de la CENI en pleine séance de travail jeudi.

La Commission électorale nationale indépendante (CENI) a repris à toute vitesse ses activités, en vue des législatives du 20 décembre, conformément à la feuille de route de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) pour une sortie de crise au Togo.

Dans un communiqué rendu public mercredi soir, la Commission électorale a annoncé officiellement avoir repris en vue de l’installation de ses démembrements et de la préparation du recensement des électeurs, pour disposer d’un nouveau fichier électoral. Elle a surtout promis de « s’atteler à mettre en œuvre toutes les dispositions pour remplir sa mission d’organisation et de supervision des consultations électorales, dans le respect de la constitution et du code électoral.

Déjà ce jeudi, la CENI a, dans un communiqué, invité les partis politiques à lui faire parvenir les noms de leurs représentants dans les Commissions électorales locales indépendantes (CELI) au plus tard le 13 août pour la révision intégrale du fichier électoral.

Le même jour, elle a tenu une séance plénière à son siège, réunion qui a porté sur le point des diligences à accomplir par les différentes sous-commissions, ainsi que les prochaines activités de la Commission.

La commission électorale entend dérouler le chronogramme des activités, conformément aux nouvelles échéances pour la tenue des législatives (20 décembre).

Cette consultation sera précédée de la reconstitution du fichier électoral après un recensement des électeurs, dont le calendrier sera communiqué incessamment, souligne un article publié sur le site de l’Institution.

Pour l’instant, la CENI fonctionne sans les quatre représentants de l’opposition parlementaire. Ces partis politiques boudent cette commission depuis son installation. Au Togo, la commission électorale est chargée d’organiser et de superviser les élections.

Mardi dernier, Jean-Claude Kassi Brou (président de la Commission de la CEDEAO), a réaffirmé la volonté de l’organisation sous-régionale à accompagner le Togo « à réaliser des élections transparentes et fiables à la date indiquée ».

« Il est donc important que l’ensemble des acteurs s’inscrivent dans cette dynamique pour le respect effectif de cette date », avait précisé M. Brou à l’issue d’une séance de travail avec les délégations du parti au pouvoir et de la coalition de l’opposition (les deux protagonistes de la crise qui secoue le pays depuis environ un an).

 

De la « provocation »

 

De côté de la coalition de l’opposition, la manière de fonctionner de la CENI n’est que de la « provocation » pure et simple. Selon Jean Kissi, secrétaire général du Comité d’Action pour le Renouveau (CAR, membre de la coalition), la commission électorale devrait normalement attendre, car une partie de la feuille de route de la CEDEAO, recommande une « participation inclusive de tous les acteurs ».

« La CENI fait partie des réformes à opérer. Le minimum, c’est d’attendre que cette recommandation soit mise en œuvre avant qu’une quelconque CENI ne commence son travail. Cette recommandation dit que tout le monde doit participer à la CENI. Quand nous ne sommes pas là, ils ne peuvent pas continuer à travailler », a martelé M.Kissi.

Aucune réaction n’est pour l’instant enregistrée au plus haut sommet du parti au pouvoir sur ce sujet. Mais selon certains militants de l’Union pour la République (UNIR, le parti au pouvoir), interrogés par l’Agence Savoir News, la feuille de route des chefs d’État de la CEDEAO, « n’a rien dit à propos de la CENI ».

« J’ai parcouru à plusieurs reprises le communiqué final de la CEDEAO. Les chefs d’État n’ont rien dit sur la CENI. Ils ont plutôt parlé de la recomposition de la Cour constitutionnelle et tout le monde sait que cette Cour ne peut pas être recomposée, avant la tenue des législatives, mais plutôt pour la prochaine élection présidentielle », a confié Paul Maglodji, chef comptable d’une société de transit.

Gerry Taama, le président du Nouvel Engagement Togolais (NET) a aussi abondé dans le même sens lors d’une émission sur une radio privée, affirmant qu’il n’a jamais été question de la recomposition de la CENI dans la feuille de route de la CEDEAO.

Précisons que la CEDEAO a pris le taureau par les cornes dans la crise qui secoue le Togo, suite au +blocage+ observé dans le dialogue démarré depuis le 19 février (entre le pouvoir et la coalition de l’opposition) et qui n’a connu que quatre séances (19 février, 23 février, 23 mars et 27 juin). Une mission des deux facilitateurs (présidents ghanéen et guinéen) serait attendue à Lomé la semaine prochaine. FIN

 

Edem Etonam EKUE