Lutte contre le tabagisme en Afrique : l’urgence de sauvegarder la santé

Les délégués des pays présents à la 72è session du comité régional de l’Organisation Mondiale pour la Santé (OMS) pour l’Afrique ont tous convenu jeudi à Lomé, de l’importance d’accentuer la lutte anti-tabac sur le continent.

Le « rapport de situation sur la mise en œuvre dans la région Africaine de la stratégie mondiale pour accélérer la lutte antitabac 2019-2025 » qui présente les avancées et les défis à relever par les Etats, a été amendé au cours de ces assises.

La stratégie mondiale pour accélérer la lutte antitabac, adopté en 2018 par la conférence des parties (COP8) à la convention cadre de l’OMS pour la lutte anti-tabac, propose des mesures pour accélérer l’action en vue d’atteindre la cible globale, qui consiste à parvenir, d’ici 2025, à une réduction relative de la prévalence du tabagisme de 30%.

La région africaine est sur la bonne voie pour atteindre d’ici 2025, ce résultat chez les 15 ans et plus. 53% du total régional des pays sont sur la bonne voie tandis que 32% ont peu de chance d’y parvenir et ce, en dépit d’une réduction de la prévalence dans ces pays.

Les organisations de la société civile dont l’Alliance pour le Contrôle du Tabac en Afrique (ACTA), un réseau régional d’organisations de la société civile africaines, soutiennent de plus en plus activement la lutte antitabac.

Participant à la 72e session du comité régional de l’OMS pour l’Afrique, l’ACTA a appelé les gouvernements à faire plus d’efforts pour protéger les générations futures et garantir une Afrique saine et sans tabac. Selon l’ACTA, le taux de prévalence chez les filles est passé au même niveau que celui des garçons.

« Les jeunes sont une proie pour les multinationales du tabac malgré les efforts des gouvernements africains pour protéger les populations. L’industrie influence de plus en plus les responsables, en utilisant la RSE (responsabilité sociale des entreprises) et la publicité, la promotion et le parrainage des produits du tabac, qu’ils soient conventionnels ou nouveaux, sapant ainsi la mise en œuvre des politiques de lutte antitabac », a déclaré Léonce Dieudonné Sessou, Secrétaire Exécutif de l’ACTA.

L’ingérence de l’industrie du tabac continue donc de poser un problème majeur en ce qui concerne la lutte antitabac en Afrique. Certains Etats comme l’Afrique du Sud, le Burkina Faso, le Kenya et l’Ouganda ont signalé des cas d’ingérence, notamment des procès contre des lois et réglementations antitabac.

Pour mener à bien la lutte, les Etats africains sont appelés à veiller à ce que la mise en œuvre de la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac (CCLAT) soit considérée comme une priorité pour le développement, notamment dans leurs plans-cadres des Nations Unies pour l’aide au développement et dans les stratégies OMS de coopération avec les pays. Ils doivent également instituer des mécanismes de financement nationaux de la lutte antitabac en créant des fonds spécialement dédiés et en consacrant un budget national à cette cause.

Des lois et des réglementations complètes doivent être adoptées et appliquées, y compris en ce qui concerne la lutte contre les produits du tabac et à base de nicotine nouveaux et émergents. Les taxes sur le tabac doivent être augmentées et leurs recettes fiscales affectées au financement de la lutte antitabac et à d’autres initiatives de promotion de la couverture sanitaire universelle.

L’ACTA appelle donc les gouvernements africains à défendre la lutte antitabac en accélérant la mise en œuvre de la CCLAT dans leurs pays, car cela « garantit que les générations futures et les politiques de lutte antitabac sont protégées des conséquences désastreuses de l’ingérence de l’industrie du tabac. »

Rappelons que le quatrième rapport mondial sur l’évolution de la prévalence de la consommation du tabac publié en 2021, a révélé que les consommateurs de tabac étaient de 1,32 milliard en 2015. En 2020, 22,3% de la population mondiale consommait du tabac et la région africaine de l’OMS présente le taux moyen de tabagisme le plus faible avec 15% en 2010 contre 10% en 2020. FIN

Chrystelle MENSAH