Culture/Intempéries : Les Takienta de Koutammakou en réfection

Des takienta sur le site de Koutammakou

Après les fortes pluies de 2018 qui ont occasionné des dégâts sur le site de Koutammakou, patrimoine mondial de l’Unesco, place aux travaux de réfection des takienta, tata ou encore sikien. Un grand nombre de ces constructions monolithiques avaient été détruites.

Les travaux en cours, se situent dans le cadre du projet « Amélioration de l’état de conservation du site du patrimoine mondial de Koutammakou, le pays des Batammariba ». Le dit projet (financé par le gouvernement norvégien) a été élaboré, au lendemain d’une «mission d’évaluation des dégâts» effectuée par l’Unesco.

« Les travaux visent  à permettre aux maçons traditionnels et aux populations, de pouvoir prévenir la destruction de ces Sikien. Il y a une équipe technique composée des spécialistes de construction en terre notamment le Centre de la Construction et du Logement de Cacavéli (CCL) et l’Ecole Africaine des Métiers de l’Architecture et de l’Urbanisme (EAMAU), qui viennent appuyer les bâtisseurs traditionnels locaux, dans la quête de la technique de construction et de restauration surtout de leur habitat traditionnel », a expliqué N’Poh Natta, représentant de la direction du patrimoine culturel du Togo.

« Un travail sera fait pour pouvoir remplir ce que nous appelons le +cahier de recommandations+ mis en place à cet effet. Ce cahier retrace toutes les techniques, tout le savoir-faire pour la restauration des Sikien, et pourra servir à l’avenir à la communauté Otammari », a-t-il précisé.

Des takienta sur le site de Koutammakou

Le +cahier de recommandations+ est destiné à documenter les pratiques qui permettent depuis des siècles de conserver les Sikien (pluriel de Takienta), habitations traditionnelles que l’on retrouve encore par milliers dans le Koutammakou, de part et d’autre de la frontière Togo-Bénin. Ces joyaux architecturaux toujours habités dans le paysage font la fierté du peuple Otammari, qui les érige et les entretient chaque année. Ils sont un élément essentiel de ce paysage culturel.

Le chantier qui a permis de recueillir les informations a été réalisé sur trois Sikien en novembre 2021 dans les localités de Bassamba, Pimini et Nadoba.

Les Sikien sont la vitrine de la culture du peuple Otammari, et c’est l’ensemble de ces valeurs qu’il convient aujourd’hui de préserver.

Rappelons que le site de Koutammakou a été inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco en 2004.

Encadré : La petite histoire des Sikien

La légende raconte qu’à leur arrivée au Koutammakou, les Batammariba ou «ceux qui façonnent la terre» auraient trouvé refuge à l’intérieur des troncs des baobabs peuplant le paysage aux abords de la chaîne de l’Atakora. La création du premier village est attribuée à Kuyé, le Dieu créateur, architecte du monde qui construisit la première Takienta pour les humains et les divinités. La Takienta est bâtie comme une forteresse, destinée à protéger la famille qui l’habite des dangers humains, animaliers ou environnementaux, mais également à honorer les ancêtres. Cette construction savante composée d’un ensemble de tourelles comprend deux niveaux : le sol réservé aux animaux, à la cuisine et aux ancêtres, et la terrasse qui sert de lieu de vie pour la famille.

L’architecture de la Takienta est en parfaite correspondance avec la culture et les croyances des Batammariba.

La Takienta est construite sur deux niveaux. Le rez-de-chaussée, accessible par une porte d’entrée unique, abrite les autels des ancêtres, les outils et les animaux (bétail, volailles) que le propriétaire de la Takienta fait rentrer la nuit.

L’accès à l’étage se trouve du côté gauche de la porte principale. Il se fait à partir d’un premier escalier donnant sur la cuisine, puis d’un deuxième permettant d’accéder à la terrasse, lieu de vie principal de la famille.

C’est là que l’on trouve les chambres, les greniers ou encore l’espace de toilette. Toutes sortes d’activités diurnes ou nocturnes y prennent place, comme la préparation des repas. On y fait également sécher les récoltes.

A l’entrée et aux abords de la Takienta se trouvent les autels des ancêtres, et parfois aussi des greniers surélevés sur une structure en bois. FIN

Junior AUREL