Général Béhanzin : « L’impression majeure que nous avons, c’est la disponibilité des uns et des autres à sortir de ce tuyau qui ne fait pas du bien au pays »

Le général Francis Béhanzin.

Le général Francis Béhanzin, commissaire des affaires politiques, paix et sécurité de la CEDEAO a rencontré jeudi à Lomé, les protagonistes de la crise qui secoue le Togo, entretien à l’issue duquel ce dernier a affirmé avoir constaté la « disponibilité des uns et des autres à sortir de ce tuyau qui ne fait pas du bien au pays ».

Le général a rencontré séparément les délégations des 14 partis politiques de la coalition de l’opposition et du parti au pouvoir, avant de les mettre ensemble dans la soirée, pour une synthèse des tractations. Et les discussions se sont déroulées à huis clos à l’Hôtel 2 février.

Principale mission du général Béhanzin : faire l’évaluation des recommandations des présidents ghanéen et guinéen (facilitateurs), après leur passage le 27 juin dernier à Lomé.

« L’impression majeure que nous avons, c’est la disponibilité des uns et des autres à sortir de ce tuyau qui ne fait pas du bien au pays et, partant, au peuple de la CEDEAO. C’est toute la sous-région qui est concernée quand un pays souffre d’une difficulté socio-politique », a déclaré Francis Béhanzin.

« L’entretien s’est déroulé dans une ambiance de bonne convivialité et de bonne fraternité, avec la dynamique de continuer à poursuivre la réconciliation (…) Nous avons vu une ouverture d’esprit, un franc parlé et une recherche, d’une compassion partagée, parce qu’au cours des différents événements, ce sont des togolais qui sont morts. De part et d’autre, chaque partie recherche une compassion partagée », a-t-il précisé.

La suite, a-t-il souligné, « c’est le plan d’action que les chefs d’État ont demandé à la commission d’élaborer ».

« On n’a pas la force d’évaluer, on a la force de venir exécuter une revue de ce qui a été recommandé par les facilitateurs, et de savoir si cette dynamique de poursuite de dialogue continue d’exister. Et je pus affirmer que cette dynamique de dialogue continue d’exister », a ajouté le général.

Selon Jean Pierre Fabre, chef de file de l’opposition, « tout reste à faire », le pouvoir n’ayant pas la volonté de mettre en exécution les recommandations des facilitateurs.

« Nous avons été invités pour faire le point de la mise en œuvre des mesures préconisées lors de la réunion du 27 juin. Donc, nous avons passé en revue  ces points notamment la libération des personnes détenues, la liberté de manifester sur l’ensemble du pays et l’arrêt du processus électoral. Nous avons balayé tous ces points avec le commissaire et nous lui avons dit notre appréciation », a déclaré à l’Agence Savoir News M. Fabre à la sortie des discussions.

« Tout reste à faire. Il y a 57 personnes encore détenues. Le gouvernement dit avoir libéré 19 personnes. Sur les 19, 12 avaient déjà fait l’objet d’une libération provisoire. En réalité, sept personnes ont été libérées depuis le passage des deux chefs d’État. Il y a donc une volonté de ne pas respecter les recommandations de la facilitation », a-t-il martelé.

Le chef de file de l’opposition s’est dit « serein » et « toujours déterminé » : « J’espère que les togolais sont déterminés pour prendre leur destin en mains ».

Rappelons que le Togo est secoué depuis août dernier, par une nouvelle crise avec des manifestations répétées d’une coalition de 14 partis politiques de l’opposition qui exige notamment le retour à la constitution originelle de 1992, la révision du cadre électoral et l’instauration du droit de vote de la diaspora.

Le dialogue entamé le 19 février, n’a connu que quatre séances: 19 février, 23 février, 23 mars et 27 juin. Les pourparlers s’enlisent sur la candidature du président en 2020. Situation qui a poussé la Cédéao à prendre le devant des événements. Ainsi, tout le monde retient son souffle en attendant le prochain sommet de l’organisation sous-régionale, prévue fin juillet à Lomé. FIN

 

Junior AUREL