VIH/Prévention combinée : mieux connaître la PrEP

Dr Fatou Fall

La Prévention combinée fait partie des thématiques au cœur du 4ème Forum du Réseau des médias sur le VIH en Afrique de l’Ouest et du Centre organisé par le Remapsen, qui a démarré depuis mardi dans la capitale sénégalaise.

Cette thématique a été abordée sous divers aspects dont la Prophylaxie Préexposition (PrEP) qui a suscité plusieurs interrogations. Et pour mieux cerner la question, l’Agence Savoir News a tendu son micro à Dr Fatou Fall (Direction de lutte contre le Sida et les IST au ministère sénégalais de la santé), qui a déclaré que la PrEP offre une protection d’au moins 80%. Lisez plutôt.

Docteur c’est quoi la PrEP ?

La PrEP, entendez Prophylaxie préexposition est un traitement préventif pour les personnes très exposées au VIH. C’est une stratégie efficace de prévention de la transmission du VIH à laquelle les personnes séronégatives pour le VIH peuvent recourir pour réduire leur risque de contracter le virus. Elle fait partie intégrante d’un ensemble de préventions. Le traitement démarre avant, et se poursuit après un éventuel contact avec le VIH pour éviter une infection.

On n’a donc plus besoin du préservatif ?

Si. La PrEP est une solution qui vient compléter celles qui existaient déjà, pour faire un ensemble. Parce que toutes les études ont montré que la prévention du VIH est efficace quand elle est combinée. Même les activités de sensibilisation (l’IEC : information, éducation, communication) font partie de la prévention, la distribution et l’utilisation correcte de Condom, l’utilisation de la PrEP. C’est donc un ensemble complet qui fait une prévention maximale.

Mais la crainte est que les gens se focalisent sur l’outil plutôt que sur ce qu’elle est censée apporter ? Par exemple, que des jeunes vivants avec le virus y trouvent un moyen sûr pour s’adonner aux rapports sexuels non sécurisés ?

En fait, il y a eu des craintes dès le départ. Raison pour laquelle des études ont été menées avec des évaluations. Et il en est ressorti que, si l’information claire et précise est donnée aux bénéficiaires, pour qu’ils comprennent ce qu’est la Prophylaxie Pré-Exposition, qu’ils comprennent que la PrEP fait partie intégrante d’un ensemble de préventions. Si ce message est bien conçu et bien compris, la mise en œuvre sera aisée.

La PrEP coûte combien ? Qui en sont les bénéficiaires ?

C’est gratuit. C’est gratuit pour les bénéficiaires, mais cela a un coût en termes de santé publique. Donc pour des raisons de santé publique, ce n’est pas quelque chose qu’on peut offrir à toutes les populations. Et au Sénégal, on a défini les bénéficiaires : ce sont les populations à haut risque.

Qui sont ces populations à haut risque ? Avez-vous déjà fait une évaluation pour affirmer qu’elles sont à haut risque ?

Il s’agit des populations clés (les professionnels de sexes, les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, des usagers de drogues) et les personnes qui sont séronégatives dans un couple séro-discordant.

On connaît le risque, on connaît les prévalences élevées au sein de ces groupes. Et c’est pourquoi on leur a proposé la PrEP en priorité dans leur paquet de préventions.

Quelle efficacité offre la PrEP en termes de protection, quelle ?

Toutes les études ont montré une protection d’au moins 80%. Nous, nous sommes encore en train d’analyser les premiers résultats et dans la plupart des cibles, on n’a eu aucune contamination. Cela veut dire que les personnes qui sont sous PrEP, qui sont suivies au fil des mois, il n’y a aucune nouvelle infection au VIH parmi ce groupe. Donc ce sont des résultats préliminaires et on fera l’évaluation étape par étape, car on est à peu près à un an de mise en œuvre et c’est encore trop tôt pour rendre des résultats définitifs. FIN

Depuis Dakar, propos recueillis par Ambroisine MEMEDE