Première journée des audiences à Tsévié: 14 auditions écoutées par la CVJR sur les troubles politiques de 1958 à 1963 et les violences politiques de 2005

Les audiences publiques, privées et à huis clos de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR) ont officiellement démarré ce jeudi à l’hôtel St Georges à Tsévié (environ 35 km au nord de Lomé), a constaté un envoyé spécial de l’Agence Savoir News.

Au total 14 auditions dont une en privé et deux in caméra ou à huis clos ont été écoutées par la CVJR sur des événements liés notamment aux troubles politiques de 1958 à 1963 et aux violences politiques de 2005.

Gadzi Jean Sessi, a été le premier à s’expliquer devant la commission. Il a déclaré qu’en 1963, étant le secrétaire du CUT, session de Notsè, il a été arrêté avec d’autres membres. Le commandant Assila était en ce moment le commanditaire des arrestations.

« J’ai toujours eu de problèmes avec Assila, parce que j’étais membre de CUT. J’ai dû fuir pour un village, mais on a envoyé des gens m’arrêter. On m’a transféré à Lomé où j’ai été à plusieurs reprises emprisonné et torturé. Après j’ai un autre problème foncier avec le commandant Assila. Il a voulu me retirer de force une portion de terre. J’ai subi encore des exactions et des violences. C’est grâce à un prête que je ne vis actuellement, parce qu’il n’acceptait pas le fait qu’on me torturait », a-t-il souligné.

Adabadji Koudamenou, cultivateur, âgé de 61 ans a révélé que son père progressiste, a également subi des exactions venant des membres du CUT : « Mon feu père a été arrêté et envoyé à Tabligbo pour être correctement fessé ».

« En 1960 le CUT avait le vent en poupe. Ainsi, tous ceux qui n’étaient pas de ce parti étaient opprimés. Mon père a été arrêté et sauvagement tapé par un responsable du CUT à Tabligbo », a-t-il affirmé.

Togbui Mitoêkpo Adjokou II, 90 ans, a expliqué devant la commission qu’en 1958, il y avait de fortes rivalités entre le CUT et le parti du Progrès : « J’étais chef, mais je pouvais rien, car j’étais soupçonné d’être proche du CUT ».

« J’ai été menacé, jusqu’au point où j’ai demandé à mes femmes de regagner leurs familles respectives avec les enfants. Moi-même, j’ai finalement fui pour le Ghana. Après mon départ, les milices sont venues casser tout dans ma maison. Mes biens ont été brûlés. C’est en 1963 que je suis rentré au pays. La douleur était immense », a-t-il raconté.

A la lumière des différents témoignages, à propos des événements liés aux troubles politiques de 1958 à 1963, il apparaît à la CVJR que la passion qui a animé les militants des différents partis politiques d’alors, a conduit à des exactions, contribué à raviver les rancœurs et incité certains miliciens communément appelés Ablodé sodja à se venger. Aujourd’hui, ces témoignages éclairent mieux les Togolais sur les conflits entre les différents partis politiques d’hier qui ont marqué l’histoire de la lutte pour l’indépendance en 1958 et les années suivantes.

S’agissant de la présidentielle d’avril 2005, la Commission a déploré les violences qui l’ont accompagnées.

Fidèle à sa mission, la CVJR a appelé les victimes de ces différents événements, malgré les séquelles que certaines traînent encore, à ne pas cultiver l’idée de vengeance.

Elle a rappelé que c’est à la lumière des informations fournies par les différents intervenants au cours des audiences (publiques, in camera et privées) ainsi que des rapports de ses investigations, qu’elle fera ses recommandations finales à l’attention du peuple togolais dans le sens de l’apaisement.

Les audiences se poursuivent vendredi à Tsévié et seront consacrées aux violences électorales de 2005 et autres événements.

En rappel, les audiences sont consacrées à la recherche de la vérité sur les violences électorales et autres violations des droits de l’homme qui sont survenues dans notre pays entre 1958 et 2005 dans le cadre des séances publiques, à huis clos et privées qui donnent la parole aux victimes, témoins et aux auteurs présumés.

De Tsévié Nicolas KOFFIGAN

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