PGICT: A Edoh-wokuicopé, plus d’inondation, les habitants heureux de retourner à leurs activités (MAGAZINE)

« Bienvenus à vous, nous vous témoignons notre gratitude pour tous vos bienfaits », chantent en chœur, un petit groupe de femmes du village Edoh-wokuicopé pour accueillir Mme Mesky Brhane (nouvelle directrice technique du département urbain et réduction des risques et catastrophes pour l’Afrique du Groupe de la Banque mondiale).

Derrière ces femmes, quelques notables de ce village — bien drapés dans leurs habits traditionnels de fête — esquissent quelques pas de danse.

Situé à une centaine de kilomètres au nord de Lomé, Edoh-wokuicopé (dans le Bas-Mono), fait partie des localités ayant bénéficié du Projet Gestion Intégrée des Catastrophes et des Terres (PGICT), financé par la Banque mondiale et mis en exécution par le ministère de l’environnement et des ressources forestières.

Donc arrivée à Lomé le 19 mars pour une prise de contact de quatre jours, Mme Brhane a visité certaines infrastructures réalisées dans le cadre du PGCIT.

« Parmi tous les sous-projets, c’est celui réalisé dans ce village qui m’a le plus impressionné, car fortement axé sur le principe de la participation communautaire », a-t-elle apprécié.

Petit village d’environ 600 habitants qui vivent notamment de l’agriculture, Edoh-wokuicopé est situé dans la dépression du bassin du fleuve Mono.
Ainsi, pendant les saisons pluvieuses, le village était toujours inondé par l’eau de ruissellement des villages voisins.

A chaque saison depuis 2010, des cases s’écroulaient comme des châteaux de cartes et les cultures totalement dévastées.

« Nous vivions le calvaire pendant les saisons de pluies. L’eau envahissait totalement le village et nos cultures détruites. Les femmes n’arrivaient plus à mener leurs activités pendant cette période. Les élèves étaient aussi contraints de rester à la maison », raconte Toto Komivi, l’un des jeunes de ce village.

« Pendant certaines saisons pluvieuses, tous les habitants du village sont déplacés vers Afagnan par les responsables de la préfecture. Maintenant, c’est fini, plus d’inondation ici à Edoh-wokuicopé », se réjouit ce jeune, qui prépare et vend du sodabi (boisson locale).

« Après les dernières pluies, tout le village était en fête. Car tout était intact, aucune maison inondée. L’eau coulait normalement des tranchées vers le bassin », ajoute Togbui Edoh-wokui Tchansi, chef de ce village.

’Bassin géant réalisé à la main’

Tout a commencé en avril 2016, quand les habitants de ce village se sont mobilisés pour mettre fin à leur « souffrance », avec l’idée géniale de construire une retenue d’eau et d’autres infrastructures pouvant drainer les eaux d’inondations et assainir le milieu, grâce au PGICT. Somme débloquée : 32 millions de F.CFA, soit 60.000 dollars Us.

« Tous les travaux ont été réalisés à la main, par les habitants du village. Nous n’avons utilisé aucune machine. C’est d’ailleurs ce qui impressionne tous ceux qui viennent ici », confie Paulin Améyihoun, un technicien ayant supervisé le chantier.

L’ensemble des travaux comporte : une retenue d’eau, une tranchée pour l’écoulement des eaux, des aménagements pour le maraîchage, l’aménagement de la piste d’accès au village et la construction d’un dalot).

Sur le chantier, tous ceux qui ont travaillé ont perçu une « prime » de 20.000 F.CFA la quinzaine. La main d’œuvre était constituée à 80% des femmes du village, sur les 246 personnes qui ont travaillé sur le chantier.

« Le travail n’était pas facile, mais on était très déterminé à mettre fin à ce cycle infernale d’inondations dans notre village. Les hommes creusaient et nous autres, ramassions du sable et des cailloux dans des bassines sur la tête. On faisait le travail sous le soleil et sous la pluie. Pour nous aider à mieux faire le travail, on nous avait distribué des bottes, des gilets et des casques », se souvient encore Dame Améyo, assise sur une pierre au bord de cette retenue d’eau.

« Les fonds reçus, nous ont permis te tenir nos foyers pendant une bonne période et de renforcer nos activités génératrices de revenus. D’autres femmes ont profité pour mener des activités de maraîchage autour de la retenue d’eau », ajoute cette femme, qui a travaillé pendant près de trois mois qu’ont duré les travaux.

« Le travail a été très dur, car c’était la force physique humaine déployée du début jusqu’à la fin. Il a fallu 45 jours pour faire la fouille et 3 jours pour réaliser la dune qui entoure la retenue. Les populations de ce village sont à saluer », renchérit Alex Yao Hoegnikou, directeur exécutif de l’Ong OVAD-AP (Organisation des Volontaires Acteurs de Développement-Action Plus), structure ayant encadré les habitants d’Edoh-wokuicopé durant les travaux.

’Le PGICT et l’approche participative et inclusive’

Officiellement lancé en février 2013, le PGICT développe une approche participative et inclusive qui permet aux communautés bénéficiaires d’être les acteurs du développement de leurs localités.

« Aujourd’hui, nous avons franchi un pas important dans la gestion et la prévention des catastrophes. Il faut reconnaître que l’implication des populations dans le projet est à féliciter. Elles s’approprient les outils et c’est important », a souligné AmidouMorou (coordonnateur du PGICT).

« Le PGICT est un projet élaboré par le gouvernement togolais pour répondre aux préoccupations liées à la prévention et la gestion des catastrophes et faire en sorte que les capacités du pays soient renforcées lorsque les situations d’urgence se posent. Nous faisons donc en sorte que la résilience des populations soit renforcée en amont et que le gouvernement ait la capacité d’intervenir lorsqu’une catastrophe survient », a-t-il ajouté.

Le PGICT exécute plus de cent sous projets à travers tout le Togo pour le compte de sa composante 2 (activités communautaires d’adaptation aux changements climatiques et de gestion durable des terres).

Les activités communautaires mises en œuvre sont de trois types : (i) les activités communautaires de réduction des risques de catastrophes et de dégradation des terres dans les bassins fluviaux et les zones inondables, (ii) les activités communautaires sur les terres de cultures et de pâturages qui visent à accroître la résilience de l’agriculture aux changements climatiques, la productivité des terres ainsi que l’efficience de l’utilisation de l’eau et les meilleures pratiques de la GDT (Gestion Durable des Terres) et (iii), les activités communautaires de gestion durable des forêts et des zones humides.

Notons que le PGICT est financé à hauteur de 16,947 millions de dollars US par la Banque mondiale. FIN

De retour à Lomé, Junior AUREL

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