« Pauvreté et migration en Afrique: enjeux, évolution et perspectives des flux migratoires des filles Ouatchi à Lomé », thèse de doctorat brillamment soutenu ce mercredi par M.Sébastien K. Segniagbeto

M. Sébastien Segniagbeto a brillamment présenté et soutenu ce mercredi à l’auditorium de l’Université de Lomé, sa thèse unique de doctorat en sociologie sur le thème : « Pauvreté et migration en Afrique: enjeux, évolution et perspectives des flux migratoires des filles Ouatchi à Lomé », a constaté une journaliste de l’Agence Savoir News.

Ce travail a valu à l’impétrant la mention « très honorable, avec félicitations du jury ».

Ce jury — présidé par Professeur Koami Kossi-Titrikou — était composé de quatre professeurs.

Dans un document de 530 pages, le nouveau docteur a mené ses recherches, en vue de savoir ce qui entraîne la migration des filles Ouatchi vers Lomé depuis les années 1958 jusqu’en 2013.

Cette recherche l’a conduit à tracer le fil de plusieurs réalités des filles venues de la partie sud-est du Togo.

« Le constat, c’est qu’il existe aujourd’hui des filles Ouatchi qui travaillent comme portefaix au grand marché de Lomé. Nous sommes partis de ce constat, afin de comprendre comment les filles Ouatchi sont arrivées à devenir des portefaix. Et progressivement, nous avons pu comprendre à travers les résultats urbains du recensement de 1958 et 1959 qui nous ont été remis par un certain Marc Pilon Directeur de recherche à l’Université Descartes de Paris. Ces résultats nous ont révélé qu’à cette époque, il y avait des filles Ewé, Adélé, Apkosso et Ouatchi au sein des ménages Guin qui travaillaient alors que ces filles étaient dans des familles apparentées avec elles », a-t-il expliqué.

Ce phénomène, selon lui, s’explique par le fait que les parents Ouatchi voulaient à un moment que leurs enfants restent chez les commerçantes Guin pour apprendre à faire le commerce, afin qu’elles deviennent aussi de grandes commerçantes.

« Mais au même moment que ces femmes étaient des commerçantes qui traversaient tous les marchés ruraux, elles n’ont pas le temps de rester auprès de leurs enfants à la maison. Il faut trouver quelqu’un qui puisse rester auprès de ces enfants. Les filles Ouatchi étaient disposées à faire ce travail.
Donc, c’est comme cela que ce phénomène a commencé. Mais, progressivement lorsque les conditions au niveau de ces femmes commerçantes devenaient compliquées et qu’elles n’arrivaient plus à prendre en charge normalement les filles, alors elles décident de quitter les Guin, pour mener d’autres activités », a-t-il souligné.

C’est ce qui a amené plusieurs d’entre elles à apprendre certains métiers notamment la couture, la coiffure. La saturation de ces métiers va conduire une bonne partie de ces filles Ouatchi qui désirent toujours aller vers la ville à rester au grand marché comme portefaix.

L’observation simple, a-t-il indiqué, permet de dire que le phénomène n’est pas en régression, mais c’est plutôt un phénomène en progression et qui prend d’autres formes de trafics et de migration. Et Lomé n’est plus la seule destination, car il y a d’autres destinations comme le Bénin, le Nigeria, le Gabon et le Liban.

« M.Segniagbeto s’est montré candidat de grande valeur. Il a fourni un travail de terrain, il a recherché des documents sur le terrain auprès des filles, des autorités pour savoir en quoi consiste la vie des filles Oautchi qui migrent, qui quittent leur village pour la ville. Et quelles sont les principales causes de migration de ce mouvement de la campagne vers la ville », s’est félicité Koami Kossi-Titrikou, professeur à l’Université de Lomé, président du jury.

A l’issue de ce travail, a-t-il ajouté, « il a pu faire des constats et a obtenu des résultats qui montrent que la fille est là pour l’amélioration de ses conditions de vie, mais en réalité elle vit dans la misère et ce phénomène est d’actualité ». FIN

Abbée DJAGLO

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