Ourna Gnanta: « Il faut rapidement des mesures pour calmer le climat social et ouvrir un dialogue franc et sincère. La recomposition de la CENI doit être à l’ordre du jour (…) »

Les togolais se préparent à aller aux urnes pour des élections législatives et locales, mais aucune date n’a encore été fixée pour la tenue de ces scrutins. Le recensement électoral a pris fin depuis le 31 mars dans la zone I. Dans la zone II, cette opération qui a démarré depuis le 12 avril, devrait prendre fin le 21 avril, mais elle a été prorogée d’une semaine, en raison de « l’engouement de la population, l’affluence dans plusieurs Centres de Recensement et de Vote (CRV) et également quelques pannes de part et d’autre de matériel électoral ».

Dimanche, la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) a encore décidé d’accorder 48 heures supplémentaires aux populations de la Préfecture du Golfe et de la commune de Lomé. Est-ce une bonne décision? Les opérations se sont-elles bien déroulées dans l’ensemble? Faut-il un audit, comme le souhaitent certains partis politiques de l’opposition? Y-a-t-il d’inquiétudes pour les prochaines élections ? etc… Autant de questions posées à Ourna Gnanta, membre du Comité politique de L’ALLIANCE, dans une interview exclusive à l’Agence Savoir News. Ourna Gnanta n’a pas passé sous silence le dernier discours du chef de l’Etat Faure Gnassingbé.

Savoir News: Quel commentaire faites-vous du discours à la nation du chef de l’Etat le 26 avril dernier?

Ourna Gnanta: trouve ce discours très courageux sur certains aspects. Cependant le chef de l’état a évoqué des problèmes sans annoncer des mesures. Aussi il a semblé réduire les grèves aux seules réactions des secteurs de la santé et de l’éducation suscitant ainsi la colère des travailleurs des autres secteurs. Je trouve cette prise de position indélicate. Le président Faure Gnassingbé a enfin reconnu que notre administration est politisé. Nous en prenons acte.

Q: Vous venez de boucler une mission à l’intérieur du pays, dans le cadre du recensement électoral. Qu’avez-vous constaté durant votre périple?

R :

Dans l’ensemble, les opérations se sont bien déroulées malgré les dysfonctionnements qui sont apparues. La CENI, sous notre pression a essayé d’apporter des solutions à la plupart des problèmes rencontrés. Il faut dire que c’est pour la première fois que les togolais organisent un recensement biométrique sans l’appui des partenaires techniques habituels.

Q: La Coalition « Arc-en-ciel » et le CST ont à plusieurs reprises dénoncé des « manœuvres frauduleuses », des cas d’enrôlement de mineurs et d’étrangers. Avez-vous fait le même constat? Si oui dans quelles localités?

R: crois tout simplement qu’il faut réunir les preuves et saisir les instances indiquées. Nous avons été saisis, mais nous n’avons pas pu pour l’heure rassembler les éléments de preuves. Dans tous les cas, c’est au niveau des textes depuis 2007 qu’on a ouvert la porte à ce genre de difficultés en introduisant le simple témoignage de chef comme justificatif permettant d’être enrôlé sur la liste électorale.

Q: D’aucuns estiment qu’il faille encore proroger l’opération d’au moins une semaine dans la zone II en raison de certains rencontrés sur le terrain: lenteur des Opérateurs de saisie, panne de certains kits ou des accessoires etc… Est-ce que l’Alliance s’inscrit dans cette même logique?

R:

Nous avons exigé et obtenus une prorogation d’une semaine dans la zone II et nous pensons encore qu’il reste beaucoup d’électeurs à enrôler à Lomé et dans la préfecture du

Golfe. Pour cela, nous avons demandé une seconde prorogation de quatre jours au moins, mais la CENI a accordé 48h. A notre entendement, au regard de la mobilisation permanente dans centre, 48 h ne suffiront pas. Nous appelons les togolais en âge de voter et désireux de se faire établir une carte, à rallier en masse les centres de recensement et de vote.

Q: Pensez-vous qu’il faut un « audit » à la fin de cette opération, comme l’ont exigé la Coalition et le CST?

R: L’Objectif de ces opérations est de doter le Togo d’un fichier électoral fiable. Si les acteurs brandissent des preuves de fraudes, l’audit s’imposera.

Q: – Avez-vous des inquiétudes pour les prochaines élections? Si oui, pourquoi?

R: Il y a de quoi s’inquiéter pour les prochaines élections. L’environnement politique est très tendu. C’est ce qui explique la position des partenaires comme l’union européenne et le PNUD. Il faut rapidement des mesures pour calmer le climat social et ouvrir un dialogue franc et sincère. La recomposition de la CENI doit être à l’ordre du jour des prochaines discussions. FIN

Propos recueillis par Junior AUREL

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