Violations des droits de l’Homme: « Recrudescence alarmante », selon la LTDH

Célestin Agbogan, président de la LTDH.

La Ligue Togolaise des Droits de l’Homme a rendu public ce mercredi, un nouveau rapport sur la situation des droits de l’Homme au Togo, document couvrant une période de huit mois (début août 2018 au 13 avril 2019). Selon le document, c’est la période au cours de laquelle « les violations des droits de l’Homme ont connu une recrudescence alarmante ».

Le rapport « couvre toutes les violations des droits de l’Homme pendant les manifestions politiques organisées par les partis politiques de l’opposition » dans plusieurs localités (Lomé, Agoé, Aflao, Adidogomé, Bè, Baguida, Kpogan, Vogan, Anié, Kpalimé, Atakpamé, Sokodé, Kparatao, Bafilo, Alédjo Kadara, Kara, Mango et Dapaong), souligne la LTDH.

« Les faits collectés par la LTDH et présentés dans le présent rapport couvrent la période qui va de la répression des manifestations publiques qui se sont inscrites dans la continuité des réclamations relatives au retour à la Constitution de 1992 et aux réformes constitutionnelles et institutionnelles, jusqu’à la répression de la dernière manifestation publique pacifique organisée par le Parti National Panafricain (PNP), le 13 avril 2019 », souligne le rapport dont l’Agence Savoir News a obtenu copie.

La LTDH dénonce « la sauvagerie et la brutalité de cette répression qui se sont traduites par des pertes en vies humaines, des actes cruels, inhumains et dégradants ».

Ce rapport intitulé « Togo : La Terreur contre le Peuple », aborde plusieurs aspects: assassinats et tentatives d’assassinat, atteintes à l’intégrité physique, maltraitances psychologiques, destructions, extorsions de biens, pillages et vols, disparitions forcées, tentatives d’enlèvement et menaces, exactions commises sur les mineurs, entraves aux libertés publiques au Togo, situation des détenus libérés et placés sous contrôle judiciaire, garde à vue ou garde pour torturer et maltraiter ? Partialité des juges etc…

S’agissant des décès, le rapport fait état de 4 morts et plusieurs blessés graves ainsi que des personnes arrêtées et déposées dans plusieurs prisons civiles entre le 8 et le 18 décembre 2018. Parmi ces morts, Idrissou Moufidou, un enfant âgé de 12 ans qui a été tué par balle dans l’œil droit à Togblékopé.

Un autre décès a été enregistré le 13 avril 2019 à Bafilo, dans le cadre de la manifestation pacifique organisée par le PNP.

Concernant les atteintes à l’intégrité physique, relève la LTDH, « les manifestants arrêtés sur les lieux de manifestations par les forces de sécurité subissent des sérieuses et graves atteintes à leur intégrité physique ».

Par ailleurs, la Ligue dénonce les conditions de vie des défenseurs des droits de l’Homme et des détenus dans prison et la grande surpopulation dans certaines prisons du pays : « Les conditions sanitaires sont tout autant déplorables. Les prisons togolaises ne sont pas dotées d’infrastructures de santé. Il en est de même pour les centres de santé des villes où se font consulter ou traiter les détenus venant des prisons qui n’ont pas de cabanon. Ce qui complique le travail des surveillants de l’administration pénitentiaire, en témoigne de nombreux cas d’évasion de détenus depuis les centres de santé ».

Pour boucler la boucle, la LTDH a formulé une série de recommandations  à l’endroit : à l’endroit de l’État togolais, des organisations onusiennes et communauté internationale et à l’endroit des organisations de défense des droits de l’homme.

A l’endroit de l’État, la Ligue l’invite à « éviter la fuite en avant dans le cadre de la résolution des crises en adoptant des mesures concrètes et en prenant des dispositions utiles et nécessaires pour la résolution de la crise ».

Elle exhorte aussi les autorités togolaises à « protéger les défenseurs des droits de l’Homme et garantir aux associations la liberté d’exercice » et à « procéder à la libération des défenseurs des droits de l’Homme, en l’occurrence le Président du Mouvement en aucun cas Folly Satchivi ».

À l’endroit des organisations de défense des droits de l’homme, la LTDH les invite à jouer pleinement leur rôle, non seulement de principaux acteurs du développement mais aussi en tant que contre-pouvoir : « Ce rôle est reconnu par le gouvernement togolais dans son livre blanc consécutif aux travaux de la Commission Vérité Justice et Réconciliation ». FIN

Junior AUREL