Mutilations génitales féminines : La ministre Kolani-Yentcharé appelle à « des initiatives coordonnées » pour venir à bout du fléau

Le monde entier commémore ce samedi, la Journée internationale de tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines. Thème retenu cette année : « Réaliser les nouveaux Objectifs de développement durable en éliminant les mutilations génitales féminines d’ici à 2030 ».

Les mutilations génitales féminines recouvrent l’ensemble des interventions qui consistent à altérer ou à léser les organes génitaux de la femme pour des raisons non médicales. Elles sont reconnues au niveau international comme étant une violation des droits fondamentaux des femmes et des filles.

Elles sont le reflet d’une inégalité profondément enracinée entre les sexes et constituent une forme extrême de discrimination à l’égard des femmes et des filles. Ces pratiques violent également leurs droits à la santé, à la sécurité et à l’intégrité physique, le droit d’être à l’abri de la torture et de traitements cruels, inhumains ou dégradants, ainsi que le droit à la vie lorsque ces pratiques ont des conséquences mortelles.

Selon Mme Tchabinandi Kolani-Yentcharé (ministre de l’action sociale de la promotion de la femme et de l’alphabétisation), les mutilations sexuelles sont pour la plupart pratiquées sur des jeunes filles entre l’enfance et l’âge de 15 ans et à l’occasion sur des femmes adultes.

Entre 130 et 140 millions de jeunes filles et de femmes dans le monde ont subi cette pratique, affichent les statistiques de l’OMS.

« Tout comme dans la plupart des pays d’Afrique, les mutilations génitales féminines sont pratiquées au Togo. Réalisée par des praticiennes traditionnelles, l’opération se fait dans la plupart des cas sans anesthésie et surtout à l’aide des mêmes instruments tranchants (couteaux, lames rasoirs, ciseaux) sur plusieurs personnes.L’intervention est systématiquement traumatisante et provoquent des saignements importants et des problèmes de santé tels que des kystes, des infections, l’infertilité, des complications à l’accouchement ou des risques plus élevés de décès chez le nouveau-né. La pratique des MGF renforce la prédisposition au VIH/SIDA, à l’hépatite et à d’autres maladies transmissibles par le sang », a relevé le ministre.

« C’est une pratique discriminatoire contraire aux droits à l’égalité des chances, à la santé, au droit de ne pas être exposé à la violence, aux blessures, aux sévices, à la torture et aux traitements cruels, inhumains ou dégradants, au droit à la protection contre les pratiques traditionnelles préjudiciables à la santé, et au droit de faire librement des choix en matière de reproduction », a-t-elle poursuivi.

Des actions de grandes envergures menées par le Togo

Au Togo, des actions de grandes envergures ont été menées par le gouvernement en synergie avec les Organisations de la Société Civile, en vue d’enrayer ce fléau.

La ministre a surtout mis l’accent sur la loi portant interdiction des Mutilations
Génitales Féminines au Togo, promulguée le 17 novembre 1998 et qui prévoit des peines d’emprisonnement allant de 2 mois à 10 ans et des amendes entre 20.000 FCFA à 1.000.000 FCFA.

« Il est nécessaire donc de mentionner que des auteurs de la pratique de l’excision ainsi que leurs complices ont été condamnés à des peines d’emprisonnement et au payement des amendes sus indiquées. On note également que beaucoup d’autres cas sont réglés par les chefs traditionnels sensibilisés à cet effet et qui sont acquis à la cause », a-t-elle précisé, ajoutant au passage les multiples campagnes de sensibilisation dans toutes les régions en collaboration avec les organisations de la société civile.

Et ces efforts ont payé, car le taux national dans la tranche d’âge de 0 à 49 ans est passé de 12% en 1996 à 6,9% en 2006 et à 3,9% en 2010, selon des études réalisées pour apprécier l’ampleur du phénomène entre 1996 et 2010.
Pour venir complètement à bout de ce fléau, a indiqué Mme Kolani-Yentcharé, il convient de « mettre en œuvre des initiatives coordonnées et systématiques tout en impliquant l’ensemble des communautés sur la question des droits fondamentaux et celle de l’égalité de sexes ».

« Ces initiatives doivent mettre l’accent sur le dialogue social et permettre aux communautés d’agir elles-mêmes, collectivement, en vue d’éliminer cette pratique. Elles doivent aussi pouvoir répondre aux besoins des femmes et des filles qui subissent les conséquences de cette pratique, en particulier en matière de santé sexuelle et reproductive », a-t-elle suggéré. FIN

Edem Etonam EKUE

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