Meurtre d’un journaliste d’investigation au Ghana: Le Parlement convoque un député

Le député ghanéen, qui avait appelé à « frapper » un journaliste d’investigation quelques semaines avant qu’il ne soit assassiné devant son domicile a été convoqué par le Parlement mercredi, et sera entendu par une Commission spéciale sur l’éthique.

L’attitude de Kennedy Agyapong, député pour le Nouveau parti patriotique (NPP, au pouvoir) « a terni l’image de l’Assemblée », a regretté Mike Oquaye, président de l’Assemblée Nationale, en ouvrant la séance mercredi.

« L’affaire a été transmise à la Commission pour les Privilèges, qui l’étudiera », et décidera d’une date pour sa convocation, a-t-il ajouté.

Cette commission parlementaire a la tâche de juger les questions éthiques et morales, et a le pouvoir de suspendre ou renvoyer un député de ses fonctions.

Kennedy Agyapong avait donné l’identité et le visage d’Ahmed Hussein-Suale, journaliste d’investigation qui avait révélé de graves scandales de corruption dans le football africain.

Sur sa propre chaîne de télévision, il avait montré des photos du jeune journaliste, promettant de l’argent à qui irait « le frapper ».

« Ce garçon est très dangeureux, il vit ici, à Madina (dans la périphérie de la capitale, Accra », avait lancé le député, mis en cause indirectement dans le documentaire explosif « Number 12 » où Ahmed Hussein-Suale et ses collègues ont piégé des dizaines d’arbitres ghanéens et du continent en leur proposant des pots-de-vin.

« Si vous le voyez, frappez le », avait asséné le député, qui s’est ensuite défendu d’avoir « commandité » son assassinat et a été entendu par la police ghanéenne.

Deux semaines après la mort du jeune homme, Agyapong n’a dit avoir « aucun regret » d’avoir dévoilé l’identité du journaliste, qui avait réalisé son enquête de manière totalement anonyme, sous la direction d’Anas Aremeyaw Anas, célèbre journaliste dont personne ne connaît le visage et qui se dissimule toujours derrière un chapeau voilé de perles.

« Je ne connais pas ce mec », a-t-il lancé dans une interview à la BBC diffusée mercredi matin, juste avant la séance parlementaire. « Il ne m’a jamais offensé. Tout ce que j’ai fait, c’est montrer aux Ghanéens quel est le vrai visage d’Anas ».

Le député mis en cause, un riche homme d’affaires, a dit ne pas faire confiance à la police pour mener une enquête sur le meurtre du journaliste et a affirmé qu’il mènerait ses propres recherches.

Il a d’ailleurs promis 20.000 dollars à toute personne qui aurait des informations utiles, un chiffre bien plus élevé que la récompense de 3.000 dollars promise par la police pour les aider à « arrêter les responsables ».

Mi janvier, la police avait interrogé Agyapong ainsi que le président de la fédération de football ghanéenne, Kwesi Nyantakyi, également mis en cause dans l’enquête pour corruption et forcé à démissionner de ses fonctions depuis.

Le député Agyapong, élu depuis 2000, est considéré comme « intouchable », notamment grâce à son réseau politique au sein du NPP et à sa grande fortune.

SOURCE : AFP