Message/état de la nation : Trois grandes annonces et hommage à Gilchrist

Faure Gnassingbé, saluant Gilchrist Olympio.

Le chef de l’État togolais Faure Gnassingbé a fait trois grandes annonces, dans son message sur l’état de la nation devant les députés ce vendredi à l’Assemblée nationale.

« Nous restons attachés à la recherche de l’amélioration des conditions de vie des citoyens. J’ai instruit, dans ce sens, le gouvernement de prendre en compte -dans le cadre du prochain budget – les préoccupations visant à améliorer le pouvoir d’achat, à travers la revalorisation -dès janvier 2020- de la valeur indiciaire », telle est la première annonce faire par le président de la République, fortement ovationné par l’assistance.

Dans la même dynamique, a-t-il poursuivi, «le gouvernement intensifiera les consultations et engagera les études actuarielles nécessaires pour la reprise -toujours dès janvier 2020 – de l’allocation de départ à la retraite, d’une façon soutenable et compatible avec la poursuite des efforts d’assainissement de nos finances publiques».

De plus, a ajouté Faure Gnassingbé, « les dispositions sont d’ores et déjà prises pour la construction de deux locaux qui seront mis à la disposition des associations pour servir de maisons des retraités ».

« Outre les considérations liées à la place des aînés dans notre société, ces mesures se fondent sur notre engagement à faire de la justice sociale une réalité vécue par tous, à travers la redistribution effective des fruits de la croissance nationale », a-t-il précisé.

Par ailleurs, Faure Gnassingbé, a rendu hommage au chef de file de l’opposition Gilchrist Olympio (président de l’Union des Forces de Changement /UFC) pour son « engagement républicain et son sens élevé de la patrie ».

« Les divergences et les différences d’appréciation que nous pouvons avoir sur la conduite des affaires de la nation participent d’une enrichissante diversité à laquelle j’accorde du prix. Je salue à cet égard, M. Gilchrist Olympio, chef de file de l’opposition, dont la présence en ces lieux nous rappelle que les acteurs politiques peuvent et doivent transcender l’approche antagoniste pour se retrouver  – dans la complémentarité – au service de la patrie », a-t-il souligné.

« Je voudrais lui rendre hommage pour son engagement républicain et son sens élevé de la patrie. En ces circonstances pleines de symboles, je veux voir là les meilleurs présages de notre capacité commune à nous retrouver autour de l’essentiel lorsqu’il est question de cette terre chère à nos cœurs, le Togo. Je félicite également les partenaires sociaux qui ont fait prévaloir le dialogue, dans un esprit de responsabilité et de mesure », a ajouté le président de la République.

 

« Le PND a besoin de nous tous »

 

« Avec le PND (Plan national de développement), nous avons fait le pari de la confiance à l’investissement privé -national et international- pour accélérer la croissance économique du Togo. Afin de permettre un fonctionnement optimal de ce modèle de partenariat public-privé, le désengagement amorcé de l’État des secteurs productifs et financiers sera poursuivi », a indiqué Faure Gnassingbé.

Officiellement lancé le 4 mars dernier à Lomé, le PND/2018/2022 s’est donné comme défi de faire du Togo, la « plateforme économique par excellence » dans la sous-région.

En cinq années de mise en œuvre, plus de 4622,2 milliards F.CFA de ressources seront nécessaires pour transformer structurellement l’économie togolaise pour une croissance forte, durable, résiliente, inclusive et créatrice d’emplois, améliorant le bien-être social.

Le rôle du secteur privé sera prépondérant. Figure de proue de cette stratégie de développement, les privés pourraient y participer à hauteur d’un peu plus 2999,1 milliards de F.CFA (5,4 milliards $), soit 65% du coût global du PND.

« Je saisis cette opportunité pour réitérer mon appel à l’ensemble de la communauté nationale : au-delà du secteur privé et de l’administration publique, le PND a besoin de nous tous. De notre adhésion. De notre confiance et de notre engagement », a lancé Faure Gnassingbé.

« Faisons de cet outil une entreprise collective, vecteur d’un nouvel élan pour l’édification de notre destinée commune. Si nous parvenons à réaliser la synergie de nos apports respectifs au service de la nation, nous serons dignes du flambeau transmis par ceux qui nous ont précédés. Nous pouvons le faire », a-t-il martelé.

 

Les réformes

 

Faure Gnassingbé a noté avec satisfaction, le fait que les réformes constitutionnelles et institutionnelles, font partie des priorités des députés.

« L’une des vertus de la République réside justement en sa capacité à pouvoir évoluer et s’adapter à la volonté populaire, tout en restant attentive à la préservation de ses principes cardinaux et au maintien du lien social », a-t-il indiqué.

« Je vous exhorte donc à vous élever à la hauteur de l’enjeu, en ne considérant que la cause suprême: celle de la nation togolaise dont vous êtes l’émanation et les représentants ».

« En restant à l’écoute du peuple, prenant la juste mesure de notre responsabilité devant l’histoire, vous permettrez à notre pays de dépasser les clivages et les blocages pour baliser la voie de sa glorieuse destinée. Dans cette enceinte, temple de la démocratie, doivent s’opérer – dans la sérénité et la concertation avec toutes les composantes nationales – les choix qui vaudront pour notre avenir commun », a-t-il prodigué.

Jeudi soir, la coalition de l’opposition a invité les députés à « faire œuvre utile en apportant leur contribution à la réalisation des réformes telles qu’elles sont attendues par le peuple togolais ».

Déjà la veille, Mgr Philippe Fanoko Kpodzro (Archevêque émérite de Lomé et doyen des évêques du Togo) a appelé à de « vraies réformes », dénonçant le texte qui fait l’objet d’étude en commission des lois à l’Assemblée nationale.

« Le texte qu’ils sont en train d’étudier, laisse une liberté totale au président de se représenter autant de fois qu’il veut. Ce n’est pas possible. Voilà pourquoi je réagis et je sensibilise les togolais pour que de vraies réformes soient faites pour le bien de notre pays », avait réagi le Prélat, lors d’une conférence de presse.

Rappelons que la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale a entamé mardi dernier, l’étude de révision constitutionnelle. Il s’agit de l’étude au fond du projet de loi portant modification des dispositions des articles 59,60, et 100 de la Constitution du 14 octobre 1992.

Selon la feuille de la Cédéao à l’issue du sommet des chefs d’État du 31 juillet 2018 à Lomé, il est recommandé au gouvernement et aux acteurs politiques d’œuvrer en vue de l’adoption des réformes constitutionnelles en prenant en compte, trois points: (i) le mode de scrutin à deux tours pour l’élection du président de la république, (ii) la limitation à deux, du nombre de mandats présidentiels, (iii) la recomposition de la Cour constitutionnelle pour notamment revoir sa composition et limiter le nombre de mandat de ses membres (iv) et le renforcement du processus électoral ». FIN

 

Ambroisine MEMEDE