Lutte contre le trafic d’ivoire: Le Togo pratique des tests ADN sur les défenses saisies (PAPIER D’ANGLE)

Le Togo, l’une des plaques tournantes de l’ivoire en Afrique, se livre à des tests ADN sur les défenses saisies dans le port de Lomé pour coordonner la lutte contre le trafic avec les pays d’origine des éléphants braconnés et enrayer un fléau qui menace à terme l’espèce.

Alertées il y a deux ans par plusieurs pays asiatiques, qui avaient saisi des stocks d’ivoire en provenance de Lomé, les autorités togolaises ont depuis effectué plusieurs saisies très importantes.

Environ 4,5 tonnes d’ivoire ont été confisquées entre août 2013 et janvier 2014 et 18 personnes ont été arrêtées, selon le ministre de la Sécurité et de la protection civile, le colonel Yark Damehame.

Les plus grosses saisies ont été réalisées les 23 et 29 janvier au port de Lomé, où la police a découvert 3,8 tonnes d’ivoire dans des conteneurs en partance pour le Vietnam, a-t-il précisé.

Les autorités ont recours à une nouvelle méthode pour tenter de démanteler les réseaux de braconniers: des tests ADN sur les défenses.

« Des tests ADN ont été effectués du 27 février au 8 mars sur un échantillon de 200 défenses des stocks saisis en 2013 et en 2014, par une équipe locale de spécialistes, appuyée par des experts venus du siège d’Interpol », a expliqué à l’AFP le commissaire de police Charles Minpame Bolenga, qui dirige le bureau d’Interpol à Lomé.

« Les analyses sont ensuite effectuées dans un laboratoire à Washington », a-t-il ajouté.

Selon M. Bolenga, les résultats doivent permettre à la police togolaise de connaître l’origine de ces défenses ainsi que l’âge des éléphants tués.

Les premiers ont révélé que le stock d’ivoire saisi en 2013 « provient notamment d’éléphants d’Afrique de l’Ouest — Côte d’Ivoire, Ghana, Guinée, Liberia — et d’Afrique centrale — Cameroun, Congo, Gabon, Centrafrique, RDC.

La plupart des éléphants ont été tués et ils étaient très jeunes », a déclaré M.Bolenga.

« Nous attendons toujours les résultats des tests effectués sur (…) les grosses saisies opérées au port de Lomé en janvier dernier », a-t-il ajouté.

« Nous partagerons les résultats de ces analyses avec tous les pays impliqués pour leur permettre de mieux protéger leurs éléphants. Car aujourd’hui, un seul pays ne peut mener efficacement cette lutte », a-t-il souligné.

– Une population d’éléphants en chute libre –

Plus de 700 kilos d’ivoire avaient été saisis en 2013 dans la boutique d’Emile N’Bouke, un Togolais de 58 ans, à Lomé.

Celui-ci est actuellement jugé dans la capitale togolaise, aux côtés de trois autres trafiquants présumés. Le verdict est attendu le 11 juin.

Les autres personnes arrêtées dans le cadre de la répression du trafic d’ivoire doivent comparaître avant la fin du mois de juillet, a indiqué l’un des juges chargé du dossier.

Le commerce international de l’ivoire a été interdit en 1989 par la Convention sur le commerce international des espèces menacées d’extinction (CITES).

Mais le trafic s’est poursuivi, en raison d’une forte demande au Moyen-Orient et en Asie où les défenses d’éléphants sont utilisées dans la fabrication d’objets décoratifs et dans la médecine traditionnelle.

De 10 millions en 1900, la population des éléphants d’Afrique a chuté à 1,2 million en 1990 et ils ne sont plus que quelque 500.000 aujourd’hui, selon des défenseurs de l’environnement.

Entre 22 et 25.000 éléphants sont tués chaque année, soit plus de 60 par jour, et, selon la CITES et d’autres organisations de protection des animaux, 20% des éléphants d’Afrique pourraient disparaître en une décennie si le braconnage se poursuivait à son rythme actuel.

Les autorités indonésiennes, chinoises et hongkongaises avaient donné l’alerte au Togo il y a deux ans, suite à des saisies effectuées sur leur territoire en provenance de Lomé.

Depuis, les autorités togolaises ont intensifié les contrôles à l’exportation, tous les conteneurs quittant le port de Lomé étant maintenant scannés et contrôlés de près, selon un responsable des douanes.

Des contrôles inopinés sont également effectués dans certaines boutiques de Lomé et d’autres grandes villes du pays.

En Photo: Vue partielle du stock saisi en janvier dernier au Port de Lomé

Source : AFP/Emile KOUTON

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