Lutte contre le terrorisme : « Nous avons une bonne coopération avec les pays voisins, que nous devons approfondir et enrichir » (Faure Gnassingbé)

Le président Faure Gnassingbé

Certains pays du Sahel et le Nigeria sont fortement secoués ces dernières années par des attaques terroristes. Selon l’ONU, les attaques jihadistes au Mali, au Niger et au Burkina ont fait 4.000 morts en 2019.

Sous-équipées et mal entraînées, les forces de l’ordre de certains pays n’arrivent pas à enrayer la spirale de violences jihadistes. Lundi dernier, 36 civils ont été tués lors d’une attaque contre des villages du nord du Burkina Faso.

Mais comment le Togo coopère avec les pays voisins pour endiguer le phénomène ?

« Nous avons une bonne coopération avec les voisins, que nous devons approfondir et enrichir », a souligné le président Faure Gnassingbé dans une interview accordée à trois médias dont l’Agence Savoir News le 17 janvier, la veille du sommet de Lomé sur la lutte contre les faux médicaments.

« Nous avons l’initiative d’Accra, qui regroupe quatre pays : Bénin, Côte d’Ivoire, Ghana, Togo, auxquels vont se joindre le Niger et le Mali. Les responsables de police et de gendarmerie se rencontrent et échangent des informations, les ministères également coopèrent », a-t-il précisé.

De nos jours, le trafic de faux médicaments alimente de grands réseaux terroristes. De 75 milliards de dollars US en 2010, le chiffre d’affaires du trafic des produits médicaux falsifiés est évalué à 200 milliards de dollars en 2014, presque le triple en quatre ans. Les bénéfices tirés de ce trafic sont supérieurs à celui de la drogue ou des armes. Sur le terrain, la menace terroriste persiste.

« Tout ce qui renforce des réseaux terroristes notamment par les moyens financiers (trafic d’armes, trafic de drogue …) affaiblit nos États et menace notre sécurité. Avant, nous connaissions surtout les trafics de drogue, d’armes, aujourd’hui le trafic des produits médicaux de qualité inférieurs et falsifiés qui est beaucoup plus puissant en termes financier, vient s’ajouter et nous compliquer davantage la tâche. Plus les terroristes se renforcent, plus dure est la lutte pour les États », a relevé Faure Gnassingbé.

L’avenir du F.CFA a été également abordé lors de cet entretien avec le président Togo.

Le Nigeria et plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, notamment anglophones, ont dénoncé le 16 janvier dernier à Abuja la décision de remplacer le franc CFA par l’ECO, affirmant qu’elle n’était « pas conforme » au programme adopté récemment par l’ensemble de la région pour mettre en place une monnaie unique.

Les six pays de la Zone monétaire ouest-africaine (WAMZ) ont « noté avec préoccupation la déclaration visant à renommer unilatéralement le franc CFA en ECO d’ici à 2020 ».

La WAMZ est composée du Nigeria, du Ghana, du Liberia, de la Sierra Leone, de la Gambie et de la Guinée (Conakry), qui ne fait pas partie de la zone CFA.

Pour ces pays, « cette action n’est pas conforme aux décisions » de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) en vue de « l’adoption de l’ECO comme nom de la monnaie unique » de toute la région, dont l’idée est débattue depuis bientôt 30 ans.

Sur ce sujet, « il faut éviter les malentendus et les amalgames », a souligné le président Faure Gnassingbé.

« Il y a un projet antérieur: le projet de la monnaie unique de la Cédéao. C’est un projet qui date depuis 20 ans et qui consistait à créer deux zones monétaires, et après, les fondre. Cette méthode a été abandonnée. Nous nous décidé désormais accélérer les choses pour aller à l’ECO et une date a été fixée : 2020 », a-t-il expliqué.

Ainsi, a-t-il poursuivi, ceux qui respectent les critères pourraient lancer la monnaie unique : ECO.

« Là-dessus, il y a un problème de CFA qui a besoin de se réformer. C’est cette coïncidence qui a été utilisée, mais c’est deux problèmes qui sont normalement séparés », a rectifié Faure Gnassingbé.

« Les pays de l’Uémoa qui respecteraient les critères le moment venu, passeront à l’ECO. Les pays anglophones, s’ils y sont, passeront également à l’ECO. Je ne pense pas qu’il y ait une contradiction ou un conflit. L’ECO a des critères qui ont été définis ensemble. La différence avec le F.CFA, c’est la référence au panier de monnaie et le taux de change flexible. Si nous passons à l’ECO, nous adopterons les critères de l’ECO », a-t-il ajouté. FIN

 

Junior AUREL