L`Inde entame la présidence du G20 sur le thème « Une Terre, une famille, un avenir »

Narendra Modi, le Premier ministre de l'Inde

Toutefois, alors que l’Inde assume ce rôle important, je me demande si le G20 peut aller encore plus loin. Pouvons-nous catalyser un changement de mentalité fondamental, au bénéfice de l’humanité dans son ensemble ?

Je crois que nous le pouvons.

Nos mentalités sont façonnées par nos circonstances. Tout au long de l’histoire, l’humanité a vécu dans la pénurie. Nous nous sommes battus pour des ressources limitées parce que notre survie dépendait de leur refus à d’autres. La confrontation et la concurrence – entre les idées, les idéologies et les identités – sont devenues la norme.

Malheureusement, nous restons prisonniers de la même mentalité de somme nulle, même aujourd’hui. Nous le voyons lorsque des pays se disputent des territoires ou des ressources. Nous le voyons lorsque des fournitures de biens essentiels sont transformées en armes. Nous le voyons lorsque les vaccins sont accaparés par quelques-uns, alors que des milliards de personnes restent vulnérables.

Certains diront que la confrontation et l’avidité sont tout simplement la nature humaine. Je ne suis pas d’accord. Si les humains étaient intrinsèquement égoïstes, comment expliquer l’attrait durable de tant de traditions spirituelles qui prônent l’unicité fondamentale de chacun d’entre nous ?

L’une de ces traditions, populaire en Inde, considère que tous les êtres vivants, et même les choses inanimées, sont composés des mêmes cinq éléments de base – les panch tatva de la terre, de l’eau, du feu, de l’air et de l’espace. L’harmonie entre ces éléments – en nous et entre nous – est essentielle à notre bien-être physique, social et environnemental.

La présidence Indienne du G20 s’efforcera de promouvoir ce sentiment universel d’unité. D’où notre thème : « Une Terre, une famille, un avenir ».

Il ne s’agit pas d’un simple slogan. Il tient compte de l’évolution récente des circonstances humaines, que nous n’avons pas su apprécier collectivement.

Aujourd’hui, nous avons les moyens de produire suffisamment pour répondre aux besoins fondamentaux de tous les habitants de la planète.

Aujourd’hui, nous n’avons pas besoin de nous battre pour notre survie – notre ère n’a pas besoin d’être une ère de guerre. En effet, elle ne doit pas l’être !

Aujourd’hui, les plus grands défis auxquels nous sommes confrontés – le changement climatique, le terrorisme et les pandémies – peuvent être résolus non pas en se battant les uns contre les autres, mais uniquement en agissant ensemble.

Heureusement, la technologie d’aujourd’hui nous donne aussi les moyens d’aborder les problèmes à l’échelle de l’humanité. Les mondes virtuels massifs que nous habitons aujourd’hui démontrent l’évolutivité des technologies numériques.

L’Inde, qui abrite un sixième de l’humanité et présente une immense diversité de langues, de religions, de coutumes et de croyances, est un microcosme du monde.

Avec les plus anciennes traditions connues de prise de décision collective, l’Inde contribue à l’ADN fondamental de la démocratie. En tant que mère de la démocratie, le consensus national indien n’est pas forgé par un diktat mais par le mélange de millions de voix libres en une mélodie harmonieuse.

Aujourd’hui, l’Inde est la grande économie qui connaît la croissance la plus rapide. Notre modèle de gouvernance centré sur le citoyen prend soin de nos citoyens les plus marginalisés tout en encourageant le génie créatif de notre jeunesse talentueuse.

Nous avons essayé de faire du développement national non pas un exercice de gouvernance descendante, mais plutôt un « mouvement populaire » dirigé par les citoyens.

Nous avons tiré parti de la technologie pour créer des biens publics numériques qui sont ouverts, inclusifs et interopérables. Ceux-ci ont permis des progrès révolutionnaires dans des domaines aussi variés que la protection sociale, l’inclusion financière et les paiements électroniques.

Pour toutes ces raisons, les expériences de l’Inde peuvent donner un aperçu des solutions mondiales possibles.

Au cours de notre présidence du G20, nous présenterons les expériences, les enseignements et les modèles de l’Inde comme des modèles possibles pour d’autres pays, en particulier les pays en développement.

Nos priorités pour le G20 seront définies en consultation avec nos partenaires du G20, mais aussi avec nos compagnons de route du Sud, dont la voix n’est souvent pas entendue.

Nos priorités seront axées sur la guérison de notre « Terre unique », la création d’une harmonie au sein de notre « Famille unique » et l’espoir pour notre « Avenir unique ».

Pour guérir notre planète, nous encouragerons des modes de vie durables et respectueux de l’environnement, fondés sur la tradition indienne de tutelle de la nature.

Pour promouvoir l’harmonie au sein de la famille humaine, nous chercherons à dépolitiser l’approvisionnement mondial en nourriture, en engrais et en produits médicaux afin que les tensions géopolitiques ne conduisent pas à des crises humanitaires. Comme dans nos propres familles, ceux dont les besoins sont les plus grands doivent toujours être notre première préoccupation.

Pour donner de l’espoir aux générations futures, nous encouragerons une conversation honnête entre les pays les plus puissants – sur l’atténuation des risques posés par les armes de destruction massive et le renforcement de la sécurité mondiale.

L’agenda indien pour le G20 sera inclusif, ambitieux, orienté vers l’action et décisif.

Unissons nos efforts pour faire de la présidence indienne du G20 une présidence de guérison, d’harmonie et d’espoir.

Travaillons ensemble pour façonner un nouveau paradigme, celui d’une mondialisation centrée sur l’humain.

* Narendra Modi est le Premier ministre de l’Inde.