L’entrepreneuriat des jeunes : ça marche!

A 27 ans, Ouro-Agoro Amina Azia peut s’estimer heureuse. Les yeux pétillants de bonheur, le sourire contagieux, cette jeune femme dynamique vous accueille, vêtue de sa blouse de travail, dans son centre agro-alimentaire de formation industrielle des jeunes. Durant des minutes elle raconte comment elle est arrivée à créer sa petite entreprise de transformation de manioc et autres tubercules. Chaque jour 200 à 300 kg farine de «gari», tapioca et autres de fécules d’igname et de plantain sortent d’ici au grand bonheur des consommateurs.

L’entrepreneuriat constitue aujourd’hui l’une des solutions idoines pour répondre conséquemment à l’insertion socio-professionnelle des jeunes hommes et femmes, notamment en milieu rural. Les jeunes demandeurs d’emploi sont insuffisamment préparés pour accéder facilement à l’emploi et s’insérer dans la vie active, de sorte qu’il faut agir sur leur employabilité en termes de qualification complémentaire adéquate et sur l’émergence et le développement d’un esprit entrepreneurial.

Nanti de son BTS (Brevet technique en science) commercial, elle décide de se prendre en charge, d’entreprendre pour ne pas aller « grossir le rang des jeunes diplômés sans emploi», se rappelle t-elle. Mais que faire ? Avec une petite économie, elle fait du négoce de gari et de tapioca, sillonnant les marchés locaux pour acheter et revendre ces produits à Lomé. Mais très vite, elle se rend compte qu’elle pouvait faire plus : maîtriser la chaîne de production et de transformation des tubercules. Mais les moyens et l’argent manquent.

En 2014, encouragée par ses amis, elle prépare et soumet son dossier au FAIEJ, le Fonds d’appui aux initiatives économiques des jeunes. Elle suit ainsi une formation en création et gestion d’entreprises et bénéficie d’un accompagnement personnalisé pour structurer son plan d’affaires et développer les potentialités économiques de son projet. Le dossier présenté aux institutions de microfinance travaillant en partenariat avec le FAIEJ, est retenu et le financement accordé. Un prêt d’environ 2000 dollars, avec un taux d’intérêt préférentiel de 4,5% lui permet de se lancer.

Aujourd’hui, après 12 mois d’activités, l’espoir semble permis pour Amina. La production a augmenté avec l’emploi de 5 femmes et jeunes volontaires désireuses d’apprendre les techniques de transformation, de nouveaux marchés se sont ouverts et le chiffre d’affaire mensuel dépasse les 300 000 F cfa mensuel (600$).

Un accompagnement soutenu du PNUD

Depuis 2012, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) au Togo a soutenu l’opérationnalisation structurelle et organisationnelle du Fonds d’Appui aux Initiatives Economiques des Jeunes (FAIEJ). Ouvert à tout jeune ayant une idée de création d’emploi, le FAIEJ est un dispositif intégré et innovant du gouvernement visant à optimiser d’une part les potentialités entrepreneuriales à travers la formation et l’accompagnement, et d’autre part à améliorer l’accès au financement des jeunes porteurs de micro-projets d’entreprise.

Il ambitionne de financer les projets « pertinents, réalistes et réalisables » dans tous les secteurs d’activités, » selon la ministre en charge du développement à la base, de l’artisanat, de la jeunesse et de l’emploi des jeunes, Mme Victoire Tomegah-Dogbe.

Ses domaines de prédilection ? Le secteur agricole, la transformation agro-alimentaire, la production céréalière, le secteur de l’artisanat, celui des technologies de l’information et de la communication, ou encore les énergies renouvelables.

Tout comme Azia, KOUDOU Dovi s’est lancé à 30 ans dans entrepreneuriat. Ce jeune diplômé en gestion a participé aux multiples formations offertes par le FAIEJ à plus de 500 jeunes porteurs de projets en 2014. Dovi produit et commercialise du thé bio de kinkéliba (en sachets) et emploie environ une dizaine de personnes, en majorité des femmes. Celles-ci sont présentes à toutes les étapes de la chaîne de production : triage, séchage de la matière première confection et emballage final du produit.

Une initiative dont la réussite dépasse toutes ses espérances avec aujourd’hui un chiffre d’affaires mensuel de plus de deux millions et demi de francs CFA. 52 personnes y sont employées dont 70% de femmes qui travaillent à temps plein ou de manière saisonnière.

Chômage et sous emploi : les jeunes en pôle position

Selon l’enquête QUIBB 2011, le chômage et le sous-emploi affectent respectivement 6,51% et 22,76% de la population active. Ce chômage touche beaucoup plus les jeunes de 15-35 ans (8,06%), et les jeunes femmes (22,09%) sont davantage en situation de sous-emploi. En 2012, la plateforme web de l’agence nationale pour l’emploi (ANPE) enregistrait près de 13 000 demandes, contre 6785 un an plus-tard. (source : Observatoire de l’Emploi).

Parmi les contraintes spécifiques au chômage, on relève les faiblesses au niveau de la coordination et de la collaboration interministérielle contraignant une approche transversale de la problématique de l’emploi, la méconnaissance du marché du travail en l’absence de statistiques fiables, l’inadéquation de la formation avec les besoins réels du marché du travail, la faiblesse de l’offre d’emploi dans le secteur formel et le caractère inadapté des mécanismes de financement pour l’entrepreneuriat des jeunes et des femmes.

A travers le projet d’appuis à la création d’emplois et revenus, le PNUD aide le pays à trouver des stratégies adéquates pour résorber les difficultés liées au sous- emploi des jeunes et faciliter leur insertion socio professionnelle à travers la promotion d’initiatives entrepreneuriales et de l’auto-emploi.

Vers des solutions durables?

Durant le cycle 2008-2013, l’appui du PNUD a permis au pays de disposer d’un cadre institutionnel et d’un système d’appui conseil adéquats en vue de promouvoir l’emploi et le volontariat. Le système d’appui/ conseil, établi et soutenu avec l’opérationnalisation de l’Agence Nationale Pour l’Emploi (ANPE), le FAIEJ, le PROVONAT, a permis d’amorcer la mise en place d’une plateforme de services en faveur des demandeurs d’emplois au niveau central et régional. Grâce au plaidoyer conjoint Gouvernement-PNUD, une coalition nationale pour l’emploi des jeunes est en émergence et les acquis institutionnels se poursuivent.

«Pour le moment tout se passe bien, c’est déjà un grand pas» se réjouit Azia, un grand sourire aux lèvres, et d’ajouter «j’aimerais aider autant de femmes à s’en sortir. Si Dieu le veut, vous verrez une grande usine de transformation de nos produits locaux».

Un optimisme que partage de son côté Dovi. «Je veux faire partie de ces jeunes entrepreneurs incontournables de l’Afrique. J’ai une vison au delà du Togo et je peux y arriver», nous a t-il confié avec plein d’assurance. FIN

SOURCE : PNUD

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