Législatives au Bénin : L’opposition hors course, intenses tractations de la Cédéao (PAPIER D’ANGLE)

Mme Finda Koroma et Patrice Talon ce mardi 5 mars 2019 à Cotonou.

Une mission de la Cédéao mène d’intenses tractations depuis dimanche au Bénin où l’opposition ne pourra pas prendre part aux élections législatives du 28 avril prochain pour le renouvellement des 83 députés du Parlement.

« Après délibérations, la Commission électorale nationale autonome (CENA) a pris la décision suivante: validation de la déclaration de candidature et de délivrance de récépissé définitif pour les partis Union progressiste et Bloc républicain », a annoncé ce mardi à la presse Emmanuel Tiando (président de la CENA), publiant les listes autorisées à prendre part à ces législatives. L’Union progressiste et le Bloc républicain sont les deux principaux partis de la majorité.

Trois listes ont été rejetées par la commission électorale : le Parti du renouveau démocratique et Moele Bénin, qui sont de la mouvance présidentielle et Force Cauris pour le développement du Bénin, qui est de l’opposition.

Par ailleurs, la CENA s’est abstenue d’examiner la « recevabilité » des dossiers de deux partis d’opposition, l’Union Sociale Libérale (USL) de l’homme d’affaires Sébastien Ajavon et l’Union Démocratique pour un Bénin Nouveau (UDBN), pour « dossier  incomplet et défaut de certificat de conformité ».

Principal document administratif que ne détiennent par les partis de l’opposition, le « certificat de conformité » est délivré par le ministère de l’Intérieur.

Notons que la commission électorale a reçu au total 7 listes de candidatures.

Patrice Talon, face à la délégation de la Cédéao ce mardi 5 mars 2019 à Cotonou.

Il revient maintenant aux listes rejetées de recourir à la Cour constitutionnelle, mais les chances de gagner la « bataille » sont minces, dans la mesure où l’opposition a tellement joué au chrono, laissant le temps passer.

Pour certains observateurs de la scène politique béninoise, l’opposition a choisi délibérément de ne pas se conformer à la charte des partis politiques, car le certificat de conformité a été exigé par la Cour constitutionnelle « depuis plusieurs mois », après avoir été saisie par un citoyen.

« C’est un récépissé qui démontre que les partis politiques ont rempli les formalités conformément à la charte des partis politiques », a souligné le 2 mars dernier, Me Jacques Migan (ancien bâtonnier de l’ordre des avocats du Bénin), dans l’émission 90 minutes pour convaincre de la radio nationale.

La Cédéao à la manette

Conduite par Mme Finda Koroma (vice-présidente de la Commission de la Cédéao), la mission de l’organisation sous-régionale, mène d’intenses tractations sur le terrain.

Dans cette délégation de la Cédéao : le général Francis Béhanzin (commissaire aux affaires politiques, paix et sécurité) et Francis Oké (chef division assistance électorale à la commission de la Cédéao).

Patrice Talon, saluant Francis Oké.

Déjà plusieurs rencontres. Ce mardi, cette mission a rencontré Boni Yayi et Nicéphore Soglo, les deux anciens présidents ainsi que le chef de l’Etat béninois Patrice Talon.

Pour le moment, rien n’a filtré des discussions, mais tout porte à croire que Mme Finda Koroma et sa délégation jouent à l’apaisement, le Bénin — modèle de la démocratie — ayant toujours réussi à gérer ses petites querelles par consensus.

Mercredi, le président Talon rencontrera toute la classe politique, rencontre prévue pour se dérouler au Palais de la présidence de la République. Principal sujet à l’ordre du jour : les législatives du 28 avril.

Dans une déclaration rendue publique ce mardi, la Plateforme Électorale des Organisations de la Société Civile dit « non à des législatives monocolores ».

La délégation de la Cédéao et les anciens présidents Boni Yayi et Nicéphore Soglo.

« La Plateforme électorale des OSC milite et défend le respect de l’ordre constitutionnel et des textes de la République. Cependant, elle a constaté que le délai est très court et la difficulté de renseigner les erreurs relevées par le ministère de l’intérieur n’ont pas permis aux partis politiques de l’opposition, par exemple, de se conformer strictement aux exigences légales », souligne la déclaration.

Elle invite le président de la Cour constitutionnelle à « prendre ses responsabilités en mettant en place un cadre de concertation pour ouvrir la participation aux acteurs politiques de tout bord ».

Rappelons que des milliers de partisans de l’opposition ont manifesté la semaine dernière, bloquant le pont qui relie Cotonou et la capitale Porto-Novo. FIN

Ambroisine MEMEDE