Nathaniel Olympio : « Le Togo s’apprête à organiser une élection présidentielle illégale, parce que la Cour constitutionnelle qui va statuer sur les candidatures et les résultats est une Cour illégale »

Nathaniel Olympio

Djimon Oré, Tchatikpi Ouro-Djikpa et Nathaniel Olympio ont appelé mercredi dernier lors d’une conférence de presse, les togolais à « s’engager sans délai, dans un grand creuset de réorientation de la lutte pacifique pour l’avènement d’une transition politique apaisée au Togo ».

Les « grands sacrifices » que le peuple togolais a consentis depuis 30 ans « n’ont malheureusement pas donné les résultats attendus », ont-ils souligné.

Est-ce une nouvelle coalition ? Pourquoi une telle sortie la veille de la présidentielle ? Quel est l’objectif visé… autant de questions posées à Nathaniel Olympio dans une interview exclusive accordée à l’Agence Savoir News.

 

Savoir News : Vous étiez devant la presse mercredi dernier, avec deux autres opposants Djimon Oré et Tchatikpi Ouro Djikpa. Est-ce une nouvelle coalition ? Quel est le titre de M. Ouro Djikpa dans le groupe, étant donné qu’il est exclu du PNP ?

Nathaniel Olympio : Nous étions face à la presse le 8 janvier, pour évoquer les voies de sortie de la permanente crise que connait le Togo. Certes, nous sommes des acteurs politiques mais nous nous sommes exprimés en tant que citoyens et non de manière partisane. La situation politique actuelle interpelle toutes les citoyennes et tous les citoyens. Nous n’avons pas annoncé la création d’une coalition. Il s’agit de conjuguer les efforts de citoyens dans un grand creuset.

Cette sortie intervient la veille de la présidentielle et encore au lendemain de l’annonce officielle de la candidature de Faure Gnassingbé à ce scrutin. Quel était le principal message annoncé aux journalistes ?

Le principal message est le suivant. Le Togo s’apprête à organiser une élection présidentielle  illégale parce que la Cour constitutionnelle qui va statuer sur les candidatures et les résultats est une Cour illégale. Cette Cour est illégale parce qu’elle n’est constituée que de 7 membres alors que la Constitution impose que cette Cour doit être composée de 9 membres. Deux membres de cette Cour doivent être désignés par le Sénat, mais le Sénat n’existe pas et aucune disposition dérogatoire n’est prévue par la Constitution pour la désignation des deux membres. Sans le Sénat, on ne peut donc pas mettre en place une Cour constitutionnelle qui soit conforme à la Constitution. Tout acte posé par cette Cour amputée de deux membres est frappé d’illégalité.

Ce qui donne à l’élection présidentielle du 22 février 2020 un caractère illégal si c’est la présente Cour qui doit valider les candidatures et certifier les résultats. Le président qui en sera issue sera un président illégal.

C’est un blocage institutionnel grave. Cela impose que les acteurs politiques se penchent sur cette question pour trouver une solution à la crise. La transition politique est le meilleur cadre pour résoudre définitivement et sans tension les différents problèmes politiques qui désarticulent la cohésion nationale.

Dans votre déclaration lors de la conférence de presse, vous avez martelé : « Nous allons faire tout ce qu’il faut pour qu’il ne se tienne pas au Togo une élection illégale ». Qu’est-ce que vous voulez dire ?

Il s’agit de soulever cette exception constitutionnelle et d’œuvrer pour ne pas qu’une dimension illégale vienne frapper un régime dont les Togolais dénoncent déjà l’illégitimité.

Au nom de cette Constitution, le régime oppose aux Togolais le caractère légal de la candidature de monsieur Faure Gnassimgbé à un quatrième mandat présidentiel alors que la Constitution limite à deux. Il faut donc que la même légalité frappe tous les actes qui découlent de cette Constitution.

Plusieurs de vos collègues sont candidats à la présidentielle du 22 février. Comment expliquez-vous cette situation ?

Je ne sais pas quelles caractéristiques fondent votre notion de collègues, mais si vous voulez parler de ceux de l’opposition qui sont candidats à cette élection présidentielle, il faut souligner qu’ils reconnaissent tous que la Cour constitutionnelle en l’état est illégale.

Monseigneur Kpodzro a désigné un candidat unique de l’opposition. Quel petit commentaire ?

Je constate que parmi les candidatures publiées par la CENI, il y en a plusieurs qui sont issues de l’opposition. FIN

Propos recueillis par Junior AUREL