Évaluation du blanchiment de capitaux, du financement du terrorisme (…) et la criminalité maritime : Le rapport du Togo soumis à validation

La table d'honneur, à l'ouverture de l'atelier

Un atelier national de validation du rapport du Togo sur l’évaluation du blanchiment de capitaux, du financement du terrorisme, des flux financiers illicites et la criminalité maritime dans le pays, a démarré ce lundi à Lomé, a constaté une journaliste de Savoir News.

Une quarantaine de représentants des institutions et agences privées et publiques, impliquées dans les questions de sécurité maritime, des cellules de renseignement financier, des organismes d’application de la loi ainsi que des représentants des ministères concernés, prennent part à cette rencontre de deux jours.

Ledit rapport est élaboré par le Groupe Intergouvernemental d’Action contre le Blanchiment d’Argent en Afrique de l’Ouest (GIABA), ciblant ces thématiques du blanchiment de capitaux et du financement du terrorisme, liés à la criminalité maritime.

L’atelier est organisé par le secrétariat du GIABA en collaboration avec l’équipe d’assistance technique du projet SWAIMS de l’Union européenne (UE).

Le programme SWAIMS est une réponse cohérente conçue pour accroître la capacité des acteurs sécuritaires et non sécuritaires dans la lutte contre la criminalité maritime telle que la piraterie maritime, le vol de pétrole et la pêche illégale.

L’un des volets de ce programme est consacré à la réalisation d’une étude sur les flux financiers associés aux différentes formes de ce phénomène dans la région. Les pays cibles de ce projet de recherche sont le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Ghana, la Guinée-Bissau, le Nigeria et le Togo.

Vue de l’assistance, à l’ouverture de l’atelier

« Comme le relève l’étude dont le rapport est soumis à votre appréciation, le Togo – à l’instar de la plupart des pays du Golfe de Guinée – constitue un pays de départ, de transit et de destination de divers trafics illicites perpétrés en mer. L’ampleur de la criminalité maritime est réelle au Togo comme le soulignent les statistiques des services compétents et des autorités d’enquêtes et de poursuites pénales, et suscite une préoccupation pour les autorités nationales. Parmi les infractions commises dans les eaux sous juridiction togolaise, se retrouvent la piraterie ou le brigandage maritime, le trafic illicite de stupéfiants et de substances psychotropes en mer ainsi que la contrebande des produits pétroliers, le trafic de produits contrefaits et le trafic des espèces sauvages protégées. Ces infractions constituent des sources potentielles de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme pour le pays », a précisé Tchaa Aquiteme (président de la cellule nationale de traitement des informations financières, correspondant national du GIABA).

« La réalisation de cette étude stratégique grâce au programme SWAIMS, en collaboration avec le GIABA, est d’une grande importance pour le Togo. Elle permet à notre pays de mieux comprendre les mécanismes de blanchiment par lesquels les produits financiers provenant de différentes formes de criminalité maritime, entrent dans l’économie, ainsi que l’importance et l’impact de ces flux financiers dans les économies régionales », a-t-il indiqué.

-Perturber les circuits financiers de la criminalité maritime-

« Les actions recommandées concrètes de cette étude permettront également à notre pays de perturber les circuits financiers de la criminalité maritime et de déposséder les criminels de leurs revenus illicites », a ajouté Tchaa Aquiteme.

L’étude recommande la mise en œuvre d’actions concrètes devant permettre de perturber les circuits financiers de la criminalité maritime et de déposséder finalement les criminels de leurs revenus illicites.

Cette rencontre est une opportunité, car les échanges et les informations complémentaires que le GIABA retiendra, pourront perfectionner le rapport du Togo et corroborer son bien-fondé, a précisé Joaquin Tasso Vilallonga (Ambassadeur de l’UE au Togo).

« Il est important de souligner adéquatement le rôle exemplaire joué par le Togo dans la répression de la criminalité maritime, ainsi que la dynamique nationale de réforme juridique entamée depuis 2015, notamment la révision du Code pénal et l’adoption de la loi contre la piraterie et les autres infractions en matière de criminalité maritime, qui ont abouti en juillet 2021 avec les premières condamnations d’actes de piraterie en Afrique de l’Ouest », a salué le diplomate européen.

Le 9 juillet 2021, neuf pirates qui ont tenté de détourner un navire dans les eaux togolaises en mai 2019 ont été condamnés à des peines allant de 12 à 20 ans d’emprisonnement par la Cour d’appel de Lomé.

C’est la première fois que des pirates sont jugés au Togo. Au total dix prévenus(7 Nigérians, 2 Togolais et 1 Ghanéen) avaient été jugés pour « piraterie maritime, violences volontaires et groupements de malfaiteurs ».

Participants et officiels

« En Afrique de l’ouest, aucun pays n’est en mesure d’assurer la sécurité maritime ou de sécuriser son espace maritime. Il nous incombe donc de réfléchir à la lutte contre le blanchiment de capitaux et la pauvreté de nos populations. Nous devons donc examiner si ce rapport reflète les réalités de nos pays », a confié pour sa part Muazu Umaru (directeur des politiques et recherche du GIABA).

Conformément à la méthodologie de mise en œuvre du projet et à la politique de recherche du GIABA, des ateliers sont prévus dans chacun des six pays cibles pour la validation des conclusions des rapports nationaux avec toutes les parties prenantes concernées.

Des données et des informations supplémentaires sont attendues de ces discussions pour compléter et améliorer la qualité des rapports, qui devront servir de base à l’élaboration d’un rapport régional. FIN

YIBOKOU-MENSAH A.