Evalo Wiyao (Docteur en histoire contemporaine) : « La réconciliation est bel et bien possible au Togo »

M. Evalo Wiyao, nommé récemment +Premier rapporteur du Haut Commissariat à la réconciliation et au renforcement de l’unité nationale+ a brillamment présenté et soutenu vendredi dernier à l’auditorium de l’Université de Lomé, sa thèse unique de doctorat sur le thème : « Construction du Togo et problématique d’union et de réconciliation ». Il s’agit de cinq années de recherches, sous la direction du Professeur titulaire des Universités Kodjona Kadanga.

Outre la présentation de ce document de 686 pages, l’impétrant a également séduit l’assistance dans les réponses aux différentes questions du jury présidée par Mme Scholastique Dianzinga.

Pour ses recherches qui porte sur la période 1884-2009, le jury l’a jugé « digne » du grade de Docteur es-lettres et sciences humaines, option histoire contemporaine et lui a décerné la mention « très honorable avec félicitations du Jury ».
Approché à la fin de sa soutenance, M. Wiyao a affirmé sans ambages que « la réconciliation est bel et bien possible au Togo ». Ce dernier a surtout mis l’accent sur le choix de son thème.

Savoir News : M.Wiyao, sur quoi ont porté vos recherches?

Evalo Wiyao :

Mes recherches ont porté sur la problématique de l’union et de la réconciliation. C’est un thème qui me passionne depuis ma maîtrise. J’avais travaillé sur le même thème, intitulé à l’époque « Les origines de la politique unioniste sous la 3è République ». Pour mon DEA, c’est la même idée que j’avais intitulé : « problématique d’union et de réconciliation en Afrique : Cas du Togo ».

Vous savez, depuis l’indépendance, c’est une question qui a préoccupé tous les régimes : de Sylvanus Olympio à Gnassingbé Eyadéma en passant par Nicolas Grunitzky. Et aujourd’hui, c’est cette même problématique qui est au centre des préoccupations du régime actuel.

Cela veut dire tout simplement que les déchirures qui existent entre les togolais sont profondes et sont prises en compte par nos gouvernants, quand bien même ils ne parviennent pas à trouver facilement les solutions. Ce sont des solutions qui doivent être cernées à plusieurs niveaux.

Q : En quoi cette recherche peut contribuer au processus de réconciliation en cours chez nous au Togo ?

R :

Il fallait plutôt poser cette question aux politiciens. Moi je suis journaliste et enseignant chercheur. Si les politiques estiment que cette thèse leur est utile, ils peuvent en faire ce qu’ils veulent.

Mais quand nous autres chercheurs, nous faisons notre travail, c’est pour essayer d’analyser les faits historiques, de les mettre dans leur contexte et de les rendre plus intelligibles. Evidemment, la problématique est d’actualité, mais je ne suis pas un politicien.

Q : Pensez-vous que la réconciliation nationale est possible au Togo ?

R : La réconciliation est bel et bien possible au Togo. Nous ne sommes pas un peuple condamné. Les problèmes des années 60, 63 70… ne se présentent pas dans les mêmes formes et dans les mêmes termes aujourd’hui.

Les données ont changé. Par exemple aujourd’hui, avec l’évolution, les togolais du nord se marient facilement avec ceux du sud, ceux du centre avec ceux de l’est etc… En plus, le discours des hommes politiques devient plus poli.

Et si le discours des hommes politiques converge vers cet impératif d’unir les togolais, et que ces derniers ne s’arrêtent pas seulement aux discours et posent des actes qui riment avec ce qu’ils disent, je crois qu’on peut arriver à une meilleure réconciliation, à une meilleure unité nationale.

Vous savez, la réconciliation ne se décrète pas. En plus, c’est un processus long. FIN

Propos recueillis par Junior AUREL

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