Enseignement: « Il est absolument impossible d’avoir une grève régulière le 3 et 4 novembre », prévient Gilbert Bawara

Gilbert Bawara

La Fédération des syndicats de l’éducation nationale (FESEN) a appelé à une grève de deux jours, à compter de mercredi, grève jugée « irrégulière » par Gilbert Bawara (ministre de la fonction publique, du travail et du dialogue social), les « conditions n’étant pas réunies ».

Les enseignants réunis au sein de cette Fédération exigent notamment le paiement de « primes spéciales promises par gouvernement ».

« La grève est confirmée pour les deux jours, car jusque-là, nous n’avons pas ce que nous demandons », a martelé Hounsimé Sénon (secrétaire général de la FESEN).

Ces enseignants réclament également une « gratification exceptionnelle » promise à tous les enseignants.

« M. Hounssimé n’est plus et ne sera plus un interlocuteur valable et légitime du gouvernement. Ancien enseignant, aujourd’hui admis à la retraite, il n’est plus en activité dans le secteur de l’éducation », a rappelé le ministre de la fonction publique, lors d’une émission sur Radio Victoire Fm.

Selon le nouveau code du travail, ce syndicaliste n’est plus habilité à appeler les enseignants à aller en grève, y compris des grèves sauvages, a-t-il précisé.

M.Bawara a invité les enseignants à ne pas suivre certaines catégories d’acteurs ou de personnages qui prétendent vouloir les aider, mais qui les conduisent plutôt dans un « précipice et sur une voie dangereuse ».

Il a énuméré quatre catégories d’acteurs ou de personnages dont des agents ou fonctionnaires de l’Etat qui ne sont pas dans l’enseignement et continuent à appeler à des comportements et à des agissements qui peuvent porter préjudice aux enseignants et ceux qui, depuis l’extérieur du pays – ayant été ou non responsables et membres d’organisations syndicales – sont tapis dans l’ombre et continuent à tirer les ficelles.

« Il est absolument impossible d’avoir une grève légale mercredi et jeudi, conformément aux dispositions légales », a averti le ministre.

Ce dernier a rappelé les dispositions de l’article 324 du nouveau code du travail qui prévoit deux conditions indispensables et essentielles à respecter pour déclencher une grève.

« La première : ce sont les négociations préalables. Elles doivent déboucher sur un procès verbal de négociations, consacrant soit un accord total ou partiel ou alors le désaccord. La deuxième condition est le préavis de 10 jours ouvrés. En lisant ces deux conditions, tout le monde peut déjà tirer la conclusion », a prévenu M.Bawara.

‘Faute lourde ou grave’

Mais en revanche, a-t-il poursuivi, « lorsque ces conditions ne sont pas réunies, le travailleur, quel qu’il soit, commet une faute lourde ou grave. Et la faute lourde ou grave, donne lieu à des sanctions disciplinaires ».

M.Bawara a exhorté les enseignants « à éviter de poser des actes dont tout le monde sait à l’avance, les conséquences ».

« Des absences irrégulières dans les établissements d’enseignements les 3 et 4, pourraient être préjudiciables pour les enseignants concernés », a-t-il insisté.

« Ce ne sont pas des menaces. Le gouvernement a la responsabilité de rappeler les lois et règlements applicables au Togo, parce qu’il est possible que beaucoup d’enseignants suivent un certain nombre de personnages et d’acteurs, sans être suffisamment éclairés et édifiés sur les dispositions légales et réglementaires applicables », a précisé le ministre.

Il a renouvelé et réitéré la disponibilité du gouvernement à dialoguer : « le jeudi 4 novembre, nous allons rencontrer les fédérations des syndicats des enseignants pour évoquer les difficultés qui existent au sein du secteur. Disponible et ouvert, le gouvernement a toujours pratiqué le dialogue ».

1.500 nouveaux agents dans la fonction publique

Le ministre Bawara a également abordé d’autres sujets notamment le prochain concours de recrutement dans l’administration et la situation qui prévaut au sein de la société Amina et à Editogo.

Le concours de recrutement dans l’administration générale pour le compte de l’année 2021 aura bel et bien lieu, a rassuré M.Bawara.

« Nous avons pris beaucoup de temps pour préparer et organiser ce concours pour une raison toute simple. Depuis 2009, il n’y a plus eu de concours de recrutement général dans la fonction publique. Nous avions l’habitude d’organiser un concours avec des épreuves générales. Mais cette fois-ci, nous avons voulu nous accoler au plus près des besoins des administrations, des services et des institutions. Ce qui fait qu’il y a une identification et une description des profils et des compétences les plus fins de chaque administration. Donc, le concours sera général en ce sens que c’est tous les services, ministères et institutions qui sont concernés, mais les épreuves se feront en tenant compte des profils », a-t-il expliqué.

S’agissant des brouilles à Amina et à Editogo, le ministre a déploré les « agissements » de certains délégués et responsables syndicaux de ces structures.

« Je préfère que les gens agissent et réfléchissent sérieusement, qu’ils prennent conscience avant d’agir, plutôt que de se retrouver dans des situations difficiles, après avoir posé des actes qui auront déjà produit des conséquences fâcheuses », a conseillé M.Bawara.

Rappelons que la société Amina a été secouée ces derniers mois, par une forte tension entre employeurs et employés, ce qui a entraîné le licenciement d’une bonne partie du personnel. Mais les choses semblent rentrer dans l’ordre, suite à la « médiation » du ministre.

Par ailleurs, le ministre n’a pas passé sous silence, les efforts fournis ces derniers temps par le gouvernement pour soulager les populations pendant cette période de crise sanitaire liée à la Covid-19.

« Dans le secteur privé, des efforts importants ont été consentis à travers un certain nombre de facilités et d’allègements d’ordre fiscale, de cotisations fiscales, des suspensions de taxes, des facilités d’accès de branchement à l’eau ou à l’électricité, la mise en place de Novissi etc… », a souligné M.bawara.

« Nous devons reconnaître en toute humilité, que l’Etat togolais est un des rares dans la sous-région, qui dans un contexte de crise sanitaire, qui a des impacts économiques et financiers, continue de procéder au recrutement et à l’adoption et à la mise en œuvre de mesures sociales de grande envergure en faveur non seulement des travailleurs, mais également de l’ensemble de la population », a-t-il ajouté. FIN

Junior AUREL