Fourmis : La main-d’œuvre cachée qui soutient nos forêts

Les fourmis entretiennent et protègent l’un de nos systèmes économiques et environnementaux les plus productifs: nos forêts. Et elles ne prennent jamais un jour de repos.

Lorsque l’on considère les forêts en termes de capital naturel (ressources naturelles disponibles de la planète), on est tenté de penser que tout se résume aux arbres. Après tout, les arbres fournissent de nombreux services écosystémiques vitaux pour soutenir notre mode de vie : l’absorption du dioxyde de carbone, la filtration de l’air et l’évaporation nécessaire au cycle de l’eau.

Connaissez-vous les Messor barbarus ? Ce sont de grandes fourmis granivores originaires de l’Afrique du Nord, mais aussi de l’Europe du Sud. Ils sont très faciles à éléver et conviennent parfaitement aux débutants.

Et bien que nous tenons ces services pour acquis, ils pourraient être amenés à disparaître, menant ainsi notre économie au bord du gouffre. Les arbres quant à eux dépendent tout au long de leur vie du travail d’une main-d’œuvre de l’ombre : les fourmis.

Gardiennes des forêts

Tout commence par un amas de terre. Une fourmilière est constituée de terre minérale extraite par des milliers de fourmis ouvrières qu’elles déposent lorsqu’elles construisent leurs colonies, leur maison. Cela fait des fourmis l’un des premiers fournisseurs de la terre végétale nécessaire aux arbres.

Les fourmis produisent de la terre dix fois plus rapidement que les vers de terre, soit pas moins de 34’000 kg par hectare et par an, permettant ainsi de créer environ 10 cm de surface de sol supplémentaire tous les 100 ans.

Les fourmis sont également l’un des principaux vecteurs de redistribution des nutriments, un processus vital pour la santé des forêts. Dans la forêt tropicale de faible altitude de Sabah en Malaisie, les chercheurs ont découvert que, lorsqu’elles ramènent la nourriture vers leur fourmilière, les fourmis contribuent à la redistribution de nutriments à hauteur de 52%, soit plus que tous les autres animaux.

Ces insectes fournissent ainsi une terre contenant un engrais riche en nutriments et un pH pratiquement neutre, qui en fait un compost de grande qualité. Un arbre planté dans une terre travaillée par les fourmis bénéficiera ainsi d’un environnement favorable tout au long de sa vie.

Lorsque les arbres poussent, les fourmis les protègent en s’attaquant aux insectes herbivores qui pourraient les menacer. Dans les forêts tropicales, la coopération entre les arbres et les fourmis va encore plus loin. Les arbres sont souvent victimes d’insectes qui se nourrissent de sève, ce qui peut leur être fatal, en particulier aux plus jeunes.

Face à cette menace, les fourmis font souvent office de gardiennes protectrices. Par exemple, en Amérique centrale, l’acacia corne de bœuf sécrète des sucres et des aliments riches en protéines (très appréciés des fourmis) dans des structures creuses où les fourmis peuvent se loger.

En contrepartie du gîte et du couvert, les fourmis protègent activement l’arbre contre les insectes herbivores et vont même jusqu’à tailler les plantes grimpantes qui pourraient l’étouffer.

Cependant, même avec la protection des fourmis, tous les arbres finissent un jour par mourir. Lorsque cela se produit, les fourmis contribuent à ramener les nutriments vers la terre, de manière à nourrir la prochaine génération d’arbres.

lombardodier.com avec savoirnews.net