Dépénalisation des délits de presse : Après 13 ans, « baliser » le terrain pour un nouveau regard sur l’exercice du métier

Directeurs de publication ou rédacteurs en chef, directeurs de radios et de télévision (privés et publics) de la Commune de Lomé, de la Région Maritime et de la Région des Plateaux, ainsi que les membres de la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC), se sont retrouvés se mardi à Lomé, pour des réflexions et observations sur le code consacrant la « dépénalisation des délits de presse », 13 ans après son adoption.

Les travaux ont été ouverts par Pitang Tchalla (président de la HAAC) en présence de Guy Madjé Lorenzo (ministre de la communication, des sports et de la formation civique).

Le code de la presse et de la communication qui abolit en particulier les peines de prison pour diffamation et atteinte à l’honneur, a été voté par le Parlement togolais et adopté en août 2004. L’adoption de ce texte faisait suite aux 22 engagements pris par l’Etat togolais à Bruxelles, pour la reprise de la coopération avec l’Union européenne (UE), interrompue en 1993 après des violences ayant émaillé le processus démocratique du pays.

Treize ans après le vote cette loi, quel bilan dresser ? Quelles ont été les incidences de la dépénalisation sur la responsabilité du journaliste ? La presse togolaise a-t-elle gagné plus de notoriété, en responsabilité, en professionnalisme ? Ce code, est-il encore d’actualité ? Comment a-t-on compris la dépénalisation ? … voilà autant de questions qui ont motivé cette rencontre et nourri les débats.

Selon le président de la HAAC, la « dépénalisation des délits de presse », c’est tout simplement « l’interdiction d’infliger des peines de prison pour tout délit commis par voie de presse. En terme clair, pour toute infraction commise à travers la presse, quelle que soit sa nature, le journaliste ne peut plus être jeté en prison ».

A l’époque, l’adoption de ce texte — une première dans l’espace francophone africain — a été saluée partout.

« Mais 13 ans après cette victoire, quel bilan peut-on dresser », s’est interrogé M. Tchalla, enchaînant une série de questionnements.

« Je voudrais donc me réjouir que l’occasion nous soit offerte aujourd’hui de réfléchir ensemble sur l’exercice quotidien de notre métier, à l’heure où le village planétaire est plus que jamais réalité, où les médias électroniques semblent damner le pion aux médias traditionnels, mais malheureusement sans la rigueur professionnelle appropriée », a-t-il souligné.

Pour Guy Madjé Lorenzo (ministre en charge de la communication), la dépénalisation des délits tire sa légitimité d’une part de l’importance reconnue à la presse dans une société démocratique et d’autre part, dans une nécessaire définition des limites de la liberté de presse dans une société démocratique.

Le ministre a insisté sur la responsabilité des journalistes, notamment les responsables de nouveaux médias : garantir la dignité humaine et la liberté des autres citoyens.

Car « la dépénalisation n’est pas et ne peut pas être synonyme de déresponsabilisation (…), autant la presse est capable de merveille, autant elle peut remettre en cause les fondamentaux d’une République, si elle ne fait pas preuve de responsabilité ».

Deux grandes communications ont meublé les débats : « Dépénalisation des délits de presse au Togo et Responsabilité du journaliste » et « Dépénalisation des délits de presse au Togo : Regard de la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication ».

Les participants ont également écouté le point de vue de Lucien Djossou Messan (journaliste, Directeur de publication de Combat du peuple) sur la dépénalisation des délits de presse.

Notons que la même formation se tiendra à Kara (environ 420 km au nord de Lomé) le 27 mars à l’intention des participants de la Région Centrale, de la Région de la Kara et de la Région des Savanes. FIN

Ambroisine MEMEDE

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