Début d’une grande caravane à Dapaong pour « démystifier la littérature » (REPORTAGE)

Debout autour d’une table jonchée de livres dans la cour du lycée de Nassablé, des élèves contemplent quelques titres. Certains n’hésitent pas à lancer quelques questions de curiosité aux auteurs présents dont Mme Germaine Kouméalo Anaté.

« Nous voulons partager notre passion, notre amour du livre avec ces élèves, et surtout inciter le grand public à découvrir nos œuvres et à les lire », confie-t-elle.

Pendant une semaine, des écrivains nationaux et d’ailleurs, ainsi que des artistes conteurs et slameurs vont sillonner cinq villes du Togo à la rencontre de plusieurs catégories de publics, pour faire connaître leurs œuvres et promouvoir la créativité et la richesse de la littérature togolaise : il s’agit de la « caravane littéraire » dont le top a été donné lundi à Dapaong, localité située à environ 664 km au nord de Lomé.

L’événement est organisé par l’Association des écrivais du Togo (AET) et l’Association « Filbleues », en partenariat avec l’Union européenne.
Les caravaniers pour la plupart des auteurs, slameurs et conteurs, vont sillonner collèges, universités, centres de lecture et d’animation culturelle, centres de jeunes, et même des prisons pour parler du livre et susciter l’amour de la lecture au public.

Outre Dapaong, ils mettront également le cap sur d’autres villes : Kara, Sokodé, Atakpamé et Lomé. Au programme de cet événement inédit, des rencontres scolaires, des expositions, des dédicaces d’ouvrages, des animations, des débats etc…

Les éditions « Awoudy » et « Graines de Pensées » mettront à la disposition des lecteurs, des livres à prix réduits.

Pour la journée de lundi à Dapaong, les caravaniers se sont rendus au lycée de Nassablé, à l’Ecole nationale des Instituteurs (ENI) et à la prison civile.
Au lycée, plusieurs livres ont été présentés aux élèves dans une ambiance bon enfant.

« Le seul message que nous avons transmis à ces élèves, c’est de ne jamais renoncer à leur rêve. Ils doivent aller au bout de leur rêve, quelles que soient les difficultés », a souligné Sadamba Tcha-Koura alias Sami Tchak, écrivain togolais.

Le même exercice s’est déroulé à l’ENI avec les responsables et formateurs. Avec les formateurs à l’ENI, la rencontre a pris une autre dimension, car il été question de la pédagogie du livre : comment la littérature est enseignée dans nos établissements scolaires depuis le primaire jusqu’au niveau le plus élevé.

« C’était important de rencontrer les formateurs de l’ENI, parce que c’est l’enseignant qui le premier, doit allumer l’étincelle et créer l’envie chez l’enfant de découvrir le texte et de lire. Et les échanges ont été très intéressants sur ce plan, car ils ont pu aussi partager leurs difficultés. Certains ont une mauvaise appréhension de la littérature et nous leur avons fait une démonstration en direct. La littérature est accessible, il y en a pour tous les goûts et pour tous les âges », a déclaré à l’Agence Savoir News Mme Anaté, universitaire et écrivain togolaise (ancienne ministre de la communication).

Elle a publié plusieurs ouvrages dont Le regard de la source, Frontières du jour et L’écrit du silence.

« L’impact de l’enseignant dans le rapport que l’élève aura avec la littérature est fondamental. Nous avons donc rappelé à ces enseignants, le rôle qu’ils ont à jouer pour communiquer le virus de la lecture aux élèves », a-t-elle ajouté.

Cap sur la prison civile

Au total, 233 personnes (dont 3 femmes) sont détenues à la prison civile de Dapaong. Et c’est avec joie que ces détenus se sont laissés emportés dans un rêve dont le maître-mot est l’espérance, à travers quelques extraits du roman « Nawir » (+Ce n’est pas grand+ en langue Konkomba), commentés par son auteur Koffi Boko (juriste environnementabliste).

Avec trois extraits sélectionnés, « Une famille est une famille », « Une si longue attente » et « la rose qui partage la vie », l’auteur a pu expliquer à ce public, l’importance de l’intégration et la valeur de l’espérance.

« La vie est une attente, une longue attente, et quand on est dans cette attente, il faut être maître de soi et espérer, quelle que soit la situation dans laquelle on est », a-t-il expliqué.

Koffi Boko a surtout apporté à l’assistance, un message d’espoir : « moi j’ai voulu communiquer avec vous à travers l’espérance, ce n’est pas grand, mais c’est un message d’espérance « .

Ces détenus ont également écouté un conte de Joseph Koffi Bessan et un slam de l’artiste slameuse Wapondi Djeri. Cette dernière, à travers sa prestation, a montré comment la drogue et les stupéfiants peuvent détruire progressivement la vie d’un être humain. Selon elle, ceux qui s’accrochent aux drogues et aux substances psychoactives, risquent de partager leur vie entre la prison et l’hôpital. A la fin de la séance, un lot de livres a été offert à ces détenus.

« La prison est un endroit où on n’imagine pas rencontrer la littérature, mais la littérature doit entrer dans la prison. En fait la littérature n’a pas de frontière et elle a aussi la capacité de transformer l’homme : toucher le cœur de l’homme, lui ouvrir l’univers et lui permettre de s’épanouir. Et quand j’ai vu leur visage rayonner et qu’ils ont ri devant les conteurs/slameurs, j’ai dit voilà un objectif qui est atteint : faire rêver les gens. Même quand ils sont entre quatre murs, ils peuvent voyager grâce à la littérature », s’est réjouie Mme Anaté.

La caravane se poursuit ce mardi à Kara (localité située à environ 420 km au nord de Lomé) où plusieurs endroits seront sillonnés : université de Kara, Lycée Chaminade, Lycée Kara Ville 1, Lycée Tomdè, Collège Militaire Eyadéma de Tchitchao, la Maison des jeunes (rencontre littéraire avec les jeunes) et la prison civile. FIN

Envoyée spéciale Ambroisine MEMEDE

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