Crise au Togo: Reprise des manifestations de l’opposition, un « petit coup » sur le dialogue (PAPIER D’ANGLE)

A peine lancée, la menace a été mise en exécution : « Nous organiserons de gigantesques marches la semaine prochaine : mardi, mercredi, jeudi et samedi », a martelé sur une radio privée Mme Brigitte Adjamagbo-Johnson (coordonnatrice de la coalition de l’opposition).

Les 14 partis politiques de ce regroupement accusent le pouvoir en place de « violer » le règlement intérieur du dialogue entamé le 19 février dernier sous la facilitation du président ghanéen Nana Akufo-Addo.

« Le gouvernement n’a pas honoré son engagement de surseoir à la poursuite unilatérale du processus électoral qui va conduire aux prochaines élections. A partir de là, nous sommes libres d’organiser nos manifestations », a appuyé Eric Dupuy (responsable à la communication de la coalition), interrogé par l’Agence Savoir News.

La semaine dernière, le gouvernement a nommé les membres des Commissions électorales locales indépendantes (Céli) en vue des prochaines élections, notamment les législatives. Mais aucune date n’a encore été fixée pour la tenue de ce scrutin. Les députés togolais ont été élus en juin 2013 pour un mandat de 5 ans. Cet acte a mis en courroux les leaders de la coalition, pour qui, le régime en place avait accepté, lors des discussions en présence du facilitateur, de suspendre pour le moment, le processus électoral.

Mais il faut noter que, la délégation du parti au pouvoir, a toujours affirmé n’avoir jamais accepté une telle proposition de l’opposition.

Le facilitateur doit taper du poing sur la table

Démarré le 19 février, le dialogue a été suspendu à la fin de la deuxième séance tenue le 23 février, les positions étant tranchées sur rétablissement de la constitution de 1992 et ses implications, notamment la candidature du président Faure Gnassingbé en 2020.

Pour la coalition, le président qui boucle un troisième mandat, ne doit plus se représenter en 2020. Une position, que ne partage pas la délégation du parti au pouvoir.

« On ne comprend plus rien. C’est clair: les deux parties ont pris ce peuple en otage. Comment peut-on organiser des manifestations en plein dialogue ? Ça fait un peu désordre, alors que beaucoup de togolais nourrissent un grand espoir depuis le début des discussions. Le facilitateur doit taper du poing sur la table », a suggéré Alain Grédoudi, comptable dans une Ong à Lomé.

« J’ai l’impression que les gens s’amusent avec le sort des togolais. Le déroulement des événements montrent que tous ces politiciens ont leurs agendas cachés, et c’est vraiment malheureux pour ce peuple qui souffre ces affres de cette crise », a-t-il ajouté.

Le Togo est plongé dans une nouvelle crise depuis septembre dernier, avec des manifestations répétées de la coalition de l’opposition qui exige notamment le retour à la Constitution originelle de 1992, la révision du cadre électoral et l’instauration du droit de vote des togolais de l’étranger. Certains leaders de ce regroupement de 14 partis politiques demandent ouvertement le départ du président Faure Gnassingbé.

La communauté internationale a appelé à plusieurs reprises, le pouvoir et l’opposition à se retrouver autour d’une table.

Les manifestations, un « petit coup » sur les discussions

La coalition de l’opposition est arrivée mardi soir à Accra, « sur invitation » du président ghanéen. Selon des sources proches de l’opposition, les membres de cette délégation seront reçus mercredi matin par Nana Akufo-Addo. Ce dernier avait promis recevoir, séparément à Accra, chaque délégation, en raison des positions très tranchées sur la principale revendication de l’opposition: le retour à la constitution de 1992 notamment la candidature de Faure Gnassingbé en 2020.

« La reprise des manifestations de l’opposition portera un petit coup aux discussions. Car, on ne peut discuter que dans le calme et la sérénité », a commenté sur une radio privée, le directeur de publication d’un journal.

« Comment peut-on discuter à tête reposée, au moment où la rue gronde ? Ce n’est pas possible. Et personne ne me dira le contraire. Alors, la coalition et le régime en place ont intérêt à mettre l’intérêt du peuple au-dessus de leurs intérêts égoïstes », a-t-il critiqué. FIN

Ambroisine MEMEDE