Coronavirus: Le Bénin n’a pas les « moyens » de confiner sa population (Talon)

Le président Patrice Talon

Le Bénin ne dispose pas des « moyens des pays riches » pour prendre des mesures de confinement strictes dans la lutte contre la propagation du coronavirus, a déclaré dimanche son président, Patrice Talon.

« Pour accompagner les réductions de mobilité ou les confinements, les pays riches débloquent des sommes faramineuses et certains ont même recours à des solutions monétaires à peine déguisées, voire la planche à billets pour prévenir le chaos socio-économique inévitable autrement », a déclaré M. Talon dans une allocution télévisée.

« Le Bénin (…) ne dispose pas de ces moyens », a tranché le chef de l’Etat.

« Si nous prenons des mesures qui affament tout le monde, elles finiront très vite par être bravées et bafouées », a-t-il ajouté.

Huit grandes zones urbaines, dont Cotonou la capitale économique, seront entourées d’un « cordon sanitaire » et les transports en commun suspendus dans ces localités à partir du 30 mars.

Beaucoup de voix s’élèvent pour dénoncer le manque de mesures de protection et s’interrogent sur le nombre officiellement peu élevé du nombre de personnes contaminées au coronavirus (6 dimanche matin) par rapport aux autres pays de la zone.

Le Togo voisin (28 cas) et le Ghana (141 cas) ont adopté des mesures strictes de confinement ou de restrictions de mouvement.

La semaine dernière, une manifestation des étudiants de l’université d’Abomey-Calvi qui réclamaient la fermeture de leur établissement et de toutes les écoles du pays a fait un mort parmi les manifestants.

Le gouvernement a finalement fermé les établissements scolaires et les lieux de culte les 22 et 23 mars derniers.

En Afrique de l’Ouest, où une grande partie de la population vit avec moins de deux dollars par jour et dépend de l’économie informelle pour survivre, les mesures de confinement et de ralentissement de l’économie sont très difficiles à mettre en place.

« L’impossibilité d’imposer des quarantaines totales dans les bidonvilles ou dans les quartiers défavorisés signifie que cela ne sera pas une option en Afrique », note le cabinet de conseil économique international, NKC African Economics.

« Une mauvaise gestion de la situation pourrait entraîner un coût en vie humaine bien plus important que les pertes économiques », précise cette étude publiée fin mars alors que l’Afrique sub-saharienne enregistre une hausse inquiétante du nombre de cas sur un continent dépourvu de système de santé solide.

SOURCE : AFP