Congo: Décès de l’opposant Kolélas, la réélection de Sassou Nguesso attendue

L'opposant Guy-Brice Parfait Kolélas

La mort lundi de l’opposant Guy-Brice Parfait Kolélas, principal rival du sortant Denis Sassou Nguesso à la présidentielle au Congo-Brazzaville, a apporté une note d’imprévu à ce scrutin où le chef de l’Etat mise sur une réélection au premier tour.

A l’annonce de sa mort au lendemain du vote, la situation était calme et la circulation normale à Brazzaville, où les résultats sont attendus dans la semaine. La commission électorale a promis de premières tendances dans la journée.

Testé positif au Covid-19, Kolélas, 60 ans, est décédé en France lundi aux premières heures juste après l’arrivée de l’avion médicalisé venu le chercher à Brazzaville dimanche après-midi, avant la fermeture des bureaux de vote.

« L’avion a atterri au Bourget (aéroport au nord de Paris pour les vols privés) à 02H35 environ, il est décédé à 02H40 », a déclaré un ami proche à l’AFP.

Le parquet de Bobigny (nord-est de Paris) a annoncé à l’AFP l’ouverture d’une enquête, confiée à la section criminelle, sur la recherche des causes de la mort de l’opposant, dont le corps n’a pas encore été rapatrié.

« Je l’ai eu au téléphone lundi (15 mars), je l’avais trouvé très fatigué », a repris son ami joint à Paris, effondré.

« Il m’avait dit: +C’est la campagne, j’ai le palu+. Quand il est allé à l’hôpital, ils ont découvert que c’était le Covid et c’était trop tard ».

L’opposant avait publié une vidéo diffusée samedi, à quelques heures du scrutin et de la coupure de tout accès internet décidée par les autorités, comme souvent en Afrique centrale pour éviter la diffusion des procès verbaux des résultats à la sortie des bureaux de vote.

« Mes chers compatriotes, je me bats contre la mort, mais cependant, je vous demande de vous lever. Allez voter pour le changement. Je ne me serai pas battu pour rien », affirmait-il dans cette vidéo, alité et affaibli.

« Vous aussi, battez-vous, pour votre changement. Il en va de l’avenir de vos enfants », ajoutait Guy-Brice Parfait Kolélas avant de remettre son masque d’assistance respiratoire et de se rallonger.

– « Qui peut le remplacer » –

Dans les quartiers sud de Brazzaville, son fief, l’ambiance était normale, la population reprenant ses activités quotidiennes au lendemain du vote.

Un correspondant congolais de TV5 Monde, Berdy Pambou, a néanmoins confié à un correspondant de l’AFP avoir été agressé au siège du parti de l’opposant. La police a dû intervenir.

« Guy-Brice Parfait Kolélas était un grand leader politique congolais. Avec lui on espérait le changement. La population congolaise est très émue. Pour le moment, on n’imagine pas qui peut le remplacer », a déclaré à l’AFP un sympathisant, Wilfrid Raoul, rencontré au marché Total, aux portes de la région du Pool, son fief.

Opposant historique, il apparaissait comme le seul vrai rival de M. Sasssou Nguesso, 77 ans, dont 36 au pouvoir, de 1979 à 1992, puis depuis 1997, à l’issue d’une guerre civile dont il est sorti victorieux.

Ce dernier lui avait souhaité un « prompt rétablissement » dimanche, avant de se féliciter de la bonne tenue du scrutin.

« C’est dans un climat de paix que la campagne électorale s’est déroulée.Je crois que ceci est un bon signe pour notre démocratie. Je souhaite que le processus se poursuive ainsi jusqu’à son terme », a déclaré après avoir voté le président, qui a fait campagne sous le slogan « Un coup, K-O », exprimant sa volonté de l’emporter dès le premier tour.

Aucun incident majeur n’a été enregistré lors du vote sous haute surveillance, selon les éléments que l’AFP a pu collecter sur le terrain et par SMS (également coupés dans la journée).

L’Eglise catholique a émis des réserves sur la transparence du scrutin. Ses observateurs électoraux n’ont pas obtenu d’accréditations.

En 2015, M. Sassou Nguesso a fait sauter le verrou constitutionnel qui imposait une limite d’âge et un maximum de deux mandats présidentiels.

En 2016, sa réélection contestée avait déclenché une violente rébellion dans la région du Pool.

SOURCE : AFP