Burundi : « La situation est toujours risquée dans la mesure où les manifestations ont repris » (Edem Kodjo)

« La situation est toujours risquée » au Burundi où a été déjoué un coup d’Etat, « dans la mesure où les manifestations ont repris », a affirmé ce samedi sur Rfi, Edem Kodjo, le médiateur de l’Union africaine (UA) pour le Burundi.

Vendredi, le président burundais Pierre Nkurunziza — de retour dans son palais présidentiel — a remercié vendredi les forces loyalistes pour leur « efficacité » à « stopper » le coup d’Etat, mettant en garde les opposants à sa candidature à un troisième mandat qui sont pourtant redescendus dans la rue.

« La situation est toujours risquée dans la mesure où les manifestations ont repris. Donc nous attendons que les décisions soient prises de façon à détendre l’atmosphère et à assurer la sécurité pour tous. Nous estimons par exemple que ceux qui ont été arrêtés après le coup d’Etat puissent être traités avec une totale humanité, que les droits de l’homme soient préservés et sauvegardés. Nous estimons que c’est un énorme chantier que nous avons devant nous et nous allons faire le maximum pour pouvoir essayer de trouver des solutions, ce n’est pas simple », a déclaré Edem Kodjo.

Ce dernier a indiqué avoir (avec collègue M. Ibrahima Fall), fait part au président burundais, « d’un certain nombre de choses avant même que le coup d’Etat n’éclate ».

« Nous avons attiré son attention sur la nécessité de pacifier l’atmosphère, de faire en sorte qu’un certain nombre de préoccupations des uns et des autres se manifeste et se résolve. Et nous estimions à l’époque que ceux sur qui planaient des mandats d’arrêt, ces mandats d’arrêt devaient être levés. Nous estimions qu’il fallait que les prisonniers politiques, et pas seulement les mineurs, soient libérés et nous avons également pensé qu’il fallait à tout prix nouer un dialogue interne, tout en libérant les médias. Les médias représentant quelque chose de fondamental, surtout en période électorale ».

« Tous ces messages, nous les avons passés clairement au chef de l’Etat, mais le problème aujourd’hui demeure. Dès le lendemain de la tentative de coup d’Etat, les manifestations continuent sur la base du troisième mandat qui est au cœur du débat ».

« L’Union africaine fera tout ce qu’elle pourra pour faire en sorte que toute décision qui sera prise ici soit une décision qui favorise la paix et la sécurité et qui tienne compte aussi de ces Accords d’Arusha. Les chefs d’Etat réunis récemment à Dar es Salaam ont dit à peu près la même chose. Et les Nations Unies disent à peu près la même chose. Et donc l’Union africaine ira dans ce sens. Nul ne peut savoir aujourd’hui quelle est la portée réelle de la solution qui sera trouvée. On ne la connaît pas encore cette solution », a indiqué M.Kodjo.

Mais il faut, a-t-il poursuivi, « la trouver en tenant compte des préoccupations qu’expriment les populations, en tenant compte des textes législatifs, constitutionnels qui régissent le pays et en tenant compte également de l’accord d’Arusha » (qui a mis un terme à dix années de guerre civile qui avaient causé la mort de 300 000 morts).

Précisons que 17 putschistes dont trois des meneurs du coup d’Etat manqué, ont été entendus par le Parquet ce samedi. Pour l’instant, aucune nouvelle du général Godefroid Niyombare, le chef des putschistes. FIN

Junior AUREL

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