Burkina: Le président somme le Premier ministre de Transition de revenir

Le président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré a sommé dans la nuit de dimanche à lundi le général Isaac Zida, ancien Premier ministre du gouvernement de transition de revenir au pays pour rendre compte de sa gestion.

M. Kaboré a même menacé M. Zida, mis en place après la chute du président Blaise Compaoré fin octobre 2014, de considérer son absence comme une « désertion », sans toutefois lui fixer d’ultimatum pour rentrer.

Depuis son départ du gouvernement, M. Zida, qui est accusé de corruption dans un rapport officiel, est parti vivre au Canada auprès de sa famille qui s’y était rendue alors qu’il était en fonction.

« Nous avons donné une autorisation d’absence au Premier ministre (Isaac) Zida qui est expirée depuis le 19 février », a indiqué M. Kaboré, interrogé par la presse à son retour d’un sommet de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao).

« J’ai toujours rappelé (…) qu’il était forcément indispensable et obligatoire qu’il (M. Zida) rentre parce que quand on assume des responsabilités à un certain niveau, on a un devoir de rendre compte, un devoir d’explication », a ajouté le chef de l’Etat à propos de M. Zida.

Depuis la fin de la transition, un rapport officiel de l’Autorité supérieure de contrôle de l’Etat et de lutte contre la corruption (ASCE-LC) accuse M. Zida de détournements de deniers publics et d’enrichissement illicite.

Plusieurs éléments du rapport de l’ASCE-LC publiés par la presse locale indiquent qu’il a puisé dans les caisses publiques pour célébrer son cinquantième anniversaire et que des millions de francs CFA sortaient de la Primature par « simple décharge ».

Il lui est également reproché de s’être octroyé avec certains de ses ministres, en violation de la Constitution, plusieurs milliers de mètre carré de terrain dans le quartier chic de Ouaga-2000, dans le sud de la capitale, à des prix réduits.

Isaac Zida, ancien numéro 2 du Régiment de sécurité présidentielle, l’ancienne garde prétorienne du président Blaise Compaoré, s’était emparé du pouvoir le 1er novembre 2014 au lendemain de la chute de M. Compaoré, chassé par la rue après 27 ans de règne.

A la suite de pressions des partis politiques et de la communauté internationale, M. Zida avait cédé le pouvoir au bout de trois semaines à Michel Kafando, nommé président de transition. Ce diplomate à la retraite l’avait aussitôt nommé Premier ministre. Le régime de transition a pris fin après l’élection de M. Kaboré le 29 novembre 2015.

A la question de savoir si le Burkina Faso avait écrit au Canada pour lui demander de faire rentrer M. Zida, le président a dit: « On en n’est pas encore là ».

SOURCE : AFP