La région de la Kara, localité située à environ 420 km au nord de Lomé, traverse une crise hydrologique sans précédent. Le samedi 27 décembre 2025, une délégation de la société Togolaise des Eaux (TdE) a effectué une tournée de terrain pour constater l’état des infrastructures et présenter les solutions d’urgence engagées par le gouvernement pour soulager les populations.
Mis en service en 1979, le barrage de la Kozah n’avait jamais connu une telle situation de « pénurie d’exception ».
Selon Noto Kadou Kaza Tchani Atana (Directeur Production et Exploitation Nord de la TdE), le niveau d’eau s’établit actuellement en dessous de 8 mètres, contre 16 mètres à la même période en 2024.
Ce déficit pluviométrique, marqué dès le mois de septembre, empêche le ruissellement habituel depuis les montagnes de Soumdina et de Tcharè vers la cuvette du barrage.
La conséquence est immédiate : la production journalière a chuté de 60 %, passant de 11.000 m³ habituels à seulement 4.500 m³.
« C’est le niveau le plus bas jamais enregistré depuis la construction de l’ouvrage », a souligné le directeur.
Pour combler ce gap, le gouvernement a lancé un vaste programme de réalisation de 150 nouveaux forages. Sur le terrain, l’aspect technique est supervisé par le groupe IGA.

M. Moustapha Assouma, ingénieur hydrogéologue, a expliqué que la priorité est donnée à l’exploitation industrielle : «Nous visons des forages à gros débits, avec un minimum de 5 m³ par heure pour être exploitables par la TdE».
À ce jour, les résultats sont encourageants. Sur 41 implantations déjà réalisées, 17 sondages ont été effectués, dont 12 présentent des débits supérieurs à 5 m³/h, avec des pics atteignant 30 m³/h dans certains secteurs. Ces nouveaux ouvrages sont progressivement raccordés au réseau de distribution pour renforcer la desserte des zones urbaines et semi-urbaines de Kara, Niamtougou et Pagouda.
Malgré l’urgence, la sécurité sanitaire reste une priorité. Avant toute injection dans le réseau, l’eau fait l’objet d’analyses rigoureuses.
« Dès la foration, nous analysons les éléments critiques comme les nitrates et le fer », a précisé M. Assouma.
Une fois équipés, les forages subissent des tests de pompage et des analyses complémentaires en laboratoire agréé pour garantir qu’ils répondent aux standards de potabilité de la TdE.
Le gouvernement s’est fixé un objectif clair : les mesures d’urgence doivent être pleinement opérationnelles d’ici le 15 janvier. En parallèle des nouveaux forages, 50 pompes à motricité humaine sont en cours de récupération pour être intégrées au réseau.

En attendant la stabilisation totale du réseau, la TdE appelle les populations à la patience et au civisme.
« Nous sommes en période critique. Nous demandons d’éviter tout gaspillage, notamment l’arrosage des jardins, le lavage des véhicules et le remplissage des piscines », a exhorté M. Noto.
Pour toute fuite constatée sur le réseau, la population est invitée à contacter le numéro vert gratuit : 8994.
À plus long terme, des projets structurants comme la construction du barrage de Sarakawa et l’autonomisation des grands centres consommateurs (CHU, universités) via des forages industriels dédiés devraient permettre de sécuriser définitivement l’approvisionnement en eau de la région. FIN
Savoir News/Kara
