La Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) menace ce dimanche 14 décembre d’imposer « des sanctions ciblées » à toute personne qui tenterait d’entraver le retour à un régime civil en Guinée-Bissau à la suite du coup d’État du mois dernier.
Cette décision intervient alors que les chefs d’État du bloc régional se sont réunis ce dimanche 14 décembre lors d’un sommet ordinaire à Abuja, au Nigeria, dont l’ordre du jour est dominé par le coup d’État en Guinée-Bissau et un autre avorté au Bénin il y a une semaine.
« Les autorités imposeront des sanctions ciblées aux individus ou groupes de personnes qui entravent le processus de transition », a déclaré le président de la Commission de la Cedeao, Omar Alieu Touray, aux journalistes à l’issue de cette rencontre.
Le coup d’État en Guinée-Bissau a eu lieu fin novembre, la veille de l’annonce prévue des résultats provisoires des élections présidentielle et législatives tenues le 23 novembre.
Le camp du président sortant Umaro Sissoco Embalo et celui du candidat de l’opposition Fernando Dias de Costa revendiquaient tous deux la victoire. Des militaires avaient annoncé avoir pris le « contrôle total du pays », arrêté le président sortant Umaro Sissoco Embalo et suspendu le processus électoral.
Située entre le Sénégal et la Guinée (Conakry) la Guinée-Bissau a déjà connu quatre coups d’État et une kyrielle de tentatives de putsch depuis son indépendance en 1974.
Coups d’État
Le bloc régional avait déjà été secoué par une série de coups d’Etat entre 2020 et 2023 au Burkina Faso, en Guinée, au Mali et au Niger, pays toujours dirigés par des juntes militaires.
« Les événements de ces dernières semaines ont montré concrètement ce que signifie la solidarité régionale », a déclaré Omar Alieu Touray, le président de la Commission de la Cedeao, lors de la cérémonie d’ouverture du sommet à Abuja.
Cette rencontre régionale, organisée dans une salle de conférence du campus verdoyant et hautement sécurisé entourant la villa présidentielle nigériane d’Aso Rock, a été planifiée avant le coup d’État en Guinée-Bissau et la tentative de prise de pouvoir militaire déjouée au Bénin, mais ceux-ci se sont imposés comme des sujets majeurs à l’ordre du jour.
Selon le programme, les présidents devaient discuter d’une récente mission de la Cedeao en Guinée-Bissau et de « la situation en République du Bénin ».
Des politiques de libéralisation commerciale, ainsi qu’un « point sur le processus de transition » en Guinée sont également au programme.
Sécurité au Sahel
La sécurité au Sahel constitue une priorité pour la Cedeao, alors que des groupes djihadistes mènent des insurrections dans plusieurs pays d’Afrique de l’ouest.
Dirigés par des militaires, le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont quitté la Cedeao et formé leur propre organisation, l’Alliance des États du Sahel (AES).
La semaine dernière, Omar Touray a appelé à des négociations avec l’AES sur les questions sécuritaires communes, alors que le conflit continue de s’étendre vers le sud.
« Aucune frontière ne peut nous protéger de la violence », a déclaré ce dimanche Julius Bio, le président sierra-léonais, qui assure actuellement la présidence tournante de la Cedeao.
Les chefs d’État de la Guinée et de la Guinée-Bissau, suspendus après leurs prises de pouvoir militaires, ne sont pas présents au sommet. Le président nigérian Bola Tinubu n’y assiste pas non plus, il est représenté par le vice-président Kashim Shettima.
Outre les coups d’État militaires, le recul démocratique pèse également sur les gouvernements civils en Afrique de l’Ouest.
Avec AFP
