Handicap et VBG : REMAPSEN-Togo exhorte les médias à renforcer la lutte contre les discriminations envers les femmes handicapées

La table d'honneur, lors de la rencontre...

Le Réseau des médias africains pour la promotion de la santé et de l’environnement (REMAPSEN-Togo) a réuni, ce lundi 8 décembre 2025 à Lomé, des professionnels des médias pour une rencontre consacrée au rôle des médias dans la promotion de l’inclusion et la lutte contre les discriminations visant les femmes et les filles handicapées.

L’initiative, organisée en collaboration avec ONUFEMMES et l’ONG « La Colombe« , bénéficie du soutien du fonds français MUSKOKA. Elle s’inscrit dans le cadre des 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre (VBG), placéscette année sous le thème national : « Agissons ensemble contre les violences à l’égard des femmes et des filles handicapées au Togo ».

Des violences encore largement méconnues

Selon ONU Femmes, les violences faites aux femmes et aux filles constituent la forme violation des droits humains la plus répandue dans le monde, avec en moyenne 140 femmes et filles tuées chaque jour par un partenaire intime ou un membre de leur famille. Au Togo, les données issues des centres d’écoute et de prise en charge recensent environ 2000 cas de violences basées sur le genre (VBG) chaque année, un chiffre en deçà de la réalité.

Vue partielle des participants

« Beaucoup de cas ne sont jamais signalés, surtout ceux subis dans les foyers, et la situation est encore plus préoccupante pour les femmes handicapées, en raison de leur vulnérabilité et de l’accès limité à l’information et aux services », a rappelé Ambroisine Mêmèdé, coordinatrice de Remapsen-Togo.

Elle souligne que les femmes en situation de handicap font face à une vulnérabilité accrue : accès limité à l’information, difficultés d’orientation vers les services d’assistance et exposition élevée aux discriminations. D’où l’importance d’outiller les médias afin qu’ils contribuent à « susciter un véritable changement », aux côtés de la Fédération togolaise des associations des personnes handicapées (FETAPH) et du ministère chargé des solidarités.

« La thématique appelle donc à une écoute attentive, une réflexion profonde et une action concertée, impliquant tous les acteurs dont les médias, l’objectif étant crucial : protéger les femmes et les filles, garantir le respect de leurs droits et leur permettre de s’épanouir pleinement », a-t-elle insisté.

L’inclusion, une nécessité sociale

Le président du conseil d’administration de la FETAPH, Enyonam Azakpo Akakpo-Numado, a salué l’engagement des journalistes dans cette campagne. « Nous avons besoin de médias qui portent haut le message de l’inclusion. Ce n’est pas une option, mais une nécessité pour atteindre les objectifs de développement durable », a-t-il déclaré.

Même son de cloche du côté de Corine Lokossi, représentante de l’ONG La Colombe, qui a rappelé que chacun peut se retrouver un jour en situation de handicap, visible ou non. Pour elle, « la base, c’est la communication » : sensibiliser, expliquer, valoriser et encourager l’inclusion, mais aussi redonner confiance aux personnes handicapées souvent démotivées ou marginalisées.

Une communication pour comprendre les réalités du handicap au Togo

Lors de la rencontre, Enyonam Azakpo Akakpo-Numado a présenté une communication sur la situation des personnes handicapées au Togo. Selon le dernier recensement de 2022, 10,73% de la population togolaise vit avec un handicap, dont 57% de femmes.

Les participants

Ces femmes sont confrontées à diverses formes de discrimination : difficultés d’accès à l’éducation ; refus d’intégration dans les lieux d’apprentissage ou d’emploi, préjugés sociaux les associant à des « sources de malheur » ou à des êtres surnaturels, rejet dans certaines familles ou relations, marginalisation dans les marchés et milieux professionnels.

Pour le responsable de la FETAPH, « aucune société n’est totalement inclusive ». L’inclusion est « un processus » qui nécessite l’engagement de tous, depuis la famille jusqu’aux institutions. Il se réjouit néanmoins de constater une volonté politique croissante au Togo.

Outre cette rencontre, plusieurs actions médiatiques sont prévues dans le cadre des 16 jours d’activisme : émissions radio et télé, témoignages de personnes handicapées, interventions d’experts, débats sur les droits humains, l’inclusion et la communication pour le changement. Des productions journalistiques dédiées à la thématique sont également diffusées pour renforcer la mobilisation nationale contre les violences basées sur le genre.

Créé en juin 2020 à Abidjan, le REMAPSEN est présent dans 42 pays africains et intervient sur les questions de santé, d’environnement, de lutte contre les violences basées sur le genre et de promotion des droits humains. FIN

Bernadette AYIBE