Faure Gnassingbé : « La sécurité africaine et la sécurité européenne sont indissociables »

Le président du Conseil Faure Gnassingbé..

« La sécurité africaine et la sécurité européenne sont indissociables », a affirmé le président du Conseil du Togo Faure Gnassingbé le lundi 24 novembre 2025 à Luanda (Angola), lors du septième sommet Union européenne (UE)-Union africaine (UA).

« Dans un monde marqué par la défiance et la fragmentation, la paix est redevenue un enjeu global, elle n’est plus un acquis mais un combat quotidien et ce combat, l’Afrique et l’Europe doivent le mener ensemble », a-t-il précisé.

Placée sous le thème « Promouvoir la paix et la prospérité grâce à un multilatéralisme effectif », cette rencontre de haut niveau, a réuni des chefs d’État et de gouvernement africains et européens autour des priorités de l’Agenda 2063 de l’Union africaine et de la vision conjointe UE-UA 2030.

Au cours des travaux, le président du Conseil a rappelé les enjeux d’une collaboration plus étroite entre l’Afrique et l’Europe afin de co-construire une paix durable sur continent et dans le monde.

Pour lui, les nations ne peuvent plus envisager leur avenir de manière isolée. Elles doivent s’inscrire dans une dynamique collective pour répondre efficacement aux défis actuels liés notamment à la consolidation de la paix et de la stabilité. C’est pourquoi, il souligne avec insistance que la coopération entre l’Afrique et l’Europe est indispensable pour relever ces défis tant leurs destins demeurent étroitement liés.

Pour orienter de manière cohérente ce nouveau paradigme de partenariat UE-UA en faveur de la paix mondiale et mettre en avant les priorités actuelles, Faure Gnassingbé a structuré son intervention autour de trois axes principaux.

Il a d’abord insisté sur la paix et la sécurité en tant que bien public mondial, dont l’Afrique assume la responsabilité première. Il a ensuite appelé à la rénovation du multilatéralisme, afin de bâtir un ordre mondial plus juste et représentatif. Enfin, il a souligné l’importance de construire une architecture de paix commune entre l’Union européenne et l’Union africaine, fondée sur la coopération, la confiance mutuelle et la résilience des populations.

Paix et sécurité : un bien public mondial

Conformément au nouveau paradigme du Président du Conseil, la paix et la sécurité constituent un bien public mondial dont l’Afrique assume la première responsabilité.

Dans cette logique, il apparaît clairement que la stabilité mondiale est indissociable de celle du continent africain : tant que l’Afrique est fragilisée, le reste du monde ne peut prétendre à une sécurité durable.

« D’abord nous devons reconnaître que la paix et la sécurité sont des biens publics mondiaux dont la première prise en charge est, et reste africaine. La stabilité de l’Afrique conditionne celle du monde », a-t-il relevé.

Pour le président du Conseil, une sécurité durable doit être financée comme un bien public mondial et gérée comme une responsabilité partagée. Elle ne peut être importée, elle doit être construite localement, en s’appuyant sur ses propres priorités.

Il a ainsi plaidé pour une coopération qui reconnaît l’Afrique comme garante de sa sécurité, une coopération qui soutient les institutions régionales, renforce les capacités logistiques et finance durablement la paix sur le continent.

Cela suppose aussi le soutien des capacités africaines, la réduction du coût global de l’instabilité et la gestion des impacts des crises sécuritaires sur les économies européennes.

Rénovation du multilatéralisme pour un ordre mondial plus juste et représentatif

Faure Gnassingbé préconise une rénovation du multilatéralisme, afin de parvenir à un système plus juste et représentatif.

« Le multilatéralisme ne doit pas être abandonné, mais il doit être rénové. Nous assistons aujourd’hui à une fragmentation du monde. Paradoxalement, c’est précisément le moment de défendre un multilatéralisme plus juste et plus représentatif. Nous ne défendons pas le multilatéralisme par nostalgie, mais par nécessité », a-t-il souligné.

Pour le président du Conseil, cette nécessité est incontournable, car si les institutions internationales ne reflètent pas la réalité du monde, elles seront contournées et le vide ainsi créé sera comblé par la loi du plus fort.

« L’Europe a intérêt à ce que le monde reste gouverné par des règles, et non par des rapports de force. C’est le sens du partenariat stratégique que nous devons défendre ensemble », a-t-il ajouté, appelant à une coopération renforcée entre l’Afrique et l’Europe pour préserver un ordre mondial stable et équitable.

Construire une architecture de paix commune UE-UA

Le Président du Conseil, a réaffirmé sa vision de co-construction d’une architecture de paix entre les États africains et les membres de l’Union européenne.

Face à des menaces sécuritaires hybrides notamment le terrorisme, la cybercriminalité et la désinformation, il a souligné la nécessité des réponses systémiques, conjointes et fondées sur la résilience des populations africaines.

M.Gnassingbé a mis en exergue le rôle central de la jeunesse africaine dans la construction d’une paix durable.

Selon lui, les jeunes ne sont pas de simples bénéficiaires des politiques de sécurité, mais des acteurs à part entière de la co-construction de la stabilité. Les former, les écouter et les impliquer dans les processus de décision et de prévention des conflits constitue un investissement stratégique pour l’avenir du continent.

L’Afrique et l’Europe, a-t-il poursuivi, « doivent construire ensemble une architecture de paix complète et commune ».

« Je veux rappeler que la jeunesse africaine sera nécessairement au cœur de cette architecture de paix. Former, écouter et impliquer nos jeunes, c’est investir dans la stabilité de demain, car la paix durable ne se décrète pas, elle s’apprend, elle se construit, elle se transmet ».

Pour conclure, le Président du Conseil a invité les dirigeants africains et européens à affirmer une ambition simple : celle d’une Afrique et d’une Europe solidaires, qui privilégient la coopération plutôt que la compétition, la confiance plutôt que la peur.

« Une Afrique souveraine et stable réduit les vulnérabilités européennes. Une Europe lucide et engagée renforce la sécurité et la souveraineté africaines », a-t-il conclu, rappelant que les intérêts des deux continents sont profondément convergents. FIN

Savoir News/Présidence du Conseil