Une trentaine d’acteurs institutionnels ont pris part le mardi 7 octobre 2025 à Lomé, à un atelier de concertation consacré à la mise en œuvre de l’arrêté interministériel encadrant l’abattage et l’exportation des ânes ainsi que des produits dérivés.
Organisée par le ministère des Ressources halieutiques, animales et de la Réglementation de la transhumance, en partenariat avec INADES-Formation Togo, la rencontre marque une nouvelle étape dans l’application effective de ce texte adopté le 10 juin 2025. Il s’agit d’un cadre de travail pour définir clairement les rôles des différentes institutions, coordonner le suivi et passer de la sensibilisation à l’action.
Un premier atelier national de vulgarisation tenu le 12 septembre 2025 à Lomé a permis de présenter le contenu de cet arrêté et de sensibiliser un ensemble d’acteurs. Toutefois, la majorité des participants n’ayant pas de pouvoir décisionnel, les résultats en termes d’engagement et de mécanismes concrets de mise en œuvre restent limités.

D’où la nécessité d’organiser un atelier de concertation interinstitutionnelle, réunissant cette fois-ci les acteurs dotés de pouvoirs décisionnels.
L’objectif est clair : transformer le cadre réglementaire en actions concrètes pour protéger l’espèce et préserver les moyens de subsistance des communautés rurales.
Au Togo, l’âne occupe une place socio-économique importante, en particulier dans les zones rurales où il constitue un moyen essentiel de traction, de transport et de revenus pour les ménages. Cependant, au cours de ces dernières années, cette population asine est confrontée à une menace grandissante liée à l’abattage massif et au commerce illicite de leurs peaux et produits dérivés, fortement convoités à l’échelle internationale.
On recensait seulement 3.510 ânes en 2023 (selon la FAO). Il devenait urgent d’agir afin que le pays ne devienne pas une plaque tournante du trafic.
De la sensibilisation à l’action
« Ces pratiques fragilisent non seulement la population asine, mais aussi les communautés rurales qui dépendent d’elle. Cet atelier constitue une étape cruciale dans la mise en œuvre effective de l’arrêté interministériel du 10 juin 2025 », a indiqué Sélome Adoussi (directrice d’INADES-Formation Togo), réaffirmant l’engagement de l’organisation à accompagner les actions issues des travaux.

« Ensemble, nous pouvons transformer ce cadre réglementaire en actions concrètes et durables au bénéfice des communautés rurales », a-t-elle ajouté.
L’atelier vise notamment à renforcer la compréhension et l’appropriation du texte par les différentes institutions, à clarifier les rôles et responsabilités de chacun et à instaurer un mécanisme coordonné de suivi et d’application. Il s’agit, selon les organisateurs, de passer enfin de la sensibilisation à l’action, pour garantir une mise en œuvre effective sur le terrain.
Selon le directeur des productions animales, Magnimwè Beleyi, « les ânes soutiennent les moyens de subsistance d’environ 500 millions de personnes dans le monde », mais, « des dizaines de milliers d’entre eux sont chaque année arrachée à leurs communautés pour être transportés sur de longues distances, souvent dans des conditions cruelles, avant d’être abattus pour leurs peaux, notamment destinées à la Chine ».
Emmanuel Bourré Sarr, directeur régional de l’ONG Brooke Afrique de l’Ouest, a insisté sur la responsabilité collective dans l’application de la réglementation.
« Notre responsabilité est claire : expliquer, diffuser et surtout appliquer cette réglementation sur le terrain. Chacun a un rôle à jouer : autorités nationales, forces de sécurité, collectivités locales, partenaires techniques, éleveurs et commerçants », a-t-il dit.

« Ensemble, nous devons faire en sorte que l’âne continue d’accompagner nos communautés pour les générations futures », a martelé M. Sarr.
Les travaux, menés sous forme d’exposés et de groupes de discussion, devraient déboucher sur une feuille de route commune, un mécanisme de coordination interinstitutionnelle et des engagements concrets pour faire respecter la réglementation. FIN
Bernadette AYIBE
