
La 4e Conférence internationale sur le financement du développement (FfD4), qui s’est tenue du 30 juin au 3juillet 2025 à Séville (En Espagne), a pris fin sur une note de déception pour les pays du Sud et les organisations de la société civile.
Le document final, le « Compromiso de Sevilla », est largement perçu comme une opportunité manquée de créer un système financier mondial plus juste et équitable. Les participants dénoncent un échec qui maintient le statu quo et ignore les appels pressants pour un changement structurel.
Lors d’un récent webinaire organisé par SHE & Right autour de la Journée mondiale de la population, de l’IAS 2025 et du HLPF 2025, Sai Jyothirmai Racherla du Centre de ressources et de recherche sur les femmes de l’Asie-Pacifique (ARROW) a mis en lumière les profondes insuffisances de la conférence.
Le webinaire a été présidée par Shobha Shukla (Directrice exécutive fondatrice du CNS et coordinatrice SHE & Rights). Plusieurs autres experts sont également intervenus sur le sujet.
« La réduction de la pauvreté mondiale est quasiment au point mort », a déclaré Sai Jyothirmai Racherla, soulignant que près de 9 % de la population mondiale vivait encore dans l’extrême pauvreté en 2022. Elle a également noté que les pays à faible revenu n’ont vu presque aucune amélioration de leur couverture sociale depuis 2015.
Un « Compromiso de Sevilla » dilué et inefficace
Le principal reproche adressé au « Compromiso de Sevilla » concerne son manque d’ambition sur des questions cruciales telles que la fiscalité internationale et la dette souveraine. Selon Mme Sai Jyothirmai, le document est une version « diluée » des objectifs initialement portés par l’Agenda d’action d’Addis-Abeba, compromettant ainsi d’autres engagements internationaux comme ceux de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD) et de la Plateforme de Beijing.
Le texte, affaibli par les négociations, a laissé de côté des propositions audacieuses des pays africains et des petits États insulaires, notamment sur l’annulation de la dette. L’appel à la création d’une Convention-cadre des Nations Unies sur la coopération fiscale internationale, pourtant essentielle pour lutter contre l’évasion fiscale des multinationales, a été considérablement adouci.
Les droits des femmes en péril
Le manque d’engagement financier et l’incapacité à s’attaquer aux inégalités systémiques ont été particulièrement dénoncés par les organisations féministes. Mme Sai Jyothirmai Sai Jyothirmai a souligné que la FfD4 était une plateforme idéale pour réaffirmer l’égalité des sexes et un programme de financement transformateur, mais qu’elle n’a pas tenu ses promesses.
Les chiffres qu’a présentés Mme Sai sont alarmants : « Deux personnes enceintes meurent chaque minute. 700 femmes meurent chaque jour de causes évitables liées à la grossesse et à l’accouchement, principalement en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud. »
Ces statistiques illustrent le manque criant de services de santé adéquats. Elle a conclu en questionnant l’engagement réel des signataires : « Si nous voulons véritablement faire progresser l’égalité des sexes, nous devons commencer par améliorer la santé et les droits sexuels et reproductifs des femmes et des filles dans toute leur diversité, comme point de départ fondamental, et veiller à ce que les ressources financières soient allouées de manière adéquate… Avons-nous même trouvé une seule mention de la SDSR dans le document final ? »

L’échec de Séville renforce la conviction que la justice sociale et économique ne viendra pas des grandes conférences, mais d’une mobilisation continue et coordonnée de la société civile et des nations qui subissent de plein fouet les crises systémiques.
La session SHE & Droits est organisée conjointement par le Centre mondial pour la diplomatie et l’inclusion en matière de santé (CeHDI), la Conférence internationale sur la planification familiale (ICFP 2025), le Family Planning News Network (FPNN), la Fédération internationale pour la planification familiale (IPPF), le Centre de ressources et de recherche Asie-Pacifique pour les femmes (ARROW), le Réseau mondial des femmes pour les droits reproductifs (WGNRR), l’Alliance des médias Asie-Pacifique pour la santé et le développement (APCAT Media) et le CNS. FIN
Ambroisine MEMEDE