Amegne Blibo (artiste peintre-dessinateur) : « L’art est pour moi une énergie vitale »

Amegne Blibo dans son atelier

Peintre et dessinateur togolais, Amegne Blibo – de son vrai nom Kokouda Amededjisso – ouvre les portes de son univers artistique à l’Agence Savoir News.

À travers ses œuvres réalistes et hyperréalistes, il explore la vie quotidienne, les enjeux socio-politiques et l’imaginaire, tout en affirmant sa polyvalence et sa passion pour l’art dans une interview exclusive.

Savoir News : Présentez-vous à nos lecteurs ?

Amegne Blibo : Je suis artiste plasticien togolais, mais je préfère le titre d’artiste peintre-dessinateur. Mon nom d’artiste est Amegne Blibo, et à l’état civil je m’appelle Kokouda Amededjisso.

Comment aimez-vous qu’on vous décrive ?

Simplement comme peintre-dessinateur. C’est ce qui reflète le mieux mon travail.

Où êtes-vous installé actuellement ?

Je vis à Lomé, dans le quartier Bè Kpota Colas/Adakpamé, où se trouve également mon atelier. C’est là que je travaille et expose parfois mes toiles.

Quel a été votre premier contact avec l’art ?

Dès mon enfance, je dessinais déjà des personnages de dessins animés et je faisais des croquis. Mais j’ai réellement repris le chemin de l’art lors d’un séjour en Arabie saoudite, entre 2015 et 2018. C’est en ce moment-là que j’ai décidé de me lancer professionnellement.

Avez-vous suivi une formation artistique ?

Je suis à la fois autodidacte et formé. De retour au Togo en 2018, je suis parti au Ghana pour m’inscrire à l’Accra Technical Training Center (ATTC). Finalement, j’ai préféré suivre une formation auprès d’un maître spécialisé dans le réalisme et l’hyperréalisme. Après six mois d’apprentissage, je me suis perfectionné en autodidacte avant de passer un examen à l’ATTC, où j’ai obtenu mon diplôme artistique en septembre 2019.

Quels artistes vous ont influencé ?

Je me suis beaucoup inspiré des artistes nigérians et ivoiriens, maîtres du réalisme et de l’hyperréalisme. Le togolais Sitou Mat, aujourd’hui basé en France, m’inspire également beaucoup pour ses œuvres au graphite.

Quels médiums utilisez-vous le plus ?

Je suis polyvalent : crayons, stylos, acrylique, huile. Mais j’ai une préférence pour l’acrylique sur toile, tout en continuant à dessiner au crayon ou au stylo.

Préférez-vous le dessin ou la peinture ?

Les deux. Je les pratique avec la même passion.

Comment se déroule votre processus créatif ?

Je commence toujours par un croquis au crayon HB, puis je passe à la peinture ou au remplissage selon le médium choisi. Ce processus s’applique aussi bien à mes dessins réalistes qu’à mes toiles.

Combien de temps consacrez-vous à une œuvre ?

Cela varie : une journée, parfois seulement une heure, et d’autres fois plusieurs semaines lorsqu’il y a un blocage créatif.

Quels thèmes abordez-vous le plus souvent ?

La vie quotidienne, les réalités sociales et les faits qui marquent notre société. Mes œuvres sont personnelles, mais aussi engagées.

Une œuvre vous tient-elle particulièrement à cœur ?

Oui, «Jaguar», réalisée dans le cadre de l’exposition Règne animal. C’était mon premier grand défi hyperréaliste sur grand format. J’y ai mis beaucoup de temps et de passion.

À quoi ressemble votre quotidien d’artiste ?

Mon atelier est mon univers. J’y passe l’essentiel de mon temps : c’est ma source d’énergie vitale.

Est-il facile de vivre de son art au Togo ?

Non, c’est un véritable défi. Le manque de galeries, de structures de promotion et de mécènes complique les choses. Mais la passion me pousse à continuer.

Quelle place occupent les réseaux sociaux dans votre travail ?

Ils sont essentiels. Ils me servent de vitrine et me permettent d’entrer en contact avec des acheteurs et des galeries, comme African Art et Negrillis. Je collabore aussi avec des marques comme Awua dans le domaine du streetwear.

Sur quoi travaillez-vous en ce moment ?

Sur des commandes et sur des créations personnelles destinées à de futures expositions.

Avez-vous des expositions prévues ?

Oui, certaines sont en préparation. Je donnerai bientôt plus de détails.

Un projet rêvé ?

J’aimerais collaborer sur un grand projet autour du panafricanisme, un thème qui me tient à cœur.

Où vous voyez-vous dans cinq ans ?

Je souhaite évoluer à l’international, développer davantage mon style et gagner en reconnaissance.

Quel regard portez-vous sur la scène artistique actuelle ?

Nous sommes nombreux à nous battre pour exister, malgré les difficultés. Mais la détermination est là, et l’avenir s’annonce prometteur.

Quel rôle l’art joue-t-il dans la société selon vous ?

L’art est mémoire, éducation, engagement. Il contribue aussi au bien-être, que ce soit psychologique ou culturel.

Quel conseil donneriez-vous aux jeunes artistes ?

Ne pas être paresseux. La passion, la discipline et la détermination sont essentielles. Il faut aussi beaucoup de patience et un apprentissage continu.

Où peut-on voir vos œuvres ?

Sur mes pages Facebook et Instagram (@amegneblibo), ainsi qu’à la galerie African Art et à la galerie Negrillis.

Un mot de la fin ?

Je remercie toutes les personnes qui soutiennent mon travail, mes clients et ceux qui croient en moi. Merci également à Savoir News pour cette belle opportunité. FIN

Propos recueillis par Bernadette AYIBE